Brian D’Addario, Till The Morning (Headstack)

Brian D'Addario, Till The Morning (Headstack)Alors que la fabrique à tubes de The Lemon Twigs semblait déjà tourner à plein régime – deux albums en autant d’années, le dernier étant sorti à la fin du printemps dernier – voici donc que les frangins surdoués se lancent, chacun de leur côté, dans une discographie solo destinée à alimenter le catalogue de leur propre label tout neuf. C’est beaucoup ? Sans doute, mais certainement pas trop. Dans un monde où les causes de déréliction ne cessent de s’accumuler sur bon nombre de fronts, le fait de partager le même espace-temps que les frères D’Addario demeure en effet l’un des motifs les plus notablement régulier de réjouissance. C’est à Brian, l’aîné, que revient l’honneur d’ouvrir le bal avec cette collection de onze titres inédits.  Comme à certains moments de leurs concerts communs, le cadet Michael s’est simplement esquivé à l’arrière-plan, sans pour autant disparaître complètement – il a coproduit l’album et on l’entend encore sur la plupart des chœurs.

Brian D'Addario, Till The Morning (Headstack)
Brian D’Addario / Photo : DR

Même si on y reconnait un savoir-faire et un brio mélodique désormais familiers, cette première œuvre en marge de celle du groupe surprend cependant par ses tonalités plus mélancoliques et des arrangements dont sont exclues, à de rares exceptions près, toutes les rythmiques guillerettes. Toutes les références au rock – ou presque – sont donc ici abandonnées au profit d’une sorte de country baroque – pour reprendre l’étiquette proposée par l’auteur lui-même – où les éléments acoustiques – guitare et piano – esquissent seuls les trames des chansons, complétées ensuite par des ornements divers et inattendus : la guitare slide sur One Day I’m Coming Home ou This Summer, le clavecin sur Flash In The Pan, les cordes à la Left Banke de Useless Tears. Dans ce climat musical propice à l’introspection, Brian D’Addario semble moins réticent à explorer ses états d’âme, évoquant l’isolement et les désirs d’amour inassouvis qui constituent la quintessence de cette pop adolescente dont il apparaît, une fois encore, comme l’un des héritiers les plus talentueux.

A cet égard, les deux titres co-signés par Stephen KalinichSong Of Everyone et What You Are Is Beautiful – ancien collaborateur de Brian et Dennis Wilson, garantissent la continuité historique avec le legs essentiel des années 1960. Pour ne pas s’emprisonner dans ces références datées, l’aîné des Twigs s’aventure plus résolument encore qu’à l’accoutumée sur un chemin paradoxal, à rebours de la modernité, en explorant des pistes plus anciennes encore. Celles d’avant l’ère du rock, qui le conduisent jusqu’à l’âge d’or du musical américain et aux sanctuaires de Tin Pan Alley dont il exhume quelques trésors enfouis : Company ou Spirit Without A Home, comme des airs de Jerome Kern passés au filtre du Honey Pie de McCartney. De la virtuosité au service d’une inspiration sans faiblesse perceptible et qui laisse une seule question en suspens. A quand la suite ?


Till The Morning par Brian D’Addario est sorti sur Headstack

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *