Ce début d’année est à la hauteur de nos attentes, autant dans le chaos ambiant que la créativité, et c’est rassurant. On ne dit pas que le second annule le premier, car on s’avance à priori inexorablement vers notre perte, mais au moins, il fait taire les pisse-vinaigre qui affirment sans cesse que l’indie est morte. Écoutez donc ce qui suit, décrassez vos oreilles et remontez vos manches, les amis. (TS)
Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify, ou en playlist mixée sur Soundcloud dès demain.
NDLR : les playlists créées sur certaines plateformes ne comportent pas l’intégralité des titres de la sélection commentée ci-dessous.
1. Sharp Pins, Storma Lee (K Records)
Depuis son premier album en 2023, Kai Slater n’a cessé de gagner en maturité. Il revient aujourd’hui avec Storma Lee, petite friandise mêlant des teintes Byrds/ Martin Newell à des tons chers à Syd Barrett. BF
2. Now, In Pathécolor (K Records)
Comment résister à ce tube qui semble ressusciter les premiers Pastels mais ressemble à feus les excellents Mantles ? BF
3. Holy Wave, Time Crisis Too (Suicide Squeeze)
On n’avait pas entendu les boys d’Austin depuis Five of Cups, leur cinquième album paru à l’été 2023. En début de mois, ils révélaient un titre inédit à l’occasion de la sortie en vinyle d’un split avec leurs camarades de label, Chastity Belt. Time Crisis Too nous ramène au son originel du groupe, tout en nostalgie. CG
4. Frankie, Black Rose (Soundflat Records)
Vous vous sentez orphelin de Jacco Gardner ? Un autre Batave pourrait bien vous surprendre. Frankie Lamberts signe un premier album assez ahurissant. AGF
5. Echolalia, Little Bird (Full Time Hobby)
Une petite comptine country pour Spencer Cullum et al., c’est doux comme un bon gros câlin, un truc dont on a sans doute besoin. L’album est sorti le 28 février. PN
6. Solaris Great Confusion, Come What May
(Broken Obstacles Records)
Premier single en annonce d’un troisième album de folk songs nonchalantes et accueillantes, détendues et confiantes. Stephan Nieser prend son temps, prend ce qui arrive, allie ses textes empreints du quotidien aux cordes sensibles du violoncelle, des guitares et au souffle des cuivres, c’est doux et cool et ça fait drôlement du bien. VB
7. Herman Dune, Sneakers on the Telephone Line (Santa Cruz Records/BB*ISLAND)
Dans Not on Top, David-Ivar Herman Dune était horrifié d’avoir atteint l’âge canonique de 27 ans et n’en revenait pas que sa petite sœur ait terminé le lycée. Vingt ans plus tard, il évoque le fait de se réveiller « vieil homme », mais dans le fond rien n’a changé puisque le talent, l’humour, et la recherche perpétuelle des petites joies de l’existence présents dans sa musique sont toujours là pour nous accompagner. Un morceau qui fait du bien. PR
8. edgar déception, tchou tchou I love you (Les Disques du Paradis/Tête Froide/Flippin’ Freaks/Cartelle/Permanent FREAK/Araki/Hell Vice – Vicious Records)
Les joyeux lurons d’edgar déception sont de retour (déjà six ans depuis Décès…) avec ption, un second album tout aussi foutraque que son prédécesseur, en encore plus touchant. On se dandine sur tchou tchou I love you avant de verser sa larme sur home sweet home, quelques titres plus loin.
P.S. Et oui, on n’a jamais aligné autant de labels dans cette parenthèse. CG
NDLR : Prenez vos places pour la relase vendredi 7 mars prochain à la Boule Noire avec Clarence en première partie !
