Depuis quelques années, le revival psychédélique nous gratifie de disques plus ou moins réussis. Comment renouveler un genre musical qui cumule déjà plus d’un demi-siècle d’histoire, avec ses propres codes et ses icônes ? Parmi les réussites, il y a eu Thee Oh Sees et le tourbillon garageux ; plus récemment, Kikagaku Moyo et la scène japonaise. Que dire également de cette vague chill et cannabinoïde, à laquelle nous avons dédié une playlist cet été ? Malheureusement, trop souvent, des groupes ont choisi la voie de la facilité : proposer, bon an mal an, un sous-Black Angels ou un sous-BJM. Vinyl Williams évite fort heureusement cet écueil, prouvant qu’il est encore possible d’innover en marge des chemins balisés. La « pop céleste » du quatuor californien livre en effet une étonnante fusion de la sunshine pop des années soixante et de digressions jazzifiantes, le tout enveloppé d’un ample halo de reverb. Comme si le Wrecking Crew entier avait absorbé des champignons hallucinogènes, ou si Brian Wilson avait mieux supporté les acides. Mais l’exercice de la comparaison parait encore trop réducteur concernant Vinyl Williams. Le groupe ambitionne de créer un univers parallèle trippatif empreint d’exotisme voire d’occultisme (cf. les lyrics, davantage murmurés que chantés, particulièrement ésotériques). Des pochettes aux clips interactifs (Lionel ‘Vinyl’ Williams est le neveu de John, illustre passeur entre musique et vidéo), il façonne son macrocosme lysergique. Sur le plan musical, la formation se montre tout aussi ambitieuse. Elle privilégie les changements de tempo, les brisures rythmiques, le tout avec une grande richesse harmonique. Exigeant, au début un peu déroutant, Opal souffre de ne pas contenir réellement un titre à potentiel, disons, tubesque ou radiophonique. Il se laisse néanmoins apprécier sur la longueur, comme on pourrait savourer un vieux Soft Machine. Et c’est déjà très bien, pour ce qui s’affirme comme une des belles réjouissances de l’année, publiée chez nos collègues et amis esthètes de Requiem Pour Un Twister.
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En attendant des réussites du même niveau chez les groupes français (mais patience, l’album sort de Biche sort bientôt, je crois). Merci beaucoup pour ce bel éclairage, la poésie n’est décidément pas tout-à-fait morte en ce bas-monde.
En France, on peut écouter Thomas Subiranin (https://www.youtube.com/watch?v=MYonsgHs6sY) ou encore La Mirastella (https://soundcloud.com/la_souterraine/la-mirastella-biche) dont l’album sort le mois prochain. Chez nos voisins suisses, L’Eclair (https://leclairbbib.bandcamp.com/), mais ce sont déjà des territoires plus library/groove !