LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE NOVEMBRE 2024

Novembre, ce mois coincé entre la queue de comète de la rentrée et la précipitation annoncée des fêtes. Novembre, où on se rend compte d’un besoin de se recentrer, de se ressourcer alors que le froid revient. Pour aller dans ce sens, voici une sélection qui ira autant chercher dans les recoins de l’internationale pop (française, anglaise, américaine, ibérique…) que parmi ceux qui ont compté jadis et qui comptent toujours (Kim Deal, Julian Cope, Brigitte Fontaine), ou encore auprès de ceux dont vous n’avez sans doute jamais entendu parler. Tout le paradoxe réjouissant de section26.

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify.
NDLR : les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de la sélection commentée ci-dessous.

1. Tryphème, Intro (Love Theme Music)

A l’occasion de ses deux ans, le label parisien Love Theme – dédié aux musiques de film contemporaines – publie Images for Love, une compilation de onze titres inédits, réunissant des artistes déjà attachés au projet tels que Michelle Blades, Bertrand Bonello ou Ben Shemie (Suuns). Ce premier extrait nous plonge dans l’atmosphère brumeuse de Tryphème, parfaite Intro à cet album onirique. (CG)

2. Saint Etienne, Half Light (Heavenly Recordings)

Les allers-retours entre la France et l’Angleterre par l’intermédiaire de ces deux artistes liés depuis longtemps déjà reviennent ici comme un doux ressac… Impossible de ne pas songer aux violons d’Ouverture, un des plus beaux morceaux d’Etienne Daho à l’écoute des premiers accords de ce nouveau morceau de Saint Etienne. Très court, beaucoup plus sur l’émotion que sur les paroles, ce sublime Half Light remet un peu de lumière sur l’un des groupes anglais les plus mésestimés, juste avant l’arrivée de l’album en ce début décembre. (TS)

3. Sofie Royer, Saturdee Nite (Stones Throw Records)

Originaire de Californie et désormais expatriée à Vienne (elle cumule les nationalités américaine, autrichienne et iranienne), Sofie Royer est de retour avec sa pop fantaisiste, pour un troisième album tout aussi créatif que son prédécesseur. On retrouve sa touche eighties, notamment sur une reprise particulièrement joyeuse du tube de Lio, Sage comme une image. (CG)

4. untitled (halo), blunt subconscious (autoproduction)

Il y a maintenant des groupes dont on peut dire qu’ils sonnent comme Bar Italia, ce qui confirme que notre groupe préféré de 2023 n’était pas qu’une lubie. (CG)

5. Opinion, Mains (Howlin’ Banana)

Noisy pop, la nouvelle nouvelle vague renoue avec les strates de guitares distordues et les voix vaporeuses, avec savoir-faire et fraîcheur chez Opinion, qui slalome entre les influences qui font frémir la génération X ; enfin, ceux qui ne sont pas devenus sourds ! (RS)

6. Choses Sauvages, En joue (Audiogram)

Nouvel extrait du prochain albums des Québécois de Choses Sauvages. Sur En joue, le groupe développe un son entre punk funk et post-punk. La chanson devrait ainsi plaire aux amateurs de N0V3L, Corridor, Omni et bien sûr des Talking Heads. Nous espérons que le vinyle sera distribué par chez nous ! (AGF)

7. Warmduscher, Top Shelf (Strap Originals)

En racontant les déboires amoureux d’une jeune femme, Top Shelf permet à Warmduscher d’ajouter une corde à leurs guitares toujours aussi efficaces. Avec Irvine Welsh en introduction de ce nouvel album intitulé Too Cold To Hold, et des collaborations dont une avec Janet Planet de Confidence Man, Warmduscher prouve qu’ils sont bien plus qu’un groupe énergique pour faire danser un public aussi bourrin que bourré. En concert au Petit Bain le 26 novembre. (PR)

8. Getdown Services, Dog Dribble (Breakfast Records)

Un nouvel EP de nos trublions anglais, dont est extraite cette réjouissante chanson (accompagnée d’une tout aussi réjouissante vidéo). Plaisir de voir Josh et Ben passer du statut de jardinier/barman à celui de groupe dont la plupart des dates sont sold out – « it’s mental » comme ils disent, et surtout bien mérité. (CM)

