Ces derniers jours du mois auront charrié leur torrents de larmes, de disparitions aussi brutales que naturelles, le tout baigné dans un soleil trop fort. Après une courte pause, voici les nouveautés du mois, aussi vaillantes que jamais, de nouveaux venus en fleur de l’âge, sélectionnés avec tout l’amour qui reste en nous.
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NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.
1. Melenas, Bang (Trouble In Mind / Mushroom Pillow)
Bang ! La détonation s’entend de part et d’autre des Pyrénées, de part et d’autre de l’Atlantique. Les quatre Espagnoles de Melenas sont toujours de mèche à l’heure d’imaginer des chansons d’avant-pop rétrofuturiste aux mélodies qui entre autres grâces aux chœurs, accrochent les cœurs. Exactement à l’image de ce premier titre annonçant un troisième album de grande beauté, intitulé Ahora et à paraitre dès les premiers jours de l’automne prochain. CB
2. Beach Fossils, Seconds (Bayonet Records)
Les New-Yorkais égrènent depuis début mars les singles de Bunny, leur album tant attendu à paraître le 2 juin. Il sera difficile de faire suite à leur chef d’œuvre de 2017, Somersault, d’autant plus que les quatre titres pour l’instant dévoilés sont teintés d’une légère mièvrerie qui, on l’espère, ne déteindra pas sur tout l’album – Seconds est celui qui s’en sort le mieux. CG
3. Lumer, Nightmare Without End (autoproduction)
Premier single intense d’un EP à venir pour les quatre lascars british et un gros coup de cœur. CM
4. Bar Italia, changer (Matador Records)
Une pop un tantinet revivaliste 90’s mais mélancolique et aérienne ; un album splendide. VDPJ
5. Horse Jumper of Love, Singing by the Sink (Run For Cover Records)
On avait adoré l’atmosphère très grunge de leurs deux premiers albums puis été un peu déçus par le troisième, paru en 2022 – le groupe de Boston semble bel et bien s’être calmé, en témoigne leur dernière sortie, tout de même composée de jolies ballades à la sauce nineties. CG
6. Special Friend, Bête (Skep Wax / Hidden Bay / Howlin’ Banana Records)
Un an après leur premier album, le duo Special Friend continue son petit bonhomme de chemin : une pop cristalline, un clavier astral, des voix qui se croisent si bien. Wait Until The Flames Come Rushing In sortira en juin chez le combo Howlin Banana/Hidden Bay et chez nos amis anglais de Skep Wax ; tout laisse à croire que le groupe ira trainer ses Converse là-bas. VDPJ
7. Chiens de Faïence, Les animaux en verre soufllé (Safe In The Rain / Hellzapoppin Records)
Le talent mélodique et le charme mélancolique des Chiens de Faïence résumés en cette longue ballade où les ondes de la guitare s’électrifient petit à petit et le timbre libéré de la caisse claire envahit l’espace mental de cette belle chanson toute en douceur contrariée. RS
8. Being Dead, Daydream (Bayonet / Modulor Records)
Being Dead nous offre un pop song estivale parfaite avec ce Daydream à la douceur psyché et légèrement foutraque. Leur premier album sortira en juillet. DJ
9. Marc Jonson & Ramírez Exposure, Stricken Girls (Hurrah! Música)
Deuxième volet de la collaboration initiée l’an passé entre le vétéran américain et son disciple espagnol. Du très haut de gamme. MG
10. Teenage Fanclub, Foreign Land (PeMa / Merge Records)
La réforme des retraites, c’est toujours FUCK OFF. EG
11. Sumos, Enemies (Meritorio Records)
Brillant extrait du premier album de ce quartette de Manchester : des guitares et des mélodies comme s’il en pleuvait. MG
12. Dropkick, Ahead of My Time (Sound Asleep Records)
Rien n’a vraiment changé dans l’univers désormais délicieusement familier d’Andrew Taylor. Les guitares, les mélodies, les harmonies vocales : rien que l’essentiel, tout l’essentiel. MG
13. Blur, The Narcissist (Parlophone)
C’est rassurant. À l’heure où l’événement précède parfois les news censées l’annoncer, Blur a gardé le secret d’un neuvième album, qui verra le jour le 21 juillet prochain. Premier single extrait de The Ballad Of Darren, The Narcissist est une nouvelle preuve du don d’ubiquité de Damon Albarn : mélodie joliment désabusée pour porter une chanson en guise de montagnes russes pop où la mélancolie est une vertu et les émotions, comme dans la vraie vie. CB
