LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE PRINTEMPS 2023

Un peu en retard, voici notre sélection de titres printaniers, là où l’espoir renaît malgré les gaz lacrymo, où l’on se dit que même si le soleil finira par nous cramer un jour, on l’attend avec hâte. Du soubresaut britannique (Fontaines DC, Shame, Bar Italia), de l’agitation américaine (The Lemon Twigs, Whitney’s Playland), des valeurs sûres indétrônables (Dean Blunt, Josephine Foster), il a de quoi vivre cette saison démocratiquement désespérante avec une once de courage. 

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify. Et aussi, sur agnès b. radio.

NDLR : Les playlists Deezer, Spotify et Youtube ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.

1. Fontaines D.C., Cello Song (Partisan Records)

Reprendre Cello Song de Nick Drake revient sur papier à se lancer dans un marathon sans aucun entrainement. Et pourtant, Fontaines D.C. réussit l’exploit de franchir la ligne d’arrivée et de monter sur le podium. Respect. DJ

2. Shannon Lay, From the Morning (Sub Pop)

Depuis sa reprise de Ted Lucas, on savait Shannon Lay versée dans cet art. Un disque sortira le 14 avril, dont voici un deuxième extrait issu de Nick Drake après une version fantastique d’Angeles d’Elliott Smith, pourtant tarte à la crème des karaokés de l’indie, pourtant rendue à elle-même, poignante, chantée et non « revisitée ». Ici de même, et c’est finalement l’univers que l’on entend tranquillement s’effondrer sur la coda instrumentale : Horn. CC

3. Shame, Orchid (Dead Oceans)

L’un des morceaux les plus surprenants – mené, pour la première fois chez Shame, par une guitare acoustique – et sans doute le plus mélancolique du troisième album des Londoniens, Food for Worms, encore plus puissant que ses prédécesseurs. CG

4. Mandy, Indiana, Pinking Shears (Fire Talk)

Quand la saison est à la destruction de tout tissu social, au déni de démocratie, aux plans de licenciements, on gueule et puis c’est tout. Premier album à sortir le 19 mai pour un groupe anglais chantant en français, oui. CC

5. Lion in Bed, Power (We Are Unique ! Records)

Une chanson addictive dont le sample est extrait de Light Your Ass on Fire de Busta RhymesMiss Kittin n’est pas loin, on aime ! Le nouvel album de Lion in Bed – Mickaël Mottet que l’on connaissait avec Angil et Schérazed – sortira le 7 avril. CM

6. Nabihah Iqbal, This World Couldn’t See Us (Ninja Tune)

La touche-à-tout Nabihah Iqbal signe l’une des meilleures pop songs de ce début d’année. Imaginez la rencontre improbable entre Wild Nothing et le chant détaché de Florence Shaw [Dry Cleaning], et vous aurez une bonne idée du caractère addictif de This World Couldn’t See Us. DJ

7. Bar Italia, Nurse! (Matador Records)

Si le mystère qui entoure ces proches de Dean Blunt peut faire penser à un coup marketing fumeux, la qualité des titres de Bar Italia et de leurs concerts prouvent tout le contraire. D’ailleurs, ce Nurse! à la coolitude absolue et aux accents post punk semble loin de la pose de bon nombre de leurs confrères. DJ

8. Whitney’s Playland, Mercy (Meritorio Records)

Les chansons de Whitney’s Playland sonnent comme une évidence pour qui a connu et/ou goûté un jour à l’indie rock des 90s. Tout cela aurait pu sortir sans retouche sur Matador en 1995, au lieu de cela, c’est un petit label espagnol (Meritorio) qui édite cette merveille de nostalgie. Les ballades sont, elles aussi, excellentes. XM

9. Sinaïve, Citadelle/Bis Repetita (Antimatière)

Les Strasbourgeois balancent un nouveau single étourdissant et hypnotique, avec un clip filmé par Fred Poulet. On en redemande. CM

10. Beach Fossils, Don’t Fade Away (Bayonet Records)

Ils sont enfin de retour après six ans et ce premier single donne carrément envie de découvrir l’album Bunny qui sortira le 2 juin. CM