9. Bassvictim, Makes You Wonder (autoproduction)

Bassvictim, jeune duo londonien anonyme et méchamment online, canalise depuis un an l’énergie blasée de l’électroclash des années 2000 dans une série de tubes corrosifs. Après un premier EP génial au printemps dernier (Basspunk), iels reviennent avec ce Makes You Wonder qui vous explose à la figure dès la première seconde. (EV)

10. Sharon Van Etten & The Attachment Theory, Afterlife (Jagjaguwar)

Pour la première fois de sa carrière, Sharon Van Etten a décidé de travailler en collaboration avec son groupe, et c’est une vraie réussite. Afterlife souffle le chaud et le froid, grâce à un équilibre synthétiseurs/guitares parfait pour magnifier une voix toujours aussi intense. Enregistré à The Church, l’ancien studio d’Eurythmics, l’album est attendu pour février. En concert à Paris au Trianon le 6 mars. (PR)

11. Disarme, Change (Géographie)

Un premier single très prometteur pour la jeune Franco-Malgache, on attend donc l’album à paraître prochainement. (CM)

12. Soccer Mommy, Some Sunny Day (Loma Vista Recordings)

Tous les deux ans environ, Soccer Mommy revient avec de nouvelles chansons d’amour et la même mélancolie dans sa guitare. On est quelque part entre Avril Lavigne et les Smashing Pumpkins et cela fonctionne toujours. (CG)

13. Frankie Cosmos & Good Morning, Take a Picture (Sub Pop)

Pour l’automne, Sub Pop a réunit une flopée de nos artistes chouchous – Clairo, Sylvie, Pearl & the Oysters ou encore la très prometteuse June McDoom – pour rendre hommage à l’une des icônes américaines de la pop sixties, Margo Guryan. Sur ce titre, une collab’ dont je n’aurais personnellement osé rêver, l’américaine Frankie Cosmos et les australiens Good Morning, pour une nouvelle version qui (a-t-on le droit de le dire ?) surpasse l’originale. (CG)

14. Jokari, J’ai pleuré hier (Another Record/Cheptel Records)

Une des plus fines plumes d’ici, doublée d’une chanteuse entre maîtrise et lâcher-prise, Jokari revient avec la suite de son fondamental Main Gauche. Joie. (RS)

15. Painter Boy, Le Beat Fantastique (autoproduction)

Le Toulousain surdoué Nicolas Mazel (The Existentialists, Marie Mathématique) revient avec son side-project Painter Boy né en 2022 pour nous délivrer un délectable hit électro-pop. On croirait entendre Daniel Treacy des Television Personalities s’amusant comme un petit fou sur son Farfisa. (BF)

16. Horsegirl, 2468 (Matador Records)

Produit par Cate Le Bon, le troisième album du trio de Chicago, attendu pour février, s’annonce charmant s’il est dans la même veine que 2468. Rappelant les Moldy Peaches pour sa fausse simplicité de comptine, le titre glisse peu à peu vers un territoire plus saturé. (PR)

17. Kim Deal, Wish I Was (4AD/Beggars)

On trouve cette merveilleuse chanson à briser le cœur sur le premier album officiellement solo de Kim Deal, qui atteint ici le niveau d’anciens morceaux comme Dedicated. Elle est définitivement la reine indétrônable de l’indie rock. (BF)

18. Thee Ana Karenines, Girls Just Wanna Have Fun (French Kiss)

Il en faut peu pour voir l’avenir s’éclaircir. Enfin, il faut avoir eu la chance d’avoir croisé la route de Thee Ana Karenines, qui sous leur chapka et leur robe noire aspirent avant tout à être des femmes « libres au soleil ». Bien décidées à faire passer les Calamités pour un groupe progressif, elles jouent ainsi le cœur en bandoulière et le sourire aux lèvres des reprises surprenantes et quelques originales revigorantes. Premier signe tangible de cette insouciance vertigineuse (avant un mini-LP qui devrait paraitre l’an prochain chez 6Tone Records), cette version nonchalante en VF du Girls Just Wanna Have Fun popularisé par Cyndi Lauper en 1983 (et écrit par feu Robert Hazard – aucun lien de parenté avec Thierry, pour ceux qui se le demanderaient), adaptation en guise de manifeste pour ce groupe qui, par la force des choses, n’a jamais froid aux yeux. (CB)