14. Hush feat. J. Mascis, MAN ON MAN (Polyvinyl Records)
Pas forcément convaincu par le couple musical (et pas que) que l’ex Faith No More Roddy Bottum constitue avec son poti ami Tom Goss, nous avons tout de même prêté une oreille attentive à ce morceau parce que vous-savez-qui y trace un solo pas revenu du Pick Clops. Eh ben c’est bien, mieux que bien même. Entre Locust Fudge et Dumb Numbers, pour les sachants. EG
15. Stephen Steinbrink, Opalescent Ribbon (Western Vinyl)
Efficacité impeccable pour ce petit poème concret en forme de pop minimale — quelques tours et détours pour Stephen Steinbrink qu’on a pu voir aux côtés de Boy Scouts ou Girlpool et quelques LP de bonne facture ici et là — son nouvel album Disappearing Coin paraîtra le 18 août. PN
16. MADMADMAD, Krautjerk (Bad Vibrations)
Le trio franco-anglais MADMADMAD annonce son troisième album avec ce single electro-kraut au groove intense et efficace qui doit prendre toute son ampleur sur scène. DJ
17. Getdown Services, Cream of the Crop (Breakfast Records)
Si vous avez la chance qu’ils passent par chez vous, courez voir ces deux joyeux zinzins de Bristol et Manchester, qui retournent une salle de façon imparable. « Life is basically boring all of the time and making music is a good way to try and make light of that. Also most of the time we’re driven by trying to make each other laugh.” Et ça fonctionne à merveille, premier disque attendu avec impatience. CM
18. Avalon Emerson, Karaoke Song (Another Dove / One House Records)
La célèbre productrice techno (axe Berghain/Ostgut Ton) nous revient ici avec & the Charm, superbe projet avant-pop. Un croisement fascinant entre Julia Holter, Caterina Barbieri et toute une scène dream pop/psyché. VC
19. Laura Agnusdei, Matilde’s Lemon Dance (Maple Death Records)
Si sur papier un mélange d’ambient, d’électro plutôt dark, de pop et de jazz peut faire peur, Laura Agnusdei démontre pourtant qu’elle est l’une des têtes chercheuses les plus impressionnantes. DJ
20. Alex Pester, Are You Gonna Make Her Choose ? (Violette Records)
Alex Pester n’est âgé que d’une vingtaine d’années à peine. Toute sa vie de musicien est devant lui. Et pourtant, le premier jalon de son parcours – Better Days sorti le 26 mai – a déjà tout d’un accomplissement majeur. MG
21. Joe McAlinden, Window
Alors que Teenage Fanclub tease un extrait exceptionnel d’un album (probablement fabuleux, vous connaissez notre sacro-saint recul critique face au phénomène) à paraitre en septembre, leur ancien maître d’œuvres des cordes, Joe McAlinden revient sur la brèche qu’il occupe beaucoup trop rarement. L’ex-Superstar, véritable génie occulte de la scène de Glasgow (des Groovy Little Numbers aux BMX Bandits en passant par Edwyn Collins) n’a jamais brillé du feu qu’il mérite depuis toujours. C’est peut être maintenant ? EG
22. Johnny Tchekhova, Ceci n’est pas une chanson française (Antimatière)
Johnny Tchekhova, c’est Gregory Peltier (ex-A Second Of June, groupe qui a sorti deux albums sur Herzfeld). En tant que Johnny Tchekhova, il sort un deuxième album ces jours dont est extraite cette chanson shoegaze entêtante et élégante comme on les aime. CM
23. Ventre de Biche, Je suis lent (Teenage Menopause)
Luca Niveau est de retour avec un album qui se décline en série de clips qui raconte une histoire, ça c’est pour l’accroche super stylée, parce qu’on est avant tout fan à mort de son art qui rapproche le rap de iencli avec une synthpop bien cold, avec des paroles bien cheloues qui tuent : « Qui n’a pas déjà chié dans la rue, je vous demande vraiment ». Et toi ? RS
24. Amour Courtois, Inadapté (Entre-soi)
Inadapté, en gros comme tous les musiciens, mais on verrait bien cette originalité classée entre les trucs El Records et les Zarjaz de Creation, cette façon assumée de se promener en chemise à jabot dans les couloirs de la chanson française décomplexée tout en tricotant sa basse et ses synthés dans la cave de la maison familiale éclairée à la bougie. Ce genre d’excentricité attachante, voyez-vous ? RS
25. MEMORIALS, Tramps! (The state51 Conspiracy)
