Pour clôturer ces festivités et l’année désormais écoulée, nous avons remplacé durant la trêve des confiseurs de décembre notre playlist de nouveautés mensuelle par un best of de l’année. Un dernier coup d’oeil dans le rétroviseur, passons à la suite sans trop se retourner et regardons devant nous, comme depuis un certain temps, au jour le jour. On fonce et on verra après. Très belle année de la part de toute l’équipe de Section26.
Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify et en version mixée sur Mixcloud. Et aussi, sur agnès b. radio.
NDLR : Les playlists ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.
1. Vanishing Twin, Big Moonlight (Ookii Gekkou) (Fire Records)
Quelque chose de neuf se trame toujours de l’autre côté du miroir ; une pincée de pop psyché, un soupçon de groove, une pointe d’électronique qui nous entraînent dans un univers cinématographique où il nous est permis de rêver aux aventures les plus farfelues et de nous déhancher lascivement en tunique chamarrée et boots argentées… VB
2. Aquaserge, Un grand sommeil noir (Crammed Discs)
L’enchantement perpétuel de cette mélopée de Varèse, l’élévation reste entière. EG
3. Lewsberg, Getting Closer (Lewsberg Records)
Toujours pas percé le mystère de ces Hollandais chiches et de leurs chansons osseuses, belles comme des oiseaux. ZB
4. Bantam Lyons, Ar Stêr (Music From The Masses/Gezellig Records)
Difficile de choisir une chanson dans le nouvel album des Brestois, Mardell, tant ce disque forme un tout cohérent et magnétique à écouter d’une seule traite. J’ai opté pour Ar Stêr, chanson en breton, pour sa fièvre, la voix qui susurre pour finir par monter en puissance et en ferveur comme une rivière en crue – d’ailleurs la traduction de Ar Stêr, c’est « la rivière ». CM
5. Exek, (I’m After) Your Best Interest (Castle Face Records)
Un groupe que je suis depuis leurs débuts, musicalement incroyable, difficile à caser et tant mieux ! La preuve avec le single issu du prochain album, à venir début 2022. Rythmique dub et mélancolie pop bien dosés ! Hâte d’écouter le reste. VDPJ
6. Oi Boys, Sur la place (Les Disques de la Face Cachée/Dans le vide/Maloka/Hidden Bay/Kanal Hysterik/Amour entre chien et loup)
Mon album de l’année, un concert passionnant, un clip bien chelou, et ma chanson de l’année. Haut la main. RS
7. Sinaïve, Trash Mental (Buddy Records)
Une nouvelle pépite du quatuor strasbourgeois, qui méritait mieux qu’une sortie en catimini sur YouTube. Un 45t transparent ou en or, carrément, oui ! RS
8. Iosonouncane, Piel (Trovarobato)
On pouvait se demander ce qu’allait manigancer le Sarde Iosonouncane après Die, chef-d’œuvre de 2015 qui portait la pop italienne vraiment très loin. Réponse : Ira, un disque sinueux, claustro, expérimental dans la langue, post-rock ambient, noise psyché et trip-hop indus élaboré pendant cinq ans et long à l’oreille, avec des moments de grâce chaotique comme ici la deuxième partie de ce Piel. RL
9. Superstate, Yoga Town (feat. Graham Coxon & Valentina Pappalardo (Graham Coxon/Z2 Comics)
Le rétrofuturisme pop et angoissé de Graham Coxon donne l’espoir qu’à défaut d’une fin heureuse, la créativité offre une voie alternative à la médiocrité du monde. PR
10. Saint Etienne, Pond House (Heavenly Recordings)
Perfection totale de ce morceau (et de l’album entier) au baléarisme dub totalement baigné de la lumière diffuse d’un coucher de soleil estival. TS
11. Vaillant, Prince de Perse (Herzfeld)
Electronique sans pitié et chant fragile mais volontaire pour des histoires d’adultère, la recette 2021 de Vaillant (Strasbourg). RS
12. The Parrots, Maldito (Heavenly Recordings)
Cette chanson, c’est la chanson qui nous fera garder les pieds sur terre si jamais un jour, on se prend pour un adulte. Cette chanson, c’est la chanson de la jeunesse éternelle. CB
13. W. H. Lung, Showstopper (Mélodic)
Quand un des meilleurs groupes actuel de Manchester se prend pour un Killing Joke du dancefloor, ça donne un cocktail explosif et jouissif qui aide à avaler la pilule 2021. DJ
14. Veik, Political Apathy (Fuzz Club)
Le curseur oscille entre cold et motorik, la voix est glaçante et l’accent français tout à fait assumé, le groupe charismatique sur scène et l’album vraiment réussi. Une des vraies bonnes révélations de l’année. TS
15. Arab Strap, Here Comes Comus (Rock Action Records)
Retour inespéré et album long en bouche, second single martial et imparable, cheerz guys! EG
16. Trees Speak, Seventh Mirror (Soul Jazz)
Quatrième album en un peu plus d’un an du duo originaire de Tucson. Un sommet de psychédélisme néo-kraut ! VC
17. A Certain Ratio, Night People (Mute)
Viens chalouper dans la nuit à Manchester avec ACR, tu ne le regretteras pas. CM
18. Nick Cave & Warren Ellis, White Elephant (Goliath Records)
Quel plaisir de voir les vieux éléphants en avoir encore sous la patte : poésie féroce, les yeux en face du délitement du monde contemporain. PN
19. Big Thief, Spud Infinity (4D)