19. Airu, El Sol (autoproduction)

Formation originaire du Pays Basque du Sud (Bilbao) et d’une mixité parfaite (à faire pâlir d’envie le Messager Robert Forster), Airu joue la carte d’une pop décomplexée et multicolore, qui rappelle parfois – comme me le confiait entre deux sourires le toujours pertinent philosophe Hervé J. (“Nicolas Mathieu, c’est Vianney”, “Bertrand Belin, c’est le Morrissey de Perpignan”, pour resituer les ébats) – Minks, groupe américain porté disparu que nos nouveaux amis espagnols n’ont peut-être jamais entendu. Qu’importe car l’important est ailleurs, en particulier dans la mélodie drapée de légère mélancolie et la musique baignée d’une douce euphorie de El Sol, chanson phare de leur dernier EP qui s’est déjà hissée au zénith de nos charts imaginaires. (CB)

20. Ibon Errazkin, Nubes (Elefant Records)

Quand l’élégance le dispute à la discrétion. Discrétion ? C’est peut-être le seul reproche que l’on pourrait adresser à Ibon Errazkin, ex-tête pensante des très précieux Le Mans (une discographie qui résonne encore comme la BO parfaite d’une filmographie de Rohmer en version espagnole) et du duo Single (avec sa sœur de cœur Teresa Iturrioz) qui s’échappe parfois en solitaire. En effet, ce parfois est trop rare. C’est ce que nous rappelle son quatrième album solo, Claros Del Bosque, œuvre instrumentale comme le veut sa tradition. Un peu comme si Erik Satie avait joué de la guitare et Ennio Morricone composé pour Jonás Trueba, Errazkin publie dans les frimas de l’automne le disque anti TikTok, un disque qui permet de croire que l’on peut encore apprendre à prendre le temps de prendre son temps. (CB)

21. Laura Marling, Caroline (Chrysalis Records/Partisan Records)

Une confession d’abord : cette vidéo Youtube a déjà quatorze ans et je suis responsable d’une partie non négligeable de ses 7,7 millions de vues ; je la mets là juste pour le plaisir. Laura Marling est une icône de l’indie folk britannique, terme qui à lui-seul suffit à évoquer l’automne et le réconfort. C’est tout ce qu’inspire son dernier album, Patterns in Repeat. Sur le précédent, Song for our Daughter, elle fantasmait la naissance d’un enfant ; quatre ans plus tard, c’est son expérience de la maternité qu’elle raconte. (CG)

22. Baptiste W. Hamon, Mes envies de ne rien faire (Manassas/Modulor)

Un fantasme de musique nord-américaine fait danser en cadence les petites salles des villages du pays où le samedi soir, on aime à revêtir les panoplies à chapeau pour galoper dans les verts pâturages de l’enfance. Ce fantasme inspire aussi à Baptiste W. Hamon des chansons lumineuses, à la distance étrange, à la fois respectueuse et sensiblement décadrée. (RS)

23. Brigitte Fontaine, Crack Boom Crack (Verycords)

Une petite sucrerie qui fait « pop », venue de notre dame toujours en flammes. (RS)

24. François Club, Désenchanté (autoproduction)

François Club continue de proposer une pop moderne originale en français. Il faut laisser la mélancolie nous gagner. (AGF)

25. Dodi El Sherbini, Ton royaume (Kidderminster)

Le pays a d’habitude une passion pour les personnalités étranges, surdouées, isolées ; qu’est-ce qu’on attend pour célébrer l’écriture de Dodi El Sherbini chez qui tout respire l’évidence ? (RS)

26. СОЮЗ (Soyuz), Калі ты запытаеш (Mr Bongo)

Le groupe biélorusse (désormais une seule personne !) revient avec un nouveau 45 tours sur Mr Bongo après deux albums. Une merveille de pop aux accents soft-rock et bossa. Production, arrangement, composition, Soyuz est plus que jamais inspiré. On a hâte de les retrouver sur un nouvel album : l’année prochaine peut être ? (AGF)