Un projet réunissant Verity Susman (Electrelane) et Matthew Simms (Wire, Better Corners) ne pouvait laisser indifférent. Et c’est carrément un double LP qui sort, Music For Film: Women Against The Bomb, un collage de musique pop, psyché, post punk, bruitiste et protest songs pour accompagner les deux films. Immersion sonore réussie. CM
26. Sweeping Promises, Eraser (Sub Pop / Feel It Records)
Groupe du Kansas méconnu et pourtant signé chez les excellents défricheurs Feel It et les légendaires Sub Pop. La recette du succès est simple : un combo basse – batterie métronomique, des touches électroniques minimalistes, une guitare dans les aigus et une voix qui porte. VDPJ
27. Wireheads, Hook Echo (Tenth Court Records)
Les Australiens d’Adélaïde reviennent six ans après avec leur cinquième album, Potentially Venus, à paraitre en juin chez Tenth Court. Guitares jangly mais revêches, voix nasillarde et nonchalance : l’Australie dans toute sa splendeur, dans tout ce qu’elle sait faire de mieux. Hâte de les voir (enfin) en Europe. VDPJ
28. Garden Centre, Shock Site (Kanine Records)
4
Aquatique mais débraillée, puissante et mélodique, voila comment qualifier la musique de ce groupe de Brighton qui a sorti de façon confidentielle son quatrième album, Searching for a Stream, le 19 mai dernier chez Kanine. VDPJ
29. Sparks, Nothing Is As Good As They Say It Is (Island Records)
Troisième extrait de leur vingt-sixième album, The Girl Is Crying In Her Latte, les frères Mael font à nouveau la démonstration magistrale de leur génie avec cette chanson, qui vient rejoindre le panthéon des classiques du duo. A noter également le vidéoclip mettant brillamment en avant les paroles de Ron qui, après nous avoir parlé des cheveux de Veronica Lake sur le titre précédent, se glisse ici dans la peau d’un nourrisson de 22h mécontent d’être né. On va lui donner tort pour cette fois, le disque est aussi bon qu’on le dit. PR
30. Albert Hammond Jr., Old Man (Red Bull Records / Pulse Recording)
Entre sa carrière avec les Strokes, un déménagement à Los Angeles, le COVID et sa paternité, Albert Hammond Jr. a enregistré le riche Melodies on Hiatus avec l’aide de la poète-compositrice canadienne Simon Wilcox, venue lui prêter main forte pour l’écriture des paroles en couchant sur le papier leurs conversations téléphoniques. Il ne pleut jamais en Californie du Sud, mais l’atmosphère n’y est pas toujours aussi détendue qu’il y paraît. Sur Old Man, Albert règle ses comptes avec son senior de père, à travers un texte en contraste radical avec une mélodie qui évoque le George Harrison de Got My Mind Set On You ou le Billy Joel de Uptown Girl (aucune méprise, ces deux titres sont des tubes), guitare new-yorkaise en plus. PR
31. Blvck Hippie, If you Feel Alone at Parties (The Record Machine)
Blvck Hippie se définit comme a « sad boy indie rock band ». Les paroles creusent dans le désespoir mais sont baignées d’une guitare cathartique ; tristesse soyeuse qui donne paradoxalement envie de danser. CM
32. Purr, Guessing (ANTI- Records)
On se demande comment en 2023 on peut encore fondre romantiquement à une ballade, à l’espace américain, à toutes ces choses qui semblent appartenir au lointain et au passé, mais le cœur est le cœur que voulez-vous ? Eliza Barry Callahan et Jack Staffen ronronnent à deux sous le nom de Purr, citent Barnett Newman et sortent leur deuxième album Who Is Afraid Of Blue? le 2 juin prochain. PN
33. Róisín Murphy, The Universe (Ninja Tune)
Après Coocool sorti en mars dernier, Róisín Murphy offre un deuxième extrait de Hit Parade, son nouvel album à paraître le 8 septembre prochain, et le premier chez Ninja Tune. A l’image de l’artiste, c’est cool, sensuel, léger et intelligent. Bring her back. PR
34. Les Mercuriales, Soundain la Pluie (autoproduction)
Une reprise singulière de Walking in the Rain de Flash and the Pan par un nouveau groupe français. Les Mercuriales comprennent ainsi des membres d’Entracte Twist ou du groupe de Patrick Vidal et proposent une relecture très Velvet Underground du classique de la new wave. À suivre ! AGF
35. Ugly, The Wheel (autoproduction)
Un premier album pour les six Londoniens, éclectique et foisonnant, infusé d’un sens mélodique imparable. CM