Nouvelle année, vieilles conditions de vie ? Pas forcément, si l’on s’échappe avec un peu de pop moderne. Ici, on trouvera certainement un bon nombre de morceaux créés en phase d’isolement, de restrictions, mais pas de manque d’inspiration. L’alignement des étoiles (Cat Power, Aldous Harding, Cate Le Bon) s’avère des plus réjouissant, quand aux comètes filantes plus proches de nous (Clara Le Meur, Ellah A Thaun), elles semblent scintiller avec pas mal de prestance. Une belle projection pour l’avenir, non ?
Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify ou en version mixée sur Mixcloud. Et aussi, sur agnès b. radio.
NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.
1. Kristine Leschper, Picture Window (ANTI- Records)
Folk de l’espace empreinte de sensibilité et d’emphase (flûte comprise), ne m’en dites pas plus et prenez mon argent. PN
2. Jake Xerxes Fussell, Love Farewell (Paradise of Bachelors)
Le titre d’ouverture de Good and Green Again, le nouvel album de ce folk singer délicat, donne le ton d’un album sans faute, mélancolique à souhait. CG
3. Josephine Foster, Nun Of The Above (Fire Records)
Chère Joséphine, cela tombe bien j’adore les jeux de mots et cette petite comptine de science-fiction également. PN
4. Arab Strap, Aphelion (Rock Action Records)
Plus d’un groupe serait prêt à vendre son âme au diable pour pouvoir produire un titre aussi classe que cette chute de studio d’Arab Strap. DJ
5. Cat Power, I’ll Be Seeing You (Domino)
Issu du troisième album de reprises de Cat Power, Covers, I’ll Be Seeing You clôt la seconde face dans une beauté presque surréelle. Chan Marschall s’empare ici d’un titre de Billie Holiday, semble promener sa voix sur la colonne vertébrale de cette chanson, en épouser chaque mouvement, avec force et fragilité. Dans ce monde où depuis maintenant deux années tant d’êtres nous manquent, elle dédie ce titre à son ami Philippe Zdar, tragiquement disparu. Les mots qu’elle lui envoie, dansant sur un piano, nous rappellent que quoi qu’il arrive et quoi que nous fassions, une chose est sûre, un jour ou l’autre nous nous reverrons. LB
6. Squirrel Flower, Unravel (Full Time Hobby)
A l’occasion de la sortie de son nouvel EP, Squirrel Flower ose une fois de plus une reprise ambitieuse en s’attaquant au Unravel de Björk. La beauté glaciale et contemplative de ce titre noyé sous la réverbération apporte une touche plus intemporelle que la version originale. DJ
7. Pan American, Outskirts, Dreamlit (Kranky)
Ecouter Mark Nelson (Labradford) en solo, c’est faire un voyage hors du temps, évoluer dans des volutes soyeuses et élégantes. L’album sort en février. CM
8. Lael Neale, Hotline (Sub Pop Records)
Après avoir sorti son premier album l’an dernier – le magnifique Acquainted With Night – Lael Neale revient avec un nouveau single tout aussi intemporel, Hotline. Toujours parée de son Omnichord, elle explore ici le thème de la numérologie, inspiré par John Lennon et sa croyance en la signification des nombres, en imaginant un un appel de désespoir nocturne sur une ligne de voyance. CG
9. Aldous Harding, Lawn (4AD)
Cette nouvelle collaboration avec John Parish dévoile une orientation plus pop qui ne perd cependant pas en originalité ni en folie contrôlée. DJ
10. Cate Le Bon, Remembering Me (Mexican Summer)
Le dernier album de la Galloise datait de 2019. La revoilà avec deux singles, qui donnent très envie de découvrir l’album Pompeii qui arrivera en février. CM
11. Destroyer, Tintoretto, It’s For You (Bella Union)
Quand Dan Bejar fait des infidélités à New Order et s’inspire de Bowie, cela donne un single puissant et psychotique, son meilleur depuis des années. DJ
