Pinback, Blue Screen Life (Ace Fu, 2001)

Sorti la même année (2001) que The Argument de FugaziBlue Screen Life de Pinback, bien que très différent, appartient à ce même terroir indépendant nord-américain. Nous sommes au début des années 2000, à l’ère des post (hardcore, rock) et de l’emo (canal historique), l’indie-rock étatsunien vibre et expérimente. Pinback se nourrit de ce contexte et l’insuffle dans leur musique pop aussi délicate qu’innocemment ambitieuse. Quand le groupe sort son premier album en 1999, les deux musiciens n’en sont pas à leur coup d’essai. Membres de l’active scène underground de San Diego, Armistead Burwell Smith IV et Rob Crow ont joué notamment dans Three Mile Pilot (pour le premier) et Heavy Vegetable.
Ils font également intervenir quelques copains qui les rejoignent en live (
Tom Zinser). Si leur musique peut sembler plus apaisée que leurs précédentes formations, les deux artisans derrière Pinback ont conservé des réflexes. À la manière de Violent Femmes qui troquent les guitares électriques du punk pour des acoustiques, Pinback transvase des idées de l’emo et du post-hardcore dans un contexte plus pop. L’apparente douceur habille la précision. Les couleurs pastel et les guitares claires permettent ainsi au duo de mieux explorer et peindre leurs idées. Sur Blue Screen Life, leur deuxième album, publié par Ace Fu (États-Unis) et Cutty Shark (Europe, label rock de R&S), Pinback trouve la parfaite justesse de leur formule. La guitare et la basse s’entrelacent dans une danse sinueuse, tandis que les voix changent régulièrement de registre mais semblent systématiquement vouloir échapper à la focale. Les compositions sont aussi singulières que fluides et élégantes. C’est une des immenses qualités de Pinback. Le groupe californien n’en met jamais plein la vue mais propose toujours des trouvailles inattendues. Leurs chansons recèlent de détails aussi discrets que délicats. Chaque chanson est un prétexte à de multiples coursives qui s’enchevêtrent à la perfection les unes avec les autres. Pourtant, rien n’est ici gratuit. Tout coule de source sur Blue Screen Life. Pinback maîtrise son sujet et nous embarque dans un voyage aussi gracieux que modeste. Pinback enregistre beaucoup à la maison, profitant des avancées du home studio, comme pour mieux préserver un fragile écrin. Pour autant, le duo embrasse la pop pleinement et assume d’être mélodique. Il suffit d’écouter Penelope pour s’en convaincre. L’évident tube de l’album offre une parfaite introduction à la philosophie de la formation, à travers de nombreuses strates imbriquées. Il ne faudrait cependant pas réduire Blue Screen Life à une unique réussite. Elles sont multiples (x i y, bbtone) L’album frôle la perfection. À chaque chanson exceptionnelle (Offline p.k.) succède un petit miracle (Concrete Seconds). Vingt-trois ans plus tard, replonger dans Blue Screen Life nous rappelle pourquoi l’indie-pop est une musique essentielle dans nos cœurs.


Blue Screen Life par Pinback est sorti chez Ace Fu en 2001.

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