Le texan Ari Roar – projet autarcique du chanteur/compositeur Caleb Campbell, qui assure peu ou prou l’ensemble des instruments – est l’un des secrets les mieux gardés de l’indie-pop américaine, l’un des plus doués aussi. Le garçon est apparu à la fin des années 2010, signant deux belles collections de vignettes pop au format de poche (Calm Down en 2018 sur le label Bella Union et Best Behavior en 2019, déjà autoproduit) aussi indolentes que pourtant d’une furieuse inventivité. Made To Never Use, dernier effort en date, essentiellement disponible pour l’instant sur Spotify, est une nouvelle fois un petit bonheur de disque bref, concis et totalement accrocheur.
Une dizaine de pop-songs bricolées comme l’on assemble un Lego, montant brique par brique mélodique ses compositions résolument pop et irrésistibles. Les chansons de l’américain donnent ainsi l’impression ludique qu’elles pourraient se démonter et se remonter, mesure par mesure, sans pourtant perdre de leur attrait. Sur la forme, si ce natif de Dallas ne cache pas son admiration (partagée) pour les disques trop rares de l’acteur Jason Schwartzman, dont on peut évidemment entendre la filiation – cette même aptitude d’artisan pop qui veut toujours en faire plus avec moins – il se révèle moins académique dans ses constructions, maniant par exemple avec naturel les codes d’un psychédélisme bon enfant (Took Off) ou encore s’adonnant plus spontanément (notamment sur ce nouvel effort) aux joies des cavalcades emmenées par des riffs sautillants de guitare forcément ligne claire (Far From The Rest, Made To Never Use). Il évoque ailleurs un Mac Demarco plus rigoureux (Hide Out) ou encore des Strokes de cours de récréation qui auraient laissé de côté leurs prétentions (Hive Mind). Inutile donc de prendre le titre de cet album à la lettre, il pourrait au contraire devenir le meilleur compagnon de vos prochaines semaines.