Édito
En sept ans, à quelques exceptions notables (Lawrence, Cass McCombs, Vashti Bunyan), depuis que je vis en Écosse, mes interviews ont été faites au téléphone, ou sur Internet. Il en prend un coup, le romantisme du rock critic. Enfin. Je me disais « Comment faire pour enfin choper les émotions humaines de près ? » Et puis, l’idée m’est venue. Pourquoi ne pas aller voir ceux d’à côté ? Les Écossais, les vrais, ceux qui ont façonné le son du petit bout de terre au Nord de l’Angleterre, qui, en terme de patrimoine pop, se posent là.
Davy Henderson, son statut de légende inconnue, ses disques confidentiels mais brillants, son groupe Win (le meilleur groupe de pop écossaise des années 80), semblait tout désigné pour débuter. On s’est rencontré dans le café d’une galerie du centre d’Édimbourg. Le cadre parfait, au charme adéquat. Il y avait des dessins phalliques de Lee Lozano au mur, histoire de faire un clin d’œil à New York in the ’70s, cette influence éternelle, et aux Sexual Objects, le groupe actuel de l’intéressé. Davy n’avait même pas fait exprès. Le flair des gens de talent, sans doute.
De fil en aiguille, l’affaire prend un autre tour, celui d’un mini-fanzine. On propose à Christophe Basterra, ce maître zen de la critique pop moderne, de faire une intro. Lequel rétorque que tant qu’à faire, autant faire ce qu’on veut, il préférait plutôt parler d’autres légendes des marges calédoniennes. Étienne Greib itou. Matthieu Grunfeld trouve une chronique qui parachève l’édifice bâti par Pauline Nuñez et sa magie du graphisme de bric et de broc — dans la plus pure manière instillée l’an dernier par Samuel Étienne. Et voilà votre mini-fanzine pour l’été. Lisez-le. Imprimez-le autant que vous voulez. Distribuez-le partout. Puis faites le vôtre. Enfin, faites ce que vous voulez, surtout, c’est bien ça, la leçon de l’histoire.