Voici au moins 15 ans que Alex Van Pelt a débuté dans la musique. C’était aux alentours de 2008, sous le patronyme de « Alex Banjo », en tant que guitariste de Coming Soon. A leurs débuts, avec l’album New Grids, les membres de cette joyeuse bande originaire d’Annecy s’étaient fait connaître en tant que très rares représentants du courant anti-folk en France. Ils ont depuis lors publié pas moins de quatre albums et cette aventure les a amenés à côtoyer aussi bien Kimya Dawson et Adam Green des Moldy Peaches, que Herman Düne et Etienne Daho – leur premier fan -, avec lequel ils ont enregistré et partagé la scène.
Mais alors que certains membres de Coming Soon comme Leo Bear Creek et Howard Hughes s’étaient déjà consacrés à des projets parallèles (The Pirouettes, Arkadin), Alex Van Pelt a attendu 2019 pour tenter sa première échappée en solo. En sortant Tum Tum, album aux arrangements très électroniques, sur lequel on trouve quelques morceaux remarquables comme Computer Screens ou Sun Rays, à l’atmosphère sonore proche de celle d’Ariel Pink, puis Global Crush (2021), disque de la même eau qui contient notamment la très entêtante Broken Heart ou encore la mélodiquement très aboutie Snowfall in July, Alex Van Pelt a su montrer qu’il avait bien plus d’un tour dans son sac. Si le public français a récemment eu le plaisir de le voir sur scène jouer de l’orgue d’église pour le brillant Ryder the Eagle, il a également pu se régaler de ses prestations live en première partie de ce dernier. Seul avec sa guitare et sa voix, Van Pelt a su montrer avec délicatesse toute l’étendue de son talent de compositeur et d’interprète, régalant l’auditoire de ses compositions, rendues d’autant plus touchantes qu’elles se trouvaient réduites à leurs plus simple expression. Son troisième album sortira en septembre prochain.
Alors qu’il vient de sortir plusieurs singles, dont le très réussi Sincerly, aux accents délicieusement lennoniens, Alex Van Pelt a accepté de nous faire découvrir quelques chansons chères à son cœur.
01. Pudding Club, Apogamy
C’est un bon morceau d’intro je crois. J’ai découvert Pudding Club via son autre alias, OTTO. J’avais adoré son album Clam Day, un grand patchwork de productions super digitales. Pudding Club c’est plus organique, et c’est super aussi ! J’écoute ce morceau en boucle, je trouve le choix des sons incroyable !
02. Blur, Caravan
J’étais obligé de la mettre, c’est une chanson qui me suit depuis que je suis petit. Je sais que Think Tank n’est pas l’album favori des fans, mais moi c’est le premier que j’ai écouté quand j’avais 12 ans et ça m’a beaucoup influencé, aussi bien dans l’attention qui est portée aux mélodies que dans la production toujours surprenante. Caravan est le meilleur morceau de l’album pour moi, c’est très minimal et pourtant tellement beau ! Ça me met les larmes aux yeux à chaque fois !
03. Poly Styrene, Dreaming
C’est la chanteuse de X-Ray Spex, mais c’est pas du tout punk quand elle est en solo. Son album Translucence est parfait, c’est doux et solaire. Je vous laisse écouter et et vous faire emporter par les flûtes à 0:47.
04. Roy Orbison, You Got It
J’ai choisi ce morceau au refrain le plus catchy de tous les temps parce qu’il est super pour l’été : il faut baisser toutes les fenêtres de la voiture, mettre le volume fort et cruiser sur la côte. C’est ce que je faisais quand je l’ai découvert et c’était génial !
05. Soulpatch, Castle In the Sky
Honnêtement je connais pas grand chose de Soulpatch, je suis un peu tombé dessus par hasard. J’étais pas sûr d’aimer à la première écoute et puis là j’ai passé une semaine chez ma grand mère et je l’écoutais tous les jours pour aller à la plage. En fait c’est un tube ! C’est un bon mélange entre Pavement et Smash Mouth avec un son d’aujourd’hui. Puis il y a peu de groupes qui osent remettre du scratch premier degré dans une chanson en 2023 donc rien que pour ça, bien joué.
06. King Krule, If Only it Was Warmth
Je trouve cette chanson super bien écrite dans l’épure, ce qui est pas facile à faire. Toutes les phrases touchent, même dans leur abstraction. Le son est super beau, tout velouté. Ça donne envie de faire des chansons très sobres comme ça.
07. The Fleetwoods, They Tell Me It’s Summer
J’ai un gros faible pour les chansons de rupture, et les années 50 en ont produit un nombre incalculable. Mais toutes ne sont pas du niveau de celle ci : il y a une mélancolie de l’été, une naïveté grave (« the days don’t grow longer / as in summer they do / it’s the night that are longer / cause they’re nights without you »). Pour celles et ceux qui apprécient le style, il faut écouter tout le best of Come Softly to Me de The Fleetwoods, c’est très qualitatif.
08. Leland Whitty, Svalbard
Un morceau tout en apesanteur, avec ces espèces de nappes de flûtes slicées en intro avant d’arriver sur un lit de guitare acoustique : c’est très visuel comme musique. Cool pour la méditation ou bien regarder par la fenêtre du train en se croyant dans un film comme je suis en train de faire.
09. Roberto Carlos, Detalhes
Rien à voir avec le joueur de foot. Detalhes, c’est le genre de chanson que tu attrapes en plein vol sans trop savoir d’où ça vient mais qui te prend directement. J’étais dans un taxi à Mexico quand je suis tombé dessus, j’ai directement regarder ce que c’était sur l’écran lcd de la radio. Depuis ça fonctionne comme un portail temporel : à chaque fois que je la réécoute je me retrouve à nouveau dans ce taxi, c’est la nuit, les arbres et les lampadaires se mélangent dans la chaleur de Mexico City.
10. 7038634357, No Hate Is a Cold Star
Je finis ma sélection par ce qui pourrait s’apparenter à un générique de fin, No Hate Is A Cold Star de 7038634357 (un nom obscur en forme de numéro de téléphone) est un chef d’œuvre d’assemblage sonore. Plein de tristesse et d’espoir en même temps, un morceau fait de peu d’éléments mais ultra judicieusement placés. J’y reviens très souvent depuis quelques années déjà. Voilà, les crédits défilent, FIN.