Le 10 octobre dernier, nous débarquions au Supersonic voir le groupe taïwanais Sunset Rollercoaster dans le cadre d’une soirée La Veillée Pop (avec également Good Posture, évoqué ici-même dans un Sous Surveillance). Il n’est pas 21 heures, et déjà, une queue hallucinante longe le pâté de maisons de la rue Biscornet. Dans un lieu bondé et après des débuts timides sur scène, Sunset Rollercoaster livrait un set impeccable. La setlist de ce soir-là incluait l’EP Jinji Kikko (2016) ainsi que leur récent album Cassa Nova paru en mars dernier, sorti à la suite de Bossa Nova (2011). S’il est un peu tard pour aller applaudir la formation taïwanaise sur scène, ne passez pas à coté de leur très beau second effort. Certes, l’introduction (Almost Mature ’87) pourrait vous en éloigner. Elle flirte dangereusement avec mauvais goût; des accords de piano électrique FM répondent à un saxophone dans une pastille de séries américaines qui rythmaient les après-midis des années 80, un plaisir coupable peut-être un poil difficile à assumer totalement. Elle ne dévoile cependant pas toute l’étendue du talent déployé par les Taïwanais au cours des huit autres compositions. Sunset Rollercoaster signe en effet une des collections de chansons les plus attachantes et chic de l’année. Cassa Nova suggère à bien des égards la surprise causée par Infinite Bisous l’année dernière. Les deux disques ont en effet en commun d’être de parfaits complices des étés crapuleux ou plus mélancoliques. Cependant, si les deux albums partagent une certaine langueur funky synthétique, Sunset Rollercoaster offre une expérience beaucoup plus décomplexée offrant un récital d’influences smooth jazz, et soft rock. Quelque part entre Toto, Al Jarreau, Quincy Jones, Aztec Camera, Spandau Ballet, ABC, Incognito mais aussi Homeshake ou Mac DeMarco. Ne partez pas ! La chose sonne divinement bien, production soignée et classieuse, arrangement aux petits oignons (une orgie de synthés 80’s au chorus chaud et ample). Sunset Rollercoaster nous embarque dans une production hollywoodienne rutilante aux allures de trip technicolor ensoleillé dans l’Asie fantasmée des années 80. Chaque note est à sa place, tout coule de source, accompagnant une voix simple mais soyeuse (particulièrement sur le très bel enchainement Slow et Oriental). Les accords riches de jazz se frottent à des basses groovy au Moog (Cool Of Lullaby). Si certaines chansons nous invitent à danser (Angel Disco Love, Summum Bonum), d’autres nous plongent dans un état de bien proche d’une léthargie extatique (les sublimes Greedy et Libidream). Bien sûr, tout le monde n’y trouvera pas son compte, mais ceux qui s’y laisseront prendre risquent de sacrément aimer ce Cassa Nova.
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