Que faire lorsque les plus grands s’en vont les uns après les autres, nous laissant un sentiment implacable de devoir pleurer chaque jour nos idoles ? David Crosby, Tom Verlaine, ces pères fondateurs deviennent des astres éternels et nous obligent à passer par la phase du deuil et des hommages. Malgré nos peines, nous avons choisi de perpétuer cette petite mission que nous nous sommes donnés, la découverte et le partage. Voici quelques ouvertures vers l’avenir de la pop moderne, trente-cinq petits cailloux blancs qui dessinent un futur que l’on espère pas si sombre.
Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify ou (à venir) en version mixée sur Mixcloud. Et aussi, sur agnès b. radio.
NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.
1. Sierra Manhattan, Smartphones (AB Records / Fun Club Records / Another Record)
On les avait laissés il y a cinq ans avec l’album Are U Single ? No, I’m Album, revoilà Sierra Manhattan avec une irrésistible chanson qui donne très envie d’écouter la suite de l’album Which Life, The Friends qui paraîtra le 17 février. CM
2. Terry, Gold Duck (Upset The Rhythm)
Un quatrième album pour les Melbournais de Terry à venir le 14 avril prochain ! Harmonie bancale parfaitement punky à fond synthétique new wavy, le canard est doré et casse tout pour l’année du lapin, on a bien hâte de