Quelques mois après la sortie de Collection, recueil de deux ans de démos publiées sur Bandcamp (agrémenté d’une paire de nouveautés), Sophie Allison, alias Soccer Mommy, 20 ans, présente son véritable premier album, Clean. La sortie coïncide de près avec celle de Lady Bird, film hautement inspiré de la jeunesse de sa réalisatrice et icône du cinéma indé, Greta Gerwig. Deux formats différents pour un même récit : une fille, au crépuscule de son adolescence, se met en tête de quitter sa ville endormie pour rejoindre New York, théâtre idéalisé de la culture et des futurs grands amours. Soccer Mommy – qui indique sur Bandcamp avoir composé « à New York pendant les semestres scolaires et à Nashville pendant les vacances » – raconte les désillusions, les déceptions. Nous devinons très vite l’influence d’Elliott Smith : au fil des morceaux, l’introspection douloureuse, par roulements de batterie délicats, s’enlumine (Still Clean, Wildflowers). Sur Clean comme à l’adolescence, les couleurs sont intenses et changent vite. S’il est tentant au premier abord de rapprocher Soccer Mommy des jeunes pousses qui agitent l’indie-pop (Julien Baker ou plus récemment Phoebe Bridgers et Lucy Dacus), sa musique – de l’humilité du chant à la nonchalance des guitares (Flaw, Skin) – évoque tant la scène alternative du début des années 90 qu’elle la lie en fait d’avantage à des formations comme Girlpool ou Chastity Belt. Clean s’inscrit totalement dans le registre de la bedroom pop mais ne fait pas pour autant dans l’eau de rose : l’entêtant single Your Dog rappelle les premiers pas de Beach Fossils, quand Last Girl pourrait être tiré de l’estival Crazy For You de Best Coast. « I wanna be that cool » répète Soccer Mommy. Objectif atteint.
Home > chroniques > chronique nouveauté > Soccer Mommy, Clean (Fat Possum Records)