11. LA Priest, It’s You (Domino Records)

L’ancienne tête pensante de Late of the Pier continue sa carrière solo sous le nom de LA Priest avec ce single annonciateur de son troisième album. Un titre plus accessible même si gentiment barré qui, on l’espère, permettra au talent de Sam Eastgate d’être enfin reconnu à plus grande échelle. DJ

12. Death and Vanilla, Out for Magic (Fire Records)

La scène pop suédoise se porte toujours bien, Death and Vanilla vient de sortir un impeccable nouvel album, Flicker. CM

13. Pearl & The Oysters, Paraiso (Stones Throw Records)

Nouvel extrait très réussi du quatrième album des Franco-Américains Pearl & The Oysters à sortir le 21 avril prochain. De magnifiques textures synthétiques pour un moment hors du temps. AGF

14. Els Michels Affair & Black Thought, Glorious Game (Big Crown Records)

Les El Michels Affair reviennent avec un album en collaboration avec Black Thought, l’un des fondateurs des légendaires The Roots. Un groove lanscinant et obsédant, parfait écrin au flow précis de Black Thought. La production presque psychédélique est particulièrement mémorable. AGF

15. Dean Blunt feat. TYSON, Rinsed (World Music)

Le génial Dean Blunt sample les guitares de Down in a Hole d’Alice in Chains, version MTV Unplugged de 1996 et, dans un dialogue énigmatique avec une certaines TYSON, les emmène tout autre part. CG

16. Josephine Foster, Haunted House (Fire Records)

Un squelette de chanson comme les murs vides d’une maison où s’engouffrent – quoi ? – des brisées de vent et de voix. On ne sait plus qui est fantôme et qui est réel, mais la différence n’est sans doute pas si évidente. Le prochain album de Josephine Foster sort le 7 avril. CC

17. Unknown Mortal Orchestra, Nadja (Jagjaguwar)

La voix si particulière de Ruban Nielson nous avait manqué ; le groupe Néo-Zélandais revient, cinq ans après Sex & Food, avec un cinquième album, sobrement intitulé V (on se souvient de II, album devenu culte avec lequel beaucoup d’entre nous les avaient découverts il y a dix ans) – toujours aussi plaisant. CG

18. Teenage Bed, Pop Urbaine (Pale Figure Records)

Nathan Leproust a écrit et enregistré son premier « vrai » album, Grand Val, entre les États Unis, la Bretagne, Le Mans et Paris, et c’est une belle réussite, spleen tout en retenue, voix sombre et charnelle. CM

19. dYmanche, Au néon (White Garden)

« J’suis comme un pain d’mie tranché dans le sens de la longueur », dYmanche promène son spleen à travers les grands champs des zones urbaines, dans une drôle de variété au ralenti, de R’n’B débranché. L’extrême présent. RS

20. Tapeworms, IRL (autoproduction)

Excellent nouveau morceau de l’un de nos groupes indie français favoris. Si l’ambiance est assez électronique avec des clins d’œil 8 bit, le groupe y conserve sa force vitale si caractéristique. AGF

21. Boygenius, Not Strong Enough (Interscope/Polydor)

Formé en 2018, Boygenius, « supergroupe » réunissant les amies Phoebe Bridgers, Lucy Dacus et Julien Baker, a la particularité de n’avoir sorti qu’un EP avant que chacune ne se consacre à sa carrière solo, quitte à collaborer les unes avec les autres. Quatrième morceau tiré de l’album The Record, à paraître le 31 mars, Not Strong Enough laisse espérer qu’il ne s’agira pas d’une simple addition de talents mais du disque d’un « vrai » groupe. PR

22. The National, New Order T-Shirt (4AD)

Exact. Dès le titre (et avant la première écoute), l’affaire était dans le sac. Je connais mal The National, mais cette chanson confirme l’adage “de toutes façons, tu préfères les chansons tristes » (© Gabrielle B. circa 2014), avec sa mélodie au charme suranné et ses arrangements nonchalants ; c’est le printemps, mais un peu voilé. CB