Certains jours de certaines années comme celle-ci, je me dis que je pourrais aussi bien essayer de rencontrer cette chanson, celle que je rêve d’écouter et de faire écouter, celle qu’écrirait Gary Snyder s’il avait un groupe. Il y aurait du violon, de la guimbarde, beaucoup de joie, des blagues et des chaussures de marche. Il y aurait quelque chose de réel. CC
20. The Coral, Vacancy (Modern Sky UK)
Double album et donc double dose de tubes cette année pour le meilleur groupe de Liverpool au monde. MG
21. Teenage Fanclub, Back in the Day (Merge Records/PeMa)
Amputés d’un tiers essentiel après le départ de Gerry Love, les vétérans écossais ont fait face à l’absence avec un brio et une énergie de jeunes hommes. MG
22. Silk Sonic, Blast Off (Aftermath/Atlantic)
La conclusion du premier album de Silk Sonic (Bruno Mars et Anderson .Paak) est une promesse de lendemains heureux. Production somptueuse aux services d’une très belle chanson: le duo a mis les petits plats dans les grands. AGF
23. Kit Sebastian, Agitate (Mr Bongo)
À l’image d’une autre année d’incertitudes, le titre Agitate est arrivé cet été comme la promesse d’une meilleure rentrée, pleine de sorties (ratée en 2020). Accompagné d’un clip sublime, ce titre résonne comme un appel à la transgression en 2021. Sa musicalité alterne entre angoisse et espoir. Ce morceau m’a accompagné ou devrais-je dire guidé sur les routes de l’Alta Rocca jusqu’au Cap. EB
24. Sven Wunder, Impasto (Mr Bongo)
Morceau d’une finesse et d’une légèreté… Il figure dans mes titres préférés de 2021. Il contraste mon autre titre de 2021 avec son ambiance plus romantique et moins oppressante. L’autre image de 2021 : l’espoir. EB
25. Dean Blunt, Nil By Mouth (Rough Trade)
“Future’s bleak”, ballade alphabétique et lysergique par excellence de ce début de décennie morose déjà en grande nécessité de catharsis. PN
26. Hand Habits, motherless (Sub Pop Records)
27. Porridge Radio, Wet Road (Secretly Canadian)
Une envoûtante reprise de Scout Niblett par l’incomparable Dana Margolin – et cette chanson est partie prenante de la campagne caritative menée par Secretly Canadian pour aider les sans-abris d’Indiana. Double bravo donc. CM
28. Shannon Lay, Rare to Wake (Sub Pop Records)
2021 contraint, une autre année de la pensée magique ; incompréhension, incrédulité, enfermement et colonisation par une souffrance sourde qui affadit et leste corps et esprit. Avec des textes profonds et bouleversants, avec une vieille guitare de folk singer, Shannon Lay a insufflé à nos espaces intérieurs un peu plus de nuances et de délicatesse, nous a re-aut(h)orisé à l’affirmation de notre fragilité, nous a redonné un peu d’air. VB
29. Sufjan Stevens & Angelo De Augustine, Reach Out (Asthmatic Kitty)
Aucune hésitation sur mon album de l’année, ni sur ma chanson préférée de ce dernier. Après je-ne-sais-combien d’écoutes, ces entremêlements de guitares, ces harmonies de voix et ces nuances titillent mon cerveau d’une manière toujours aussi plaisante. CG
30. Dusted, They Don’t Know You (autoproduction)
Sublime extrait d’un disque dont j’ai pris beaucoup de temps à mesurer la valeur, dont je n’ai jamais parlé cette année et qui pourtant m’a été d’un grand réconfort. CG
31. Chevalrex, La Tombe de Jim (Vietnam)
Cette chanson est-elle trop belle pour nous ? Elle est tellement, parfaitement, ce que nous rêvons, qu’elle nous en libère et nous ouvre les oreilles au lieu de les tenir enfermées : c’est la marque des chefs-d’œuvre absolus. CC
32. KCIDY, Avec Le Vent (Vietnam)
Une merveille de délicatesse pop passée trop inaperçue. AGF
33. Jo Wedin & Jean Felzine, Femme de l’année (AT(h)OME)
Ce duo composé de Johanna Wedin (chanteuse du duo pop-folk Mai avec, au début, Dorian Dumont puis Fred Fortuny) et Jean Felzine (leader de Mustang) fabrique des chansons avec des paroles poignantes sur des mélodies sensuelles et entraînantes et méritent, à mon avis, d’être plus connu. Cette chanson, La femme de l’année, est totalement représentative de notre époque du tout-va-vite et paradoxalement, je suis sûre qu’elle ne sera pas remplacée si facilement et restera avec nous longtemps. Indémodable. HMD
34. Axolotes Mexicanos, Cara de Idiota (Elefant Records)
Délicieux soleil sucré ayant offert quelques uns des plus précieux instants de pop de cette année, le troisième album d’Axolotes Mexicanos n’a rien perdu de sa splendeur twee depuis sa sortie au printemps dernier. Et quand il s’agit de se souvenir d’un moment pour figer 2021 dans un écrin, c’est le refrain de Cara De Idiota qui revient, de ceux qu’on rechantera bien dans trois-quatre décennies au moins. EV
35. Frankie Traandruppel, Tug-O-War (Ronny Rex)
En Flandres, à Diest, sévit depuis quelques années un homme appelé Lee qui compose sous le nom de Frankie Traandruppel. Ces trois minutes prouvent le génie de M. Swinnen, capable de pondre une mélodie implacable, entêtante et brouillonne ; un artiste que l’on à hâte de voir pour la première fois chez nous. Patience, patience… Remercions Ronny Rex, qui sort de sa hotte tant de bons projets du plat pays et qui nous ambiance avec ses mix de qualité. VDPJ