Un chouette label français (Field Mates) a eu l’excellente idée de rééditer, en vinyle, à cent copies, au printemps dernier, le deuxième album de Jons, At Work On Several Things, publié initialement en cassette, en 2016. Écrire pour la presse écrite traditionnelle ne permet pas toujours de mettre à l’honneur ces initiatives pourtant salutaires : questions de délai (minimum un mois avant la sortie officielle), de distribution (nationale) et parfois de manque de place (huit cents signes pour un super disque). Nous aurions ainsi pu rater, At Work On Several Things, comme tant d’autres très bons albums.
Au delà de quelques tics si propres à l’époque (guitares désaccordées et nonchalantes), il émane de ces treize morceaux une élégance à peine troublée par une production bancale mais réussie. Jons, loin de se contenter de pasticher leur compatriote Mac Demarco (l’influence la plus évidente), insuffle, par son songwriting délicat, une finesse et un regard clouant les copies au tapis. Nous nous lovons ainsi dans les volutes psychédéliques d’une mélodie carillonnante (Trip Ads). Des complaintes chamarrées retentissent au loin (In The Yard) tandis qu’Equestrian Form nous plonge dans un voyage cérébral et spirituel. Jons prend parfois de la distance avec la pop (le très bel instrumental Everything Happens to You) pour mieux nous y faire revenir (D Drum). Si At Work On Several Things n’est pas toujours aussi beau et gracieux que dans ses sublimes zéniths, l’ensemble a une sacrée allure, celle d’un secret bien gardé que l’on a envie d’éventer à toutes et tous tant il nous saisit de toute sa hauteur.