Superpitcher, The Golden Ravedays (Hippie Dance)

SuperpitcherD’Aksel Schaufler, taulier du label Kompakt, dont il a très largement contribué à bâtir le son aux cotés des fondateurs Michael Mayer, Wolfgang Voigt et Jürgen Paape, on commençait à se lasser de ne plus le voir utiliser son alias le plus emblématique, Superpitcher.

Celui sous lequel il a signé l’un des disques les plus captivants des années 2000, le magnifique Here Comes Love (2004), précis intimiste d’électro-pop aux effluences romantiques exacerbées et aux ambiances cabaret fin de siècle délicieuses. Son successeur, Kilimanjaro (2010), sans atteindre les mêmes sommets ascétiques, montrait le natif de Ulm s’ouvrir sur d’autres obsessions tout en conservant cette même capacité à étirer les motifs et boucles aériennes et composer des pop-songs modernes. Plus occupé dernièrement à enquiller les DJ sets et à développer les projets et collaborations aux ambitions moindres (Supermayer et Pachanga Boys en compagnie respectivement de Michael Mayer et du mexicain Rebolledo ou le plus anecdotique King So So, projet discoïde dadaïste), 2017 l’aura pourtant vu faire les choses en grand pour réactiver la saga Superpitcher.Depuis le mois de janvier, le désormais parisien d’adoption, où il réside depuis plus de cinq ans, a délivré de façon mensuelle un maxi de 2 titres dont la durée unitaire n’est jamais inférieure à la dizaine de minutes. L’ensemble, réuni dans un coffret distribué par Kompakt qui s’annonce gargantuesque, devrait dépasser les trois heures d’écoute. Si le maxi introduisant la série offrait une continuité indéniable avec les œuvres passées du blondinet, le magnifique Little Raver où Schaufler évoquait, sur une boucle intimiste aux accents pop, ses années de raver juvénile croquées en quelques lignes de paroles dont il a le secret, les autres maxis l’ont vu laisser plus librement court à ses inspirations. De l’hommage humoristique à Warhol (Andy), celui amoureux à Saint-Laurent (Yves) et celui tribaliste à Ginsberg (Howl) en compagnie du groupe vocal sud-africain Tanda Tula Choir, que l’on retrouve également sur le très afro-acoustique Bluesin, la house de Brothers qui lorgne sur les productions deep d’un Moodymann ou encore l’orgue obsédant de 1984. Chaque titre se voit développer en longueur pour aller flirter avec ses derniers retranchements hypnotiques. Ce qui peut dans quelques cas relever du work in progress destiné au dancefloor (Pocket Love, Resistance) ou de la tentative un peu vaine (la drum & bass trop vaporeuse de Let’s Play Doctor), montre sur une majorité de titres ce que l’on avait souvent touché du doigt dans les précédentes œuvres de l’allemand, cette aptitude à susciter l’émotion par la répétition en modulant avec méticulosité ses boucles entêtantes. Et si l’on pourra regretter que l’allemand délaisse ici trop souvent le chant, quand bien même on connait les capacités du garçon à composer des paroles aussi brèves que pourtant pertinentes d’intelligence (l’inépuisable People sur Here Comes Love), l’œuvre, de par sa démesure, son ambition et son incontestable réussite, impressionne.

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