Pictures On My Wall : Rémi Boissau

Steve Dior et les London Cowboys, sur la scène du Gibus, 1983 / Photo : Rémi Boissau
Steve Dior et les London Cowboys au Gibus, 1983 / Photo : Rémi Boissau

Au-delà – et bien au-delà… – d’être un “père de…”, Rémi Boissau est surtout un photographe mélomane ou un mélomane photographe – cela doit dépendre des soirs, je crois. Depuis des années et des années, sa longue silhouette et son casque de cheveux – qui n’aurait pas dépareillé au sein de The Romantics – devenus poivre et sel avec le temps se détachent dans la pénombre des salles de concerts clermontoises – et alentour. Avec une une élégance discrète, il s’emploie à immortaliser les artistes sur scène, son terrain de prédilection. Il capture un moment, une attitude, un sourire, un regard qui à chaque fois en disent long sur le modèle ignorant en être un et surtout, nourrit encore un peu plus un enthousiasme intact et communicatif. Comme on n’est quand même jamais mieux présenté que par soi-même, Rémi raconte ici, en mots et photos, les tout débuts de cette passion inaltérable.

“Attiré depuis longtemps par le son, les rythmes binaires et toute la mythologie qui les accompagne, l’image rentre dans mes centres d’intérêts dans une adolescence rêveuse bercée par une vieille radio à lampe héritée de mes grands-parents quelque part dans la campagne puydomoise ! J’y découvre à l’époque, les trois seules stations de la bande FM : Inter, Culture et Musique, qui continueront de forger un imaginaire grandissant. Sous le toit familial, le 24 x 36 du paternel est laissé en libre accès. En m’en emparant, il me permet une ouverture sur le Monde . Je décide assez tôt de faire de la photographie mon métier. Septembre 1983 : avec deux dizaines d’années au compteur, montée à Paris pour y retrouver, durant quelques jours, ma moitié et un frère bien au fait des soirées rock’n’roll de la Capitale ! Direction Le Gibus en sa compagnie pour y écouter Steve Dior et ses London Cowboys, combo londonien dont j’avais découvert quelque temps auparavant le premier LP, Animal Pleasure. Je me permets une 36 vues flashée ! S’ensuivra deux jours plus tard, au Palace, le concert de Johnny Thunders, passablement déglingué, où Steve Dior (fan de l’ex-New York Dolls) le rejoindra sur scène pour un Too Much Junkie Business comme d’habitude bien cabossé ! Là aussi, je fixe quelques instants d’une prestation qui ne restera pas dans les annales… »

« De retour à Clermont-Ferrand, rencontre avec les London Cowboys dans les locaux de Station Mu (radio libre clermontoise des frères Sinturel) : enthousiasmés par mes images, les Anglais m’en dédicacent deux ou trois en échange de tirages.
Ce retour positif me pousse à continuer mes explorations. J’adopte très vite la TRI X Kodak 400 Asa noir et blanc. Poussée de deux diaphragmes et tirée dans du Diafine, un révélateur en deux bains assez pointu, elle deviendra mon film préféré. M’établissant définitivement à Paris pour mes études, l’occasion m’est donnée dans mes deux premières années de photographier régulièrement la musique live, avec entre autres Jonathan Richman (vu au Rex Club et au Forum des Halles), Tony Joe White, Jason And The Scorchers sur les grands boulevards à l’Eldorado. En banlieue , j’ai l’occasion de photographier Alain Bashung (Clichy) ou Bill Hurley des Inmates (Champigny). Ces “live” sont de bonnes expériences qui me permettent de vaincre une certaine timidité, d’acquérir de l’assurance et surtout, de prendre un envol professionnel vers d’autres directions, souvent liées au monde du spectacle. À défaut d’être percutantes et parfaites, ces premières images sont comme des galops d’essais. En 1985, accompagnant une équipe de tournage sur un Festival de jazz dans la Sarthe, organisé par le label Nato, j’entends à cette occasion d’autres musiques et d’autres sonorités. C’est une nouvelle ouverture, la sensation d’une progression dans mon travail et la manière de l’aborder. L’emploi du 35 mm (objectif) me permet un rapport aux sujets plus direct et plus fluide. L’acquisition d’un nouveau boitier à visée plus lumineuse améliore la prise de vue. Mes cadres s’affinent. La satisfaction d’images plus réussies me pousse à aller de l’avant. C’est dans cette même période que je découvre la photographie de plateau cinéma. Mais c’est une autre histoire qui débute…”

01. Jonathan Richman – Rex Club, 1985

Fan trés tôt – je devais avoir 13 ans –, j’ai pris en pleine poire le premier disque de ses Modern Lovers produit par John Cale. Dans  une formule plus “troubadour”  je le photographie ici au Rex Club en 1985.

02. Alain Bashung – Clichy, 1985

Bashung à Clichy, lors du Live Tour 1985.
03. Tony Joe White – 1985


Tony Joe White
 à l’Eldorado à l’époque de l’album Dangerous : la classe absolue !

04. Eliott Murphy – 1985

Eliott Murphy au Phil’One à La Défense. J’avais à l’époque acheté son album Murph The Surf (1982). Revu depuis dans la banlieue clermontoise, il n’a rien perdu de son élégance !

05. Lone Justice / Jason And The Scorchers – 1985

Lone Justice faisait partie de ce rock américain retrouvant à l’époque des racines country comme Rank and File, les Del Fuegos ou Green On Red. Efficace ! Maria Mc Kee était vraiment jolie. Jason And The scorchers faisait également partie de cette génération-là. 

06. Steve Van Zandt – 1985

Steve Van Zandt s’était échappé du E–Street Band sur la scène de l’Eldorado !

07. Bill Hurley — 1985

Sans ses Inmates mais avec son pull à col roulé pour protéger des cordes vocale toujours à la hauteur : immense chanteur !

08. Los Lobos – 1985

Los Lobos aux Bains Douches. Je me souviens de guitares impressionnantes, bien avant leur reprise de La Bamba qui les fera décoller.

09. Les Fleshtones – 1985

10. Gamine – 1985

Gamine démarrait sa carrière et n’avait pas encore rencontré le succès que l’on sait : pop en français, c’était rare !

11. Little Bob – 1985

Little Bob en 1985, et il me semble sans sa Story. Total respect : High Time (1976), leur premier album, fait partie des dix disques qui ont le plus compté pour moi…

12. Festival de Chantenay-Villedieu, Sarthe (Lol Coxhill, Tony Coe, Steve Beresford…)

Un festival où se retrouvait la fine fleur du label Nato, spécialiste de Jazz décalé et marrant. Jean Rochard, son responsable, donnait la part belle aux musiciens anglais (Lol Coxhill, Tony Coe, Steve Beresford) mais on y retrouvait aussi Cyril Lefevbre, le célèbre joueur de ukulélé qui donna des idées à certains…


Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *