LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE SEPTEMBRE 2025

Si on s’attache souvent à dégotter le plus souterrain et le moins convenu, la moisson saisonnière commence cette fois par un groupe qu’on n’imaginait pas forcément trouver dans nos pages. Un signe qu’on n’est jamais définitif avec nos goûts, et qu’il y a toujours des choses à (re)découvrir, avec l’envie d’élargir et de renouveler notre passion pour une musique amplifiée et indépendante qu’on ne prend plus vraiment la peine de catégoriser. Écoutez, vibrez, partagez… (TS)

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify.

1. Catastrophe, Franky (Tricatel)

Quand la machine s’apaise et qu’on a l’impression de passer derrière le rideau, Catastrophe dépose un peu les armes et se révèle dans une fragilité joyeuse. RS

2. Ray Jane, Les jours passent (musique.exe)

L’hyperpop de Ray Jane se meut dans un Cash Converters de sonorités électroniques qu’on connait mais qu’on arrive pas à vraiment situer dans le temps, comme provenant de cartes son abandonnées par des youtubeurs vaporwave. RS

3. Marie Delta, Komatiites (Cartelle / Field Mates Records)

La pop fantomatique de Marie Delta plane en nuage gazeux légèrement inquiétant au-dessus de nos têtes, comme la vision déformée d’un film de science-fiction en noir et blanc sur bande magnétique. RS

4. Girls Rituals, Reversal of Fortune (autoproduction)

Devi McCallion, croisée chez Black Dresses ces dernières années, a eu une rentrée plutôt agitée, ayant mis en ligne pas moins d’une quinzaine de chanson pour son projet Girls Rituals, sur un rythme quasi-quotidien, avant de les réunir finalement le 23 septembre dans un album fascinant, intitulé I’m It!. Parmi ces nombreuses merveilles, le cataclysmique Reversal of Fortune, où quelques notes de basse en décomposition portent la voix épuisée de Devi, nous invitant tant bien que mal à tenir bon, avant une longue coda synthétique crépusculaire. EV

5. New York, Think of You (autoproduction)

Voilà quelques années que New York, duo constitué de Gretchen Lawrence et Coumba Samba, joue une electropop à mille lieues sous les radars, avec une indépendance farouche (dès ce nom d’artiste, conçu spécifiquement pour être noyé dans les moteurs de recherches) et une attitude aussi mutique qu’intime. Début septembre, les deux amies sont revenues avec Push, un nouvel EP où se mêlent beats alanguis façon années 2000, glitchs en kaléidoscope et rêves d’amour dans les plis de la ville. Instantanément génial. EV

6. Freshberry, The Merrily Blue Moon (Si Moiré Disques/Indie or Die/Hidden Bay Records)

On assistait vendredi soir à la release party de Diamond Files, le premier album tant attendu du couple parisien, dont l’image s’était déjà installée ces dernières années au fil de quelques singles prometteurs et apparitions live. Une musique souvent sombre et malaisante, krautrock dans ses cadences et ses répétitions, qui s’éclaire par passages – notamment grâce à la voix féminine – comme sur ce morceau, le plus lumineux du disque. CG

7. chest., Entertainment (Howlin’ Banana)

Singles après singles, chest. joue les esprits frappeurs. Ce nouveau morceau, redoutablement efficace, superbement produit va encore faire des ravages aux concerts. chest. a le sens du détail : le pont débouche sur un riff surpuissant comme on en entend rarement ! AGF

8. Technopolice, …Regretter Après (Howlin’ Banana)

Dommage que l’album ne soit pas complètement en français, car Technopolice est fort marrant et pertinent dans la langue de Jean-Chrysostome Dolto. AGF

9. Scorie, Legitimate Violence (Géographie)

On fonce tête baissée dans une « violence légitime » avec Scorie, l’une des dernières sorties du « petit » mais prolifique label Géographie. CM

10. Gorillaz feat. Sparks, The Happy Dictator (Kong)

Exactement ce qu’on attendrait de la collaboration de Gorillaz et Sparks : pop, mélancolique et grinçant. Si The Mountain, nouvel album attendu le 20 mars est dans la même veine, une déferlante de t-shirts Gorillaz devrait s’abattre sur les cours de collège au printemps, ce qui est plutôt réjouissant. PR