23. Brix Smith, Changing (Grit Over Glamour Records)

Dès les premiers rythmes de batterie identifiables entre tous, le spectre des girls band, des Ronettes à Hole (dont elle a fait partie 24h), est convoqué par Brix Smith, qui sort son premier album solo en son nom, le bien intitulé Valley of the Dolls. Dépassant son statut de « femme de » (au sein de The Fall) ou d’ « ancienne camarade de classe de … » (Bret Easton Ellis et Donna Tartt), elle a su s’entourer de femmes talentueuses comme Susanna Hoffs des Bangles, Siobhan Fahey des Shakespears Sister et Debbie Googe de My Bloody Valentine pour évoquer non sans humour son enfance californienne, et peut être montrer qu’il n’y a pas d’âge pour être encore sacrée la Reine du Bal. PR

24. Frankie Rose, Sixteen Ways (Night School)

Love as Projection, septième album de l’ancienne batteuse des Crystal Stilts et des Dum Dum Girls n’est qu’une succession de tubes. Une synth-pop un peu gothique, un peu sexy ; complètement addictive. CG

25. Hollow Hand, Before Tomorrow (Curation Records)

Ce mois-ci paraissait le troisième album de ce jeune folkeux de Brighton ; une nouvelle découverte pour moi, présentée par Chris Cohen qui en signe le mixage. Lire que les très bons Ryan Pollie et Spencer Cullum s’y étaient également invités et que cela paraissait chez Curation Records m’a définitivement convaincue d’y jeter une oreille ; j’ai bien fait. CG

26. The Lemon Twigs, In my Head (Captured Tracks)

Superbe extrait du prochain album à venir en mai chez Captured Tracks. In my Head convoque les Beach Boys mais rappelle aussi furieusement les meilleurs groupes powerpop 90/00s (Pernice Brothers, Teenage Fanclub, Cotton Mather…). Magnifique ouvrage. AGF

27. Drugdealer, Lip Service (Mexican Summer)

Drugdealer toujours très seventies mais avec un coté Wings assez chouette ! AGF

28. Triptides, Unwoud (Curation Records)

Si Unwound surprend avec cette rythmique disco groovy à souhait, elle reste une chanson de Triptides. Une très belle réussite mélodique que nous espérons représentative de l’album à venir ! Mention spéciale pour le clip ambiance Soul Train ou Top of the Pops plutôt charmant. AGF

29. Hippie Hourrah, Pinceau au tombeau (Simone)

Un charmant morceau de pop sixties en français à la production soignée. La scène québécoise toujours au top ! AGF

30. The Saxophones, Desert Flower (Full Time Hobby)

Perfection atemporelle du son de basse : dans ces histoires de ce qui apparaît et disparaît nourries par Thich Nhat Hanh, The Saxophones gambade au calme, particulièrement existentiel, particulièrement référentiel sur ce titre issu du troisième album du duo. Il y a un solo de saxophone sur une colline, ce qui le week-end devient plutôt une bonne nouvelle. CC

31. The Selecter, Human Algebra (DMF Records)

Quarante-quatre ans après sa première formation à Coventry, The Selecter réunit à nouveau Pauline Black, Arthur « Gaps » Hendrickson et Charlie « Aitch » Bembridge à la batterie, non pas pour un concert anniversaire (comprendre « financement du plan retraite »), mais pour Human Algebra, nouvel album attendu pour le 21 avril. S’il est aussi bon que ce premier titre, il ne serait pas étonnant que le two-tone connaisse une seconde jeunesse outre-Manche grâce à la voix un peu éraillée d’une jeunette de bientôt 70 ans. PR

32. McKinley Dixon, Run, Run, Run (City Slang)

Rappeur originaire du Maryland, McKinley Dixon franchit l’Atlantique pour son quatrième album grâce au label City Slang. Intitulé Beloved! Paradise! Jazz !? en hommage à Toni Morrison, on espère que tout le disque est à la hauteur de ce très bon morceau qui plaira aux amateurs de hip-hop ; aussi lettré qu’efficace. PR

33. Mohamed Lamouri, Brite la liberté (Almost Musique/L’autre distribution)

Mohamed Lamouri s’échappe du tromé, met les bouts en Méhari et devise en francarabe sur une lancinante mélodie bercée par sa voix goudronnée. RS

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