Il aura fallu attendre presque trente ans pour que Beth Orton sorte un album dont elle soit fière. Si l’on considère souvent que Trailer Park et Central Reservation sont les sommets de sa discographie, Weather Alive remet les compteurs à zéro avec des chansons qui ont failli mettre fin à sa carrière. Son précédent label, Anti-, ayant cassé son contrat, la sensibilité et les insécurités déjà bien présentes d’Orton se sont retrouvées accentuées. De cette période de doute, Beth Orton a su tirer le meilleur, décidant de terminer l’album seule, en imposant sa vision. Cette liberté se ressent tout au long des huit titres qui, s’ils ne transpirent pas la joie de vivre, empruntent des directions inédites, toujours centrées autour d’un piano. Alternant entre le contrôle et des semblants d’improvisations, Weather Alive est plus axé sur les émotions que sur la perfection. Il tire d’ailleurs sa puissance de sa fragilité ouvertement affichée. Cette fragilité se retrouve également dans l’entretien sans filtre que Beth Orton nous a accordé dans une brasserie du onzième arrondissement de Paris, un jour de canicule, lors d’un break de sa tournée avec Alanis Morissette. N’hésitant pas à aborder des sujets personnels, elle parle en détail du parcours qui l’a amenée à produire Weather Alive, que beaucoup considèrent déjà comme le sommet de sa carrière. Continuer la lecture de « Beth Orton : « Pour la première fois, j’ai laissé mon égo s’exprimer » »