The Homeshake Tape (2013) accompagna notre été naissant, cette année-là. Bande originale d’un road-movie dont nous étions les héros, le disque nous marqua profondément. Il est probable que nous ne fûmes pas les seuls à tomber sous le charme irradiant de cette cassette éditée à bien peu d’exemplaires par le précieux label Fixture Records. Derrière Homeshake, un nom bien connu des aficionados de Mac DeMarco, le guitariste de son groupe live : Peter Sagar. Originaire d’Edmonton mais installé à Montréal, le Canadien partage avec son camarade de label (Sinderlyn est une nouvelle structure créée par Captured Tracks) ce goût pour un funk blanc éclopé et dépenaillé. Les guitares sont tordues, clinquantes et accordées avec une justesse relative. La comparaison a ses limites. Magnifique premier long format de l’intéressé, In The Shower en est une excellente illustration. L’album creuse les obsessions de Sagar déjà présente en filigrane dans The Homeshake Tape (2013), soit une pop nourrie à la southern soul, au jazz (Slow), au blues (Doo Dah), rugueuse et pourtant si raffinée ! Le disque se situerait ainsi quelques part entre Orange Juice, Prince et des Ohio Players sous calmants (She Can’t Leave Me Here Alone Tonight). Dix morceaux et presque autant de diamants bruts qui vont hanter vos soirées, votre vie, s’insinuer dans les méandres de votre esprit et ne plus jamais vous lâcher. Mélancolique, indolent, mais râpeux, In The Shower sonne terriblement juste et sincère. Il saisit avec la hardiesse des grands ce qui rend la soul si puissante : capturer un peu d’âme et l’offrir à nous autres, mortels et séculiers.