LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE LA RENTRÉE 2023

Pléthore de nouvelles choses qui font dire que si l’on est attaché à ses origines, il y a toujours de quoi trouver son bonheur dans le neuf, le frais, le pas périmé. Même si on s’accordera toujours sur l’idée que l’influence dépassera toujours la révérence, accueillons avec amour ces titres qui nous font dire que la pop moderne dépasse les saisons, les rentrées, les années. C’est simplement le révélateur du temps qui passe. Choisis par nos équipes, ces trente-cinq titres sont désormais tout à vous.

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NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.

1. Teenage Fanclub, I Will Love You (Merge Records)

Mirobolante conclusion d’un nouvel album qui se classe 3e des charts UK la semaine de sa sortie. Deux choses durent, l’amour, parfois, Teenage Fanclub, toujours. EG

2. Mitski, My Love Mine All Mine (Dead Oceans)

The Land Is Inhospitable and So Are We, le sixième album de Mitski Miyawaki, figurera sans aucun doute sur les compilations type « Trésors Cachés » dans trente ans, à moins que le succès viral de l’artiste américaine – qui avait pourtant annoncé sa retraite – ne lui permette de rencontrer enfin le succès qu’elle mérite. De Glen Campbell à Phil Spector, en passant par Carole King et Julee Cruise, l’exigente Mitski évoque les plus grands sans jamais tomber dans une facilité parodique. Eblouissant. PR

3. Grian Chatten, Bob’s Casino (Partisan Records)

Sortie au début de l’été, Chaos for the Fly, la première excursion solo de Grian Chatten des Fontaines D.C., vous emmènera dans des ports désolés où résonnent les voix de Lee Hazlewood, Leonard Cohen et Elliott Smith, comme dans ce magnifique Bob’s Casino. PR

4. Say She She, Astral Plane (Colemine Records)

Nous vous avions déjà parlé de Say She She, trio fan de Nile Rodgers composé de la londonienne Piya Malik et des américaines Sabrina Mileo Cunningham et Nya Gazelle Brown. Après le délicieux C’est si bon, c’est au tour d’Astral Plane, extrait de leur deuxième album intitulé Silver, d’illuminer votre salon de la lumière argentée d’une boule discodélique. Sortie le 29 septembre. PR

5. Share, Love My Way (autoproduction)

Tel père, tel Smiths ? Oui, mais pas tout à fait quand même. Dans la famille Marr, j’appelle donc Nile, fils de Johnny, devenu guitariste de son état et auteur jusque-là de disques plutôt dispensables – avec le groupe Man Made et en solo aussi. Entre des participations aux albums de papa et des concerts avec le compositeur (et ami de…) Hans Zimmer, Nile s’est acoquiné avec la dénommée Kaylen Krebsbach et sous le nom de Share, signe à l’instant une Chic (vous l’avez hein ?) reprise de l’une des plus belles chansons du monde, Love My Way de The Psychedelic Furs. Coup de cœur absolument subjectif. CB

6. Levitation Room, Scene for an Exit (autoproduction)

Les Angelinos sont toujours aussi ancrés dans les sixties, jamais trop loin des Beatles, mais la formule, bien qu’usée, fonctionne si bien quand elle vient d’eux… Une question d’authenticité et de générosité je crois, qui se vérifie sur scène. CG

7. Vinyl Williams, A Pearlescent Ray of Sunshine (Harmony Records)

Le petit fils de John Williams continue à distiller son génie dans un album tout aussi finement composé que les trois précédents. Également artiste multimédia, il signe une fois de plus la pochette, psychédélique, lumineuse, nébuleuse ; comme sa musique. CG

8. Aphex Twin, Blackbox Life Recorder 21f (Warp)

Aphex Twin a sorti en plein milieu de l’été cette mini-symphonie de 14 minutes. Une pluie de beats dont lui seul a le secret. Le son d’Aphex se fait plus ample, plus envoûtant que jamais, c’est d’une sagesse et d’une humanité magnifique, on peut écouter ça à l’infini. TS

9. Shrimp Olympics, Big Planes (That I’m in) (autoproduction)

Le jeune prodige Austin Lombardo dévoile un deuxième extrait de son nouvel album, Feels. Big Planes (That I’m In) commence comme un voyage au crépuscule des 60’s et glisse vers l’absurde le moment d’un krautrock bricolé. A n’en pas douter, ce garçon a de l’imagination. XM

10. Mad Anthony, Take Care of Yourself (Earth Libraries)

Presque cinquante ans après leur enregistrement et plusieurs années d’insistance, Ben Schwab (Sylvie, Golden Daze, Drugdealer) a réussi à convaincre son père, John, et ses deux acolytes de Mad Anthony, qu’il était enfin temps d’offrir au monde ces démos folk oubliées, jamais publiées auparavant, faute à un contrat de disque abandonné à l’époque. A l’occasion de cette sortie, John ajoute : “We didn’t have the ability to properly record in 1975, but Ben reminded me that it’s the quality of the songs that matters, not the recording.” CG