12. Marbled Eye, Dirty Water (Hardly Art)
Rien depuis 2018, Marbled Eye d’Oakland revient à la charge avec un titre dont eux seuls ont le secret : basse prononcée, guitares tendues mais chargées de mélodies. VDPJ
13. Fontaines DC, Jackie Down The Line (Partisan Records)
Le groupe-phénomène de Dublin City (« DC »), mené par le charismatique Grian Chatten, vient d’annoncer la sortie, le 22 avril prochain, d’un troisième album, Skinty Fia. En attendant, on découvre le premier extrait, plus pop et plus 90’s que jamais. On pense à Kurt Cobain dans le chant, aux Smashing Pumpkins dans les guitares ; déjà inoubliable. CG
14. Ellah A. Thaun, King Felix (autoproduction)
La formation rouennaise dont nous n’avions pas entendu parler depuis quelques temps nous sort de derrière les fagots un titre annonciateur d’un album à venir en février. Un son lourd, mélancolique et obsédant, une voix singulière que l’on a hâte de retrouver sur scène. VDPJ
15. Silverbacks, Rolodex City (Full Time Hobby)
Avec ce deuxième album du quatuor Silverbacks, Dublin continue à affirmer son dynamisme électrique (Fontaines DC évidemment, mais aussi Girl Band/Gilla Band ou Sprints), et on serait prêt à prendre un vol Ryanair pour aller voir sur place ce que donne la vie nocturne de la capitale. Rolodex City, c’est du post-punk qui pique à la Television, avec des textes grinçants dans la tradition de Swift (Jonathan, pas Taylor). PR
16. Zombie Zombie, Nusquam et Ubique (Born Bad Records)
« Nulle part et partout », ça pourrait être un titre de morceau un peu bateau s’il n’avait été composé par Zombie Zombie. Traduit en latin, scandé au vocoder sur des beats qui vous propulsent quelque part entre John Carpenter et le Moroder de Midnight Express (un no man’s land riant), l’expression prend alors une tournure vaguement anxiogène, pour notre plus grand plaisir. Premier extrait de l’album à venir fin mars chez Born Bad, il permettra de patienter jusque là. PR
17. Clara Le Meur, Arrêter ce carnage (Le Syndicat des Scorpions)
Ritournelle synthétique et vaporeuse, ouverture parfaite du mini-album Hier à la plage paru en catimini. RS
18. Lewsberg, Six Hills (Speedy Wunderground)
Après leur dernier album In Your Hands, le groupe revient à ses premières amours soniques qui rappellent bien évidemment le Velvet mais aussi des formations comme les Feelies et Performing Ferret Band. La mélodie entêtante mais rêche de Six Hills, sa batterie métronomique et le long moment instrumental tortueux parfaitement dosé devraient ravir tout le monde, du néophyte au fan absolu du groupe. VDPJ
19. Yard Act, Rich (Island Records)
Yard Act ne révolutionnera pas le rock anglais, c’est un fait, on a déjà entendu ça mille fois. En revanche, le groupe sait faire de son post-punk dansant aux chants scandés une belle machine, accrocheuse, revendicatrice et drôle. C’est déjà beaucoup. LM
20. Ashinoa, Disguised In Orbit (Fuzz Club)
Après deux sorties complètement cosmiques, Ashinoa remet le couvert avec ce single issu de leur prochain album, L’Orée, à paraitre fin mars chez Fuzz Club. Ils poussent la composition électronique tout en restant fidèles à leur son motorik. VDPJ
21. Modern Studies, Light A Fire (Fire Records)
Ici on sait que l’Écosse peut être l’Amérique sans l’ombre d’un doute, mention refrain 70’s déter, ver d’oreille assez immédiat, d’utilité publique pour les jours où on a besoin d’un coup de pouce pour affronter le monde. PN
22. Malik Djoudi feat. Isabelle Adjani, Quelques Mots (Wagram Music/Cinq 7)