11. Forever Pavot feat. Lispector, Waiting for the Sign (Born Bad Records)

On se réjouira toujours des apparitions lumineuses des énergumènes du goût français comme une tache de vin rouge sur la nappe de la pop internationale. Une tache en forme de robot, comme si Topor faisait de l’IA sur YouTube, et nous hilares d’imaginer le reste du monde, interdit, se gratter le cuir chevelu. Et Lispector en Herbie Hancock, quelle bonne idée, moi je surfe sur le buzz. MELCHIOR VOL.1, le nouvel album de Forever Pavot, sortira le 28 novembre. PN

12. Thundercat, I Wish I Didn’t Waste Your Time (Brainfeeder)

Si l’autre extrait (Children of the Baked Potato) nous laisse un peu circonspect à travers un excès de pyrotechnie instrumentale, ce single est magnifique ! AGF

13. UFOs, UFO (Domino Records)

L’énigme de la toute fin de l’été a donc été résolue au début de l’automne : d’abord annoncé par un maxi « une face » dissimulé sous une pochette noire et dont le label rappelait quand même très fort le Da Funk de Daft Punk (la référence n’est pas si innocente), ce UFO’s signé UFO est donc l’aboutissement d’une histoire d’amitié entre Phoenix au grand complet et la famille Quême – Alan Braxe et DJ Falcon pour ceux qui ne suivraient pas. C’est sur la division électronique de Domino, Smugglers Way (où les deux cousins ont leurs habitudes), que parait ce morceau qui célèbre sur fond de pop synthétique la douceur de vivre, la fidélité aux idées même les plus farfelues et la possibilité de l’impossibilité. CB

14. Nation of Language, Silhouette (Sub Pop)

Dance Called Memory est le quatrième album du trio de Brooklyn, qui continue d’explorer les joies du synthétiseur. On dirait Talk Talk à s’y méprendre, mais qui pourrait leur reprocher ? En concert à Paris le vendredi 19 novembre à l’Elysée Montmartre. PR

15. The Apartments, A Handful of Tomorrow (Talitres)

Vous feuilletez un livre que vous n’avez pas lu depuis (sans doute trop) longtemps et c’est la révélation. En quelques mots, l’autrice dit tout – et mieux que personne (et surtout moi) – sur l’un de vos groupes de chevet… « Cette musique ressemblait parfois à de petits morceaux de cristal colorés et, quelquefois, c’était la chose la plus douce, la plus triste qu’on pût imaginer », écrit Carson McCullers dans Le cœur est un chasseur solitaire – qu’on se souvient avoir acheté pendant les années étudiantes après avoir lu une interview de Theo Hakola… Il n’y a rien à ajouter pour évoquer la nouvelle chanson de Peter Milton Walsh, alias The Apartments, qui annonce un huitième album absolument bouleversant. CB

16. Studio Electrophonique, Break My Heart Again (Valley Of Eyes Records)

Sous la houlette de Simon Tong, James Leesley est enfin de retour avec un premier album sous le bras et son éternelle gueule d’ange. Et ses haïkus musicaux qui s’habillent d’un rien (une guitare, un orgue, une boîte à rythmes qui toussote, voire juste un piano) et racontent la vie de tous les jours et ses histoires d’amour – qui ressemblent à autant de Polaroïds un peu passés d’une Angleterre du siècle dernier. Parmi plusieurs chansons qui ont comme matrice la rengaine éternelle de The Gist (Love At First Sight, bien sûr), Break My Heart Again offre un tempo qui s’emballe comme les battements du cœur et réussit à faire passer le troisième album du Velvet pour un pirate de Motörhead. C’est vous dire à quel point la mélancolie est ici un art de vivre. CB

17. Aimée Fatale, Let’s Just Get Married (FAE Music)

Quasiment autoproclamée Lana Del Rey britonne (et friponne ?) à grands coups de reprises sur son harpsichord diffusées sur les réseaux sociaux, Aimée Fatale (ce nom d’artiste quand même !) sort son premier single officiel, après avoir inondé ses fans (oui, ses fans) de photomatons, de fanzines, de démos – à écouter d’urgence via YouTube, It Could Be Better (But It’s Good Enough) et sa mélodie irrésistible. Alors oui, la jeune femme originaire de Hull en pince pour les années 1960, la France de Françoise, porte la choucroute comme la Mari Wilson de 1983 et aurait sans doute rêvé de croiser Phil Spector derrière une table de mixage (même si on lui soufflerait bien d’aller voir Jarvis Cocker ou Bob Stanley) mais quoi qu’il en soit, son Let’s Get Married est une délicieuse ritournelle au charme suranné et à la légèreté bienvenue par les temps qui courent. CB

18. Honeyglaze, Turn Out Right (Fat Possum)

Les Londoniens sortent un nouveau titre qui fait partie d’une chouette compilation sortie chez Hideous Mink Records pour venir en aide aux salles de spectacle et artistes au Royaume-Uni – ce qui s’appelle conjuguer beauté et nécessité. CM

19. Chloé Jara-Buto, Chanson pour taupe (Le Backstore)

Folk lo-fi en provenance de Montréal, on entend la mélancolie, le lecteur cassette en rewind et c’est juste beau. « Tu ressembles à un endroit où mon cœur reste droit ». RS

20. Horsegirl, Julie (Demo 2) (Matador)

Quelques mois après la sortie de Julie, titre phare de l’album Phonetics On and On, Horsegirl sort cette semaine l’EP Julie in Twos, sur lequel figure cette excellente démo, qui donne une furieuse envie de porter un dufflecoat et de former un groupe ou de faire des fanzines, exactement ce qu’on attend d’un début d’automne. PR

21. Vérité Synthétique, Pencil Stories (Safe In The Rain)

Nouveaux venus sur la scène nantaise composé de deux Moleskine, Vérité Synthétique montre dans ce morceau une twee pop douce et brumeuse comme la fin d’un mois de septembre un peu trop pluvieux. VH

22. Lael Neale, Some Bright Morning (Sub Pop)

Inédit issu des sessions d’Altogether Stranger, son admirable dernier album, Some Bright Morning voit Lael Neale rester sur ses fondamentaux : longs accords majeurs joués à l’omnichord, boîte à rythme feutrée en ligne droite depuis le siècle dernier, élégance toute-Velvetienne des mélodies et des guitares. Une beauté irradiante et évidente qui lui va, comme toujours, admirablement bien. EV

23. Nathan Roche, 35 (Celluloid Records)

Qu’est devenu Nathan Roche depuis qu’il est sorti des souterrains de Villejuif pour vagabonder entre la vallée de la Roya et l’Australie ? Entre film, bande-dessiné et stand-up, la source ne semble pas prête de tarir. Ce nouveau single, prévision d’un album à sortir prochainement chez Celluloid Records, montre un talent intact pour l’auto-dérision — en l’occurence sur la trentaine difficile : « I’m thirty-five, barely alive » — dans un style lou-reedien, avec un petit jeu sur les codes du stadium rock. C’est marrant et bien fait, et rend curieux pour la suite. VH

24. Jeff Tweedy, Lou Reed Was My Babysitter (dBpm Records)

Le secret de Jeff ? Jouer tout le temps, et partout. Avec celles et ceux qui ne sont pas fatigués, ou carrément morts, à la masculinité sensible et tranquille quelque part entre le Ch’i et le Duende. Il s’en fout Jeff, il jouera probablement jusqu’à ce que la corde lui claque à la gueule. Il a compris quelque chose qu’il faut transmettre à la jeune génération : Lou is Mother. Lou is Eternal. Preach! & Drop the Mic. Le New York Times dit déjà que son nouvel album, Twilight Override, est son « low-key magnum opus ». PN

25. Ava Luna, Lasting Impression (Western Vinyl)

Après quelques albums un peu oubliables selon moi (donc oubliez mon avis, mais perso j’étais restée kéblo sur ce tube improbable, Sears Roebuck M&Ms, entendu il y a 10 (???) ans chez Michka Assayas quelque part entre Tom Tom Club et les B-52’s, sax & bass haterz passez votre chemin, dieu que cette parenthèse est longue), j’avais oublié que ce groupe était capable de ces petits refrains laid back comme on aime (moi en tous cas). Le titre du nouvel album éponyme tout frais sorti en ce début de mois sonne comme le vœu pieux de ne pas les oublier, eh bien moi je leur donne une chance (et vous ?). PN