11. Tony Jay, Isolated Visions (Slumberland Records)

Coup de foudre renouvelé pour ces nouveaux représentants d’une Amérique sous prescription. De Galaxie 500 à Bedhead, ou plus proche de nous Cindy, les siestes dépressives sont les plus belles qui soient. Le nouvel album Perfect Worlds est sorti le 15 septembre, on en reparle très vite. EG

12. Princesse Gilbert, Strasbourg (autoproduction)

Échappé un temps du joli bordel DIY d’Edgar Déception, Princesse Gilbert prend sa guitare sèche et reprend une chanson crève-cœur de Stéphane Cadé. Alors oui, venant de la ville alsacienne, c’est très très beau, mais venant de loin aussi. Album en approche, second single Lithographie déjà prêt. TS

13. Charlene Darling, Encore un soir (Disciples)

Errance estivale et romaine pour Charlene Darling, entre complainte Polly Pocket à la Nico et narration atone, sous le soleil, pas la joie. Bientôt le nouvel album ! RS

14. Fleur Bleu.e, L’été ivre (Pan European Recording)

Exact. Les réseaux sociaux sont un lieu de grand n’importe quoi et d’amitiés virtuelles qui parfois auraient dû le rester. Mais pas seulement. Ce sont aussi des lieux de découvertes, d’échanges, de belles surprises, de jolies rencontres, de coups de cœur qui mettent un peu de couleurs là où le gris domine. C’est l’ami Franck G. – encore merci ! – qui m’a parlé l’autre jour via messages interposés de ce duo français à côté duquel j’étais complètement passé – une poignée d’EPs et une arrivée sur le label Pan European Recording. Aujourd’hui, quelques semaines avant leur premier album, Delphine et Vladimir sortent une chanson (et un single) au titre parfait, – et oui, c’est très important, les titres parfaits –, L’été ivre. Alors, sous des guitares d’une fragilité étourdissante qui résonne comme une pluie d’étoiles, Fleur Bleu.e rêve une pop atemporelle et offre comme un bouquet la bande originale de crépuscules que l’on souhaite éternels. CB

15. Balladur, La saison de l’amour (Le Turc Mécanique / Carton Records / Another Records)

Deuxième extrait toujours aussi doux et mélancolique de l’album qui sortira aux premiers jours de l’automne. Romain et Amédée ont trouvé l’alchimie idéale. VDPJ

16. Exek, It’s Just a Flesh Darling (Albert Basement)

Deuxième titre en écoute du sixième album d’Exek, formation prolifique et touche-à-tout de Melbourne, capable de post punk anguleux comme de sonorités plus électroniques et pop. It’s Just a Flesh Darling rappelle ce que le groupe pouvait faire sur son troisième album. Chanson cosmique, refrain entêtant, tout simplement tubesque ! VDPJ

17. Sally Shapiro, Rent (Italians Do It Better)

Il fut un temps où depuis les pays scandinaves, tout un tas de jeunes gens modernes rêvaient d’être Saint à la place d’Étienne. Si la plupart ont disparu dans le triangle des Bermudes de la pop moderne (Air France, au hasard), Sally Shapiro, signé depuis quelque temps le label américain Italians Do it Better, poursuit sa quête de la pop song qui se danse en chantonnant. Derrière un nom qui n’est pas celui de la chanteuse, le producteur et compositeur Johan Agebjörn et sa comparse reprennent ici Rent d’autres de leurs parangons, les Pet Shop Boys, dans une version assez fidèle mais qui vient rappeler le génie des paroles et de la mise scène sonore du duo londonien, le tout emballé dans une pointe de causticité et un zeste de mélancolie. CB

18. Sextile feat. Izzy Glaudini, Crash (Sacred Bones Records)

Izzy Glaudini, chanteuse du trio de synth-pop Automatic, prête sa voix au dernier single de Sextile, titre le plus vibrant et entêtant de l’album paru le 15 septembre. La « hit scène » de Los Angeles dans ce qu’elle a de meilleur. CG

19. Tirzah, No Limit (Domino)

C’est fou ce que l’Angleterre peut faire de si beau. Au bord du cyber-désastre, Tirzah réchauffe les cœurs avec ce très bel exercice de flux de conscience hyper contemporain, hors-genre si ce n’est celui du mantra enveloppant — il semble presque que ce soit là la seule musique dont on ait besoin aujourd’hui. PN

20. Jean-Jacques Burnel & Frédéric Lo, La pluie qui tombe (Virgin)

On n’est jamais mieux servi que par soi même. Frédéric Lo incarne désormais avec brio cette maxime, lui qui a supervisé et dirigé l’album hommage à Daniel Darc, dont la parution a été annoncée pour le 3 novembre prochain. Pour le premier extrait, il dirige le plus Français des Anglais, Jean-Jacques Burnel, bassiste éternel des Stranglers et producteur de Taxi Girl le temps de cet album noir enregistré sur le fil du rasoir, Seppuku. Ici, dans une version qui parfois résonne comme du Polyphonic Size (je suis sûr que certaines et certains voient où je veux en venir…), La pluie qui tombe tombe à pic pour rappeler la beauté d’une chanson qui a ouvert l’album d’une résurrection. CB