L’album sorti en septembre dernier nous avait échappé, mais ce morceau revient nous rappeler l’infinie douceur des compositions éthérées et profondes de Malik Djoudi. Ici ces Quelques Mots, d’une justesse et d’une simplicité parfaites, avec cette idée merveilleuse d’accorder sa voix avec celle d’Isabelle Adjani. Et le temps s’arrête pendant trois minutes. TS
23. Alexia Gredy, Un peu plus souvent (Polydor)
Après nous avoir charmés avec une reprise de Diabolo Menthe il y a 4 ans, Alexia Gredy sort ce mois-ci un album irrésistible, acidulé et pop, frais et plus profond qu’il n’en a l’air. Entre synthés lumineux et basse cold wave, on est pris dans le filet coloré de cette voix toute en délicatesse qui chante l’amour comme on l’aime, sincère, doux et piquant. LB
24. Ari Roar, Hive Mind (autoproduction)
Retour en catimini du petit maître es-pop bricolée de Dallas. Dans la même veine que ses précédents disques, c’est-à-dire déjà indispensable. LM
25. Orlando Weeks, Hey You Hop Up (PIAS)
Ce mois-ci, Orlando Weeks (ex-The Maccabees) sort son deuxième album solo, dont est tiré cet extrait qui lorgne gentiment du côté du Watermelon Man d’Herbie Hancock, mais aussi de Lloyd Cole. Il est difficile de faire une pop « optimiste » sans virer Mika ; c’est ici réussi. PR
26. Teenage Bed feat. Trainfantome, Undoing (Pale Figure Records)
Quand Teenage Bed s’associe avec Train Fantôme, quand Nantes se marie avec Lorient, cela donne cette superbe et mélancolique ballade. CM
27. Studio Electrophonique, Happier Things (Violette Records)
Avec ces 2 minutes 30 de beauté mélancolique sous influence Velvet, Studio Electrophonique confirme qu’il est l’un des songwriters les plus passionnants de la scène anglaise actuelle. DJ
28. Daniel Rossen, Shadow In The Frame (WARP)
Le chanteur de Grizzly Bear impressionne de maîtrise sur ce premier extrait d’un premier album solo à venir. Une envoutante et complexe folksong au classicisme loin d’être barbant. LM
29. Eric Chenaux, Say Laura (Constellation Records)
Le timbre crystallin saura bien entendu vous rappeler vous-savez-qui — mais plus important encore, entre les cordes ourlées qui n’appartiennent qu’à lui, le bonheur de savoir que la musique d’âme d’Eric Chenaux vient nous ravir à nouveau les oreilles. PN
30. Mamas Gun, Party For One (Légère Recordings)
Andy Platts de Young Gun Silver Fox revient avec son autre groupe, les Mamas Gun, avec un sixième album au single prometteur. Nous retrouvons avec plaisir sa voix singulière au service d’une soul détendue comme un mois d’août. AGF
31. Shinichi Atobe, Love Of Plastic 1 (DDS)
Le producteur énigmatique japonais nous revient avec un bel album dans la droite lignée de son prédécesseur Yes défendu ici-même. En guise d’amuse-bouche, Love Of Plastic 1, formidable entrée en matière sous forme de house balearic épurée à la mélodie entêtante. LM
32. Charles Virot, Eternelle journée (autoproduction)
Attention fragile, la musique de Charles Virot qui sort un album ce mois-ci, Kamikaze, tient à un fil, celui de sa voix et des mélodies et des mots pleins d’émotions qu’ils véhiculent. RS
33. Parker Sprout, Milk in the Sun (Moon Glyph)
On ne se lasse pas de savoir que toujours quelque part se cache un nouveau petit Livre de la Jangle inattendu, ici au son particulièrement feutré, à notre grand plaisir ! PN
34. Le Seul Element, La croix, le cimetière (Specific Recordings)
Après le choc esthétique et culturelle des Oi Boys, on avait à coeur de suivre les nouvelles aventures glaciales de Matthieu Pellerin. On n’est pas déçus du voyage (dans la nuit). RS
35. Poupard, HLM (Choléra Cosmique)
La pièce Roméo et Juliette se rejoue en musique en bas d’un HLM dans la grisaille d’une ville de province anonyme. RS