9. Jeffrey Lewis, Just Fun (Don Giovanni/Blang Records)
Un énième mais toujours réjouissant retour de Jeffrey Lewis, le barde anti-folk new-yorkais, avec une chanson célébrant la lose et une bonne dose d’humour en guise de politesse du désespoir. BF
10. Barth, Sticky Fly (Cavemen Songs/Funk Night Records)
Avec un cinquième album intitulé Like Cavemen Do, Barth offre à nouveau des compositions mariant fausse simplicité et finesse, dont l’apparente légèreté dissimule une élégance qui ravira les amateurs de pop britannique, dans la lignée de Marc Bolan période Tyrannosaurus Rex à Badly Drawn Boy. En concert gratuit le jeudi 13 mars au Chaton Indépendant à Paris. PR
11. Brian D’Addario, Till the Morning (Headstack Records)
Entre deux tournées, la production du deuxième album de Tchotchke et la création de leur label Headstack, les frères d’Addario donnent désormais dans les disques solo. C’est Brian, le plus baroque des deux, qui se lance en premier avec ce morceau annonciateur d’un album à venir en mars, quelque part entre les Kinks de Village Green et The Band. Point d’inquiétude néanmoins sur une éventuelle embrouille à la Ray et Dave Davies, c’est Michael qui a réalisé la vidéo et coproduit le disque. PR
12. Triptides, How Could It Be Too Late? (Label 51)
Triptides revient avec la superbe How Could It Be Too Late?. Nous y retrouvons avec plaisir cette pop psychédélique, un peu sunshine pop, un peu soft rock, très jolie dans tous les cas ! AGF
13. Dana Ganvanski, Leaving Home Again (Full Time Hobby)
Dana, encore ? Les mauvaises langues diront qu’elle comble notre manque de Cate Le Bon. Mais fi des vipères, son nouvel EP Again Again sortira le 14 mars, hélas pour les retardataires sa première partie de Tunng à Paris est déjà annoncé complète ! PN
14. Lael Neale, Tell Me How to Be There (Sub Pop)
Lael Neale s’éloigne légèrement du lo-fi de ses enregistrements précédents avec le premier extrait de Altogether Stranger. Les boucles de mellotron associées à une ligne de guitare simple et efficace nous plongent dans un univers brumeux et passionnant, comme elle seule arrive à en créer. DJ
15. Baba Stiltz & Okay Kaya, Let Me Know (autoproduction)
L’Américaine et le Suédois – aussi beaux et magnétiques l’un que l’autre – se rejoignent le temps d’un court album dont chaque titre agit comme une caresse. Le duo s’amuse avec les textures de guitares dont il se contente presque, et dialogue sur les choses de la vie de manière simple et touchante. Minimaliste, lo-fi et pop ; on est conquis. CG
16. Sharon Van Etten & The Attachment Theory, Idiot Box (Jagjaguwar)
A l’écoute des premières notes de Idiot Box, on pourrait s’attendre à la voix de Bernard Sumner (grâce à la basse de Devra Hoff), mais au lieu de cela, c’est Sharon Van Etten qui nous décoche une nouvelle flèche en plein cœur. A l’heure où de nombreux artistes multiplient les « projets personnels », elle a décidé pour cet album de ne plus fonctionner en solo mais avec son groupe The Attachment Theory, et c’est une réussite de bout en bout. En concert au Trianon le 6 mars. PR
17. Index For Working Musik, X Says (Tough Love Records)
Ce morceau tout en tension et en accords anguleux est à l’image du futur album d’Index For Working Musik, qui prouve que le post punk a encore de belles heures devant lui lorsque l’on cherche à redéfinir ses limites. DJ
18. King Hannah, Leftovers (City Slang)
Big Swimmer, dernier et excellent album en date de King Hannah est malheureusement passé un peu en dessous des radars des tops 2024. Cet inédit, extrait des mêmes sessions, en témoigne. Joué en dernier titre de concert, Leftovers mettrait tout le monde à genoux. DJ
19. Ditz, The body as a structure (Republic of Music)
Le groupe de Brighton vient de sortir un nouvel album, Never Exhale, punk cold « more Genet or Kafka than Orwell or Huxley « , carrément trippant. CM
20. Dean Blunt & Elias Rønnenfelt, 2 (WORLD MUSIC)
Six (sans) titres d’abord dévoilés sur Youtube le 1er janvier, balancés ce mois-ci sur les plateformes. Il serait dommage de gâcher ces 16 minutes parfaites avec des mots ; cliquez, écoutez. CG
21. Cassels, Formaldehyde Time (Human Worth)
Les frères Beck sortiront le 7 mars un très puissant deuxième album, Tracked in Mud, en témoigne cette chanson en partie inspirée par « l’inhumanité du visage (orange) de Trump ». Une partie des bénéfices sera versée à une asso humanitaire, bravo les frères. CM
22. marcel, task force diane (Géographie/Modulor Records)
marcel est belge, marcel sort son deuxième album ô fornaiz le 21 mars, réjouissant noisy punk enregistré en dix jours à Liège. CM
23. Sextile, Freak Eyes (Sacred Bones Records)
Malgré un énième changement de personnel Sextile nous revient avec single melting pot comme eux seuls en on le secret. Ce mélange d’EBM, d’électro et d’indie dance s’annonce déjà comme un des temps forts de leur prochaine tournée. DJ
24. Preoccupations, Focus (Born Losers Records)
Les Canadiens sont de retour avec un quatrième album, III at Ease, qui sortira le 9 mai. Le chanteur Matt Flegel a déclaré : « Draining all my anxieties into a song is often the only way I can get through a day » – un exutoire parfait pour un album qui s’annonce envoûtant. CM
25. The WAEVE, Love Is All Pain (Transgressive Records)
Premier extrait de Eternal EP, à paraître ultérieurement, Love Is All Pain confirme la réussite du duo prolifique – et le talent de Graham Coxon pour le saxophone – avec ce titre nerveux, sombre et entraînant. PR
26. Anika, Hearsay (Sacred Bones Records)
Exit la parenthèse BEAK> avec son précédent album Changes, la britannique basée à Berlin Anika revient a ses premières amours, une collaboration avec Martin Thulin d’Exploded View pour un nouvel album au son bien plus dense que précédemment. On retrouve sa voix crépusculaire Nico-esque et Abyss, qui arrive le 4 avril prochain chez Sacred Bones Records / Modulor se place d’ores et déjà comme un reflet du gouffre actuel. Vous êtes prévenus. TS
27. Population II, Mariano (Jamais je ne t’oublierai) (Bonsound)
Un nouvel extrait de leur album à paraître le 28 mars prochain. Voilà un titre très intéressant ; la production ambitieuse porte le psychédélisme des Québécois dans des contrées inédites. AGF
28. Swervedriver, The World’s Fair (Outer Battery Records)
29. Momma, I Want You (Fever) (Lucky Number)
La discographie sans faute du groupe mené par Etta Friedman et Allegra Weingarten s’allongera en avril avec Welcome to My Blue Sky. C’est plus californien que jamais, plus Malibu de Hole à fond dans la voiture sur la Pacific Coast Highway que jamais (jusqu’au clip) and we’re here for it. CG
30. Fontaines D.C., It’s Amazing to Be Young (XL Recordings/Beggars)
Cet inédit des Fontaines D.C. est dans la veine des titres les plus pop de leur excellent Romance sorti l’an passé. On ne boude donc pas notre plaisir. Pensé comme un ode à la jeunesse, le titre est accompagné d’une vidéo digne d’une superproduction. DJ
31. Ruth Radelet, Nat Walker et Adam Miller, The Wild Unknown (Don’t Nod Entertainment)
On pourrait bien sûr rappeler le choc orgasmique provoquer par la découverte de In The City un jour de l’année 2007 dans les bureaux de la rue du Sentier de la RPM canal historique ; on pourrait bien sûr raconter pour la centième millième fois la rencontre improbable sur la terrasse d’Olatua face au Rocher de la Vierge une fin d’après-midi d’octobre 2018 ; on pourrait bien sûr revenir sur le concert de novembre 2019 le temps du Pitchfork Festival… On pourrait ainsi rappeler Chromatics, le groupe qui a justifié à lui seul l’existence du XXIe siècle. Mais ce serait oublié le plus important : la réunion d’Adam Miller, Nat Walker et Ruth Radelet le temps d’une poignée de chansons pour le jeu vidéo Lost Records: Bloom & Rage. Dont ce The Wild Unknown, qui commence Procession en slow motion avant de mieux se métamorphoser en une comptine post-mélancolique, qui donne une idée assez précise de la beauté que suggère à chaque fois un coucher de soleil au large de la Côte des Basques. C’est dire la splendeur des ébats. CB
32. Minitelle Xeroxe, Toy (autoproduction)
Le beau chantier d’Olia Eichenbaum et Vincent Pieuvre, toujours en cours et sur le fil — une ballade comme une construction, un solide à facettes infinies, une impasse synaptique — faites-y un tour sur leur Bandcamp. PN
33. Eliana Glass, Shrine (Shelter Press)
Tiens ? Une héroïne peacockienne, qui aurait pu prédire ? Fait seulement pour celles et ceux qui aiment les langueurs hypotendues et s’y épandre comme une mélasse lourde et lente. Ne pas se fier à l’apparente morne syntonie qui révèle bien plus de subtilités et de sophistications qu’on ne le pense. E — on retient la lettre —, et le rendez-vous — le 25 avril —, un album à paraître chez Shelter Press. PN
34. Malice Jones, Dark & Stormy (autoproduction)
Le titre le plus réussi de l’album autoproduit d’une toute jeune fille qui aurait ingéré à la fois Cat Power, Janis Joplin et Lou Doillon et qui ne serait ni anglo-saxonne, ni héritière, ni du milieu. Une jeune femme qui fait tout toute seule dans sa cuisine et qui force le respect. C’est vibrant de sincérité, totalement free style et ne demande qu’à se déployer et à affirmer un style à fleur de peau. VB
35. Infinity Song, Sinking Boat (Roc Nation)
ABBA ? Non. Les Bee Gees ? Peut-être. Moins le disco. Les Mamas and The Papas ? Avec une férocité douce en plus. Nouvel hymne américain ? Cela devrait. Infinity Song — chorale adelphique originaire de Detroit, repérée à Central Park par Jay-Z, drôle de comptine. Le nouveau clip vient de sortir, pour les oreilles qui ne les avaient pas encore repérés. PN
36. Logiciel, Everybody (Géographie Records)
Simon Lapillonne part en solo après avoir joué dans plusieurs groupes et sort un clip pour son mini album – chouettes mélodies mais Simon, « logiciel » ça va être compliqué dans la barre de recherche ! CM