21. Bruit Noir, Petit Prince (Ici d’ailleurs)

Prince, Sinéad O’Connor, Bruit Noir, toustes mortes au feu. La fin est proche, clap de fin en guise de clin d’œil à cette merveilleuse chanson que reste Prince Alone in the Studio de Smog. Clap de fin, comme un coup de kalach’. Ouaiche les ieuv et merci pour tout. EG

22. Leopardo, I Can’t Help Falling in Love With Nobody (Feel It Records / Chrüsimüsi Records)

Après une tournée aux USA il y a peu de temps, le groupe suisse formé autour de Romain Savary exhume une série de titres composés et enregistrés en solo entre 2019 et 2022. La basse et les effets groovent, la guitare tranche et la voix granuleuse façon crooner montrent le talent de cet hyperactif helvète. VDPJ

23. cumgirl8, cursed angel (4AD)

Belle harde de sorcières blanches dont les savoureux délires libidineux fonctionnent plutôt bien, dans une sorte de pop cradoc élégamment ficelée. Mon fantasme délicieux : les voir écraser leurs petits souliers neuf d’écolières sur le crâne d’Ariel Pink en éclatant de rire. PN

24. Water Machine, Water Machine Part II (Upset The Rhythm)

Formé autour de la crème des groupes indés de Glasgow (Soursob, Brenda…) , Water Machine balance une bombinette synthétique et puissante. VDPJ

25. Hit Bargain, Degree Decree (Get Better Records)

Après cinq ans d’absence, Hit Bargain revient avec un nouvel album attendu pour le 10 novembre. Le groupe de Los Angeles, qui compte des membres de Beach Fossils et Cold Beat, n’a rien perdu de son énergie punk et son sens de l’humour politiquement libérateur « Watch it go / Straight into the wall / We’re sorry we used up all the trees / And killed all the bees ». CM

26. Milk TV, Run to Buy Vaccuum (Exag Records)

Trio bruxellois qui sortira son deuxième album, Neo-Geo, le 13 Octobre. Guitares qui rappellent les normands d’Unschooling et la scène québécoise, tantôt cristallines, tantôt dans l’expérimentation. Le duo basse-batterie appuie là où ça fait mal ; l’album devrait être de bonne facture. VDPJ

27. Vintage Crop, Springtime (Upset the Rhythm / Anti Fade Records)

Un nouveau single des Australiens, post-punk dont la tension ne vous lâche pas. CM

28. Lewsberg, An Ear to the Chest (12 XU / autoproduction)

La sortie de leur quatrième album arrive au moment où le groupe entame sa première tournée transatlantique. Fidèles à eux-mêmes : une pop nonchalante, dépouillée et répétitive mais pleine de vitalité. Les chanceux les verront à la Boule Noire à Paris en décembre. VDPJ

29. Wilco, Cousin (dBpm Records)

Deuxième extrait encore plus convaincant du nouvel album paru le 29 septembre ; on a rarement entendu Tweedy et ses sbires aussi proches du Velvet Underground. EG & PN

30. Deeper, Fame (Sub Pop Records)

Un troisième album des gars de Chicago, où le post punk flirte à merveille avec la pop et la cold wave. CM

31. Prison, Destroy / Cookin’ with Heat (Drag City)

Changement de monture temporaire pour Paul Major (Endless Boogie), le chemin reste passionnant. EG

32. Drop Nineteens, A Hitch (Wharf Cat Records)

Les Bostoniens font leur retour, trente ans après leur dernier album. Les deux singles pour l’instant parus sont d’une élégance perturbante : comment, après toutes ces années d’absence, peuvent-ils sonner comme leurs héritiers – Ulrika Spacek, Versing, Ought –, comme ce qu’il se fait de mieux dans le rock aujourd’hui ? CG

33. Versing, Float (autoproduction)

Que ça fait du bien de retrouver le son du groupe de Seattle, quatre ans après le fabuleux 10000. Les guitares swirlent et saturent façon shoegaze, mais la voix reste première, si claire. Dommage qu’il ne s’agisse que d’un EP. CG

34. Mike Ladd & Queen Mob, Float (Night City Publishing)

Quand Mike Ladd s’associe à Queen Mob, ça donne un single dont le flow vous prend aux tripes. CM

35. Soft Lad, The Human Condition (Incantation Records)

Sophie Galpin, qu’on a pu écouter dans des groupes tels que PINS, SOAK ou Self Esteem, a désormais un projet solo et sort un single très catchy, qu’elle a écrit le lendemain d’une terrible gueule de bois. Sophie, trop d’alcool c’est mal, mais franchement ça t’a inspirée ! CM

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