Lomboy est de ces projets pop sucrée et sensuelle tel qu’il en pleuvait au milieu des années 90, et dont le haut du panier était constitué des écuries très international jet-set Tricatel (April March, Ladytron), Bungalow (Arling & Cameron, Laila France, Spring), L’Appareil-Photo (Fantastic Plastic Machine), Heavenly Records (Saint Etienne), Siesta (Mr Wright) et consorts. Mais attention, ce projet n’est en rien revivaliste dans ses ambitions.
L’écriture derrière Lomboy, celle de Tanja Frinta, l’autrichienne et ex-Lonely Drifter Karen exilée à Bruxelles, s’inscrit simplement dans la continuité d’une tradition pop qui s’est perdue quelque part dans les années 2000, dans des bagages oubliés à l’aéroport de Zaventem, et que Frinta a dû ramasser avant d’embarquer pour Tokyo. C’est une pop fraîche, ambitieuse et vivant en symbiose avec son temps, impeccablement écrite et produite, et chantée par une voix diaphane et enchanteresse. Lomboy mélange culture japonaise, anglo-saxonne et française, sonorités actuelles (usage malicieux et parcimonieux de l’autotune et du pitch sur la voix) ou exotiques (bongos chaloupés en veux-tu en voilà). Un écrin suave et angélique dans lequel on n’aspire qu’à se faire dorloter en se sentant délicieusement européen. Lomboy tient de toute évidence un tube au potentiel interplanétaire avec Loverboy (à la production nickel-chrome des tokyoïtes du Lamp Japanese Band), mais il ne faudrait pas mésestimer le pouvoir d’envoûtement que possèdent Worth To You, charmante mélopée pour cœurs romantiques en mal de passion, ou Alien Lady, dont le subtil calibrage radio ne doit pas faire oublier la singularité introvertie de Frinta, “There’s no wifi connection in my studio” chante-t-elle. Aussi, si elle ne répond pas sur Messenger, ne l’accablez pas, c’est sûrement qu’elle est en train de préparer le meilleur baume cicatrisant des plaies de l’hiver. En attendant l’album, on ne manquera pas d’aller s’extasier au Hasard Ludique le 22 mars pour la release-party de Warped Caress.