De San Carol, on n’avait pas oublié La Main Invisible (2013). Un premier effort intrigant, un disque (de) solitaire entièrement tourné vers les synthétiseurs et une certaine idée des eighties, cette décennie que Maxime Dobosz n’a pas connue. Plus ramassé et percutant, ce second essai enregistré en groupe prend le rock à bras le corps, sans évacuer l’amour des claviers analogiques ni le sens du décalage.Retenue et parfaitement maîtrisée, la violence roborative doit toujours beaucoup au krautrock et à ses nombreux descendants. Les onze minutes régulières, motorik et ouvertes au tabassage de L’Œil S’Ouvre rappellent La Düsseldorf, quand Le Graal Ardent ravive la mémoire du Primal Scream de la trilogie fantastique. Joliment nommée, Invitation À La Vie Intense sonne comme une réponse à Low-Life (1985) de New Order, et Harmonie Holistique aurait pu figurer sans rougir sur Primary Colours (2009) de The Horrors. À ce stade de la chronique, vous vous dites que tout ceci sent la référence impeccable, la culture légitimée. Et c’est là que San Carol surprend : ainsi, Oxyon 77 branche Trans AM sur la FM (ces guitares !) et Cosmicia contient un refrain héroïque impossible et impardonnable. Sauf qu’ici, cette envolée putassière passe comme une lettre à la Poste. Ce genre de contre-pied au bon goût achève de nous convaincre : les nébuleuses krautrock et post-punk étant devenues des écoles prisées et intouchables, la démarche décomplexée de San Carol s’avère rafraîchissante et prouve que l’on a affaire à un peu plus qu’un habile faussaire. Impeccable.
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