27. Azurine, Palikao (Bruit Marron)

Rythmiques hypnotiques et textures granulaires pour ce quatrième single du duo aussi discret que talentueux. (CM)

28. Chilam Balam, Yaxuma (Partyfine)

Derrière Chilam Balam nous retrouvons le chanteur Léo Blomov ainsi que Bastien Francoulon (passé par The George Kaplan Conspiracy). Yuksek file aussi un coup de main (composition, production, mixage). Yaxuma est une petite merveille de space disco instrumentale élégante, quelque part entre Nu Genea et Todd Terje. Classe ! (AGF)

29. Julian Cope, In Spungent Mansions (Head Heritage)

Pas la peine de se la jouer. Ça fait bien longtemps que je ne suis plus à la trace les faits, gestes, élucubrations et autres écrits de Julian Cope, pourtant héros absolu d’une adolescence plutôt heureuse – au même titre que Lawrence (oui, « le » Lawrence), Terry Hall (coucou Nicolas Sauvage, Gilles et Laurent), Barney, Robert, Lloyd, Grant et (l’autre) Robert… Alors voilà, je ne sais pas du tout combien d’albums a réalisé depuis le début du XXIe siècle ce gars qui a œuvré pour rendre cool Scott Walker, fricoté avec une très jeune Courtney L., publié l’une des meilleures autobiographies du monde du rock et du roll, été une plus grande gueule que Ian McCulloch et posé pour une pochette de disque sous une carapace de tortue… Et je sais donc encore moins si sur lesdits albums, se cachent d’autres merveilles de l’ordre de In Spungent Mansions, chanson pop qui écrit mélancolie en lettres majuscules, portée par une mélodie un rien désabusée et une ligne de basse tout droit sortie de la banlieue de Manchester. Alors, tout en remerciant ad lib Philippe Lavergne pour le « tip », on recommande une écoute en boucle de Noël. (CB)

30. Magon, Stoned Seclusion Blues (T.Rex Recordings)

Énorme tube du très talentueux Israëlien Alon Magen (passé par la France et installé au Costa Rica). La chanson après laquelle Primal Scream a couru toute sa vie sans y parvenir. Album à paraître en décembre. (BF)

31. A Certain Ratio, Now and Laughter (Mute)

La Christmas song est une institution en Angleterre au même titre que la cuppa. ACR s’y colle pour la première fois avec une superbe chanson destinée à tous ceux qui ont besoin de soutien pendant ces périodes de fêtes – nicely done les Ratios ! Ce morceau fait partie d’un single qui sortira en décembre. (CM)

32. Prism Shores, Holding Pattern (Meritorio Records)

Montréal regorge de groupes ou artistes talentueux, pour certains déjà reconnus. Prism Shores eux, sortent des titres dans l’ombre depuis 2019. Ils proposent un premier album en galette. Recette simple mais efficace : guitares jangly, voix candide, ça sent bon l’adolescence, et c’est bien joué ! L’album sortira chez Meritorio en janvier prochain. (VDPJ)

33. Constant Silk, Into the Night (Dernière Neige Records)

Le nouveau projet synthwave d’Alex (Lumer), désormais installé à Toulouse, et de Marion – avec ce deuxième single addictif. (CM)

34. Tally Ho!, Silhouette (Playground Records)

Une borne d’écoute pour ce groupe rennais talentueux ; c’est froid, mélancolique et bourré de références australiennes… L’album vient de sortir chez Playground, le label des Bop’s. (VDPJ)

35. Golem, Splitterzelle (Fuzz Club Records)

Froid, motorique et cosmique, voila comment résumer le single de Splitterzelle, groupe de Bielefeld en Allemagne. A paraître chez Fuzz Club en janvier. (VDPJ)

36. Les Breastfeeders, On ne prête qu’aux riches (Bonsound)

Vingt ans d’albums et toujours autant la patate ! Les Breastfeeders reviennent avec un album gavé d’hymnes garage-rock, quelque part entre les Lutins et Jacques Dutronc. On espère trouver le vinyle dans nos contrées ! (AGF)

37. Lùlù, Lùlù (Howlin’ Banana)

Super morceau powerpop en français par ces nouveaux venus ! Album à venir en 2015 chez Howlin’ Banana. (AGF)

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