Membre fondateur de Quilt, le guitariste et parolier Shane Butler imagine le projet Olden Yolk lors d’une tournée avec le groupe psychédélique de Boston. Rejoint par la multi-instrumentiste Caity Shaffer (vue à la basse aux côtés de Molly Burch), le duo dévoile deux premiers titres en 2013 avant de revenir, cinq ans plus tard, avec un premier album folk-rock. Au détour de sa sortie de scène à l’Espace B le 1er avril dernier, Butler nous en dit plus sur les allusions à la France qui parsèment l’album et revient sur la mystérieuse phrase d’ouverture : “Je suis les enfants in a barrel of a gun”. Verdant, le premier titre, est un hommage aux victimes des attentats du 13 novembre, composé au moment des événements alors que Quilt tourne à Paris. Plus loin, Vital Sign honore Trayvon Martin, jeune afro-américain tué par balle dans une banlieue de Floride en 2012. Si les sujets sont violents et propices au désenchantement, le groupe préserve l’espoir en célébrant la vie citadine et le partage (comme l’évoquent littéralement les titres Common Ground et Esprit de Corps) : le réconfort est dans “le sourire d’un inconnu dans le métro, ou la beauté d’un graffiti sur un mur”, rappelle Butler. La luminosité et l’impétuosité de l’album (incarnées par le single Cut To The Quick) rappellent la candeur des débuts de Woods. La présence en studio d’un second guitariste issu du jazz et d’un batteur passionné par Can et la rythmique motorik n’y est sans doute pas étrangère. Le son, bien qu’actuel, puise ostensiblement dans les répertoires du passé : l’esprit de Love infuse lorsque les arpèges rencontrent les violons (Gamblers on a Dime, Vital Sign) et l’on pense à The Velvet Underground lorsque Shaffer, comme Nico en son temps, donne de sa voix sépulcrale sur des mélodies hantées (After Us, clin d’oeil à After Hours ?). En clamant ses utopies à renfort de guitares et de poésie, Olden Yolk ressuscite un temps disparu, et avec brio.
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