26. Bar Italia, rooster (Matador)

En attendant la sortie de Some Like It Hot le 17 octobre prochain, les Londoniens de Bar Italia continuent à évoquer les années 90, en lorgnant davantage du côté du Radiohead des débuts, Weezer, et les Breeders que sur Fundraiser, l’extrait précédent. On comprend que la jeunesse s’emballe. En tournée en France en février : Lille (24 février, Aéronef), Paris (26 février, Elysée-Montmartre), Bordeaux (28 février, Rock School Barbey) et Nantes (1er mars, Stereolux). PR

27. Syko Friend, Tapping Hearts (Post Present Medium)

Depuis plus d’une décennie, l’artiste californienne Sophie Weil trace son propre sillon indie-rock-folk-noise-psyché dans l’underground américain. Elle vient de sortir un superbe album, Dizzy Magic. CM

28. Shallowater, Sadie (autoproduction)

Recommandé par une story de Dimitri Giannopoulos des excellents Horse Jumper of Love : du pur slowcore comme il ne s’en fait (quasiment) plus, en provenance de Houston. Il y a bien Teethe, autre groupe texan qui publiait le mois dernier un bel album du genre, mais dans une veine beaucoup plus apaisée. Chez Shallowater, les titres s’étirent jusqu’à plus de huit minutes et convoquent les mêmes sonorités rugueuses et parfois inconfortables caractéristiques de… Horse Jumper of Love. CG

29. SCHØØL, Missed Call (Géographie)

On a pu se rendre compte de tous les bangers de l’album de SCHØØL lors de sa release party à la Boule Noire cette semaine : N.S.M.L.Y.D., le single ultime, mais aussi OK <3, The End, ou ce Missed Call, choisi pour cette playlist au cas-où vous l’auriez effectivement manqué. Sur scène, Francis Mallari (Rendez-Vous) et son supergroupe alternent entre explosions shoegaze et temps calmes – n’est-ce pas la recette des meilleurs morceaux des nineties ? Ce n’est pas Black Francis qui dira le contraire. CG

30. James K, On God (AD93)

C’est sans doute avec ce troisième album que la chanteuse et productrice Jamie Krasner aka James K va réellement émerger de la scène new-yorkaise. On vogue entre l’hyperpop – où sa voix perchée rappelle beaucoup celle de Caroline Polachek – et le shoegaze, comme sur ce On God, dans l’esprit de ce que pourrait faire Tanukichan. Le talent de productrice, mis à l’œuvre sur chacun de ces titres, se ressent dans le détail des arrangements ; un album éclectique et riche. CG 

31. Trystero, Green Flowers (Knekelhuis)

Le supergroupe Trystero a pris l’autoroute du kraut et fonce vers un nouvel album chez Knekelhuis. Bassline hypnotique, quelques gouttes d’acid(es) et une pincée de post-punk : enfournez 7 minutes 30 pour un résultat free sur les bords, à déguster les yeux fermés. VH

32. Jerkcurb, Larchmont (Handsome Dad Records)

Six ans d’absence et voilà le retour de Jacob Read avec une mélancolique et brumeuse balade écrite « par des nuits sans sommeil durant la pandémie du Covid 19 », et habillée d’une vidéo qui plonge dans ses souvenirs d’enfance. CM

33. Primevère, Cérémonies (Figures libres)


Crooner variété avec chapeau de cowboy, Primevère jerk relax sur sa pop francophone un peu eighties, surtout cool. RS

34. Chilam Balam feat. Pat Kalla, Par la fenêtre (Partyfine)

Le duo Chilam Balam continue de creuser ce sillon nu-disco avec un nouveau titre, chanté cette fois-ci. En effet on y croise Pat Kalla, un habitué des productions de Voilaaa. Sur ce morceau qui fleure bon l’été, on pense fortement aux classiques de DJ Gregory (Elle). AGF

35. Titanic, Libra (Unheard of Hope)

Aussi sinueuse qu’évidente, la pop arty et doucement prog du duo mexicain Titanic brille de mille jeux sur leur deuxième album, Hagen. Un labyrinthe de synthétiseurs 80s, d’arrangements de cordes à la Laurie Anderson et de sections rythmiques imprévisibles où la voix majestueuse de Mabe Fratti sert d’indispensable fil d’Ariane. EV


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