Cela fait maintenant plus de 10 ans que le charme de la musique de Laura Naukkarinen infuse discrètement son mysticisme scandinave dans le paysage de la pop moderne.
Dès la première rencontre, on était saisi par les fantaisies expérimentales de cette pudique chanteuse finlandaise plus intéressée par son imaginaire et son rapport intime à la nature que par les confidences lyriques du commun des folkeux… On pensait à l’onirisme des enchanteresses Trish Keenan, Grouper et Linda Perhacs. Comme en témoigne Poseidon, la musique de Lau Nau s’est assagie au fil des dernières années, les jouets et les percussions mécaniques se sont progressivement atténués, pour ne plus apparaître qu’en filigrane. Le filigrane, c’est justement cet art de la délicatesse et de la fragilité que cette femme élevée au punk maîtrise aujourd’hui à merveille. Accompagnée par le fidèle Matti Bye, de la violoncelliste Helena Espvall (croisée chez Damon & Naomi), du percussionniste Samuli Kosminen, d’un piano, de touches électroniques, d’une clarinette, d’un harmonium et d’une kalimba, la belle Laura tisse de merveilleuses fables (Unessa, X y z å) et comptines (Tunti) magnifiquement orchestrées. Une impression de naturelle évidence se dégage de cette bande originale imaginaire. Laura Naukkarinen prétend d’ailleurs que les chansons de Poseidon se sont manifestées à elle alors qu’elle tentait de composer la musique d’un film. Plus que jamais, Lau Nau incarne parfaitement la belle définition que William S. Burroughs donnait de l’artiste : « celui qui rêve pour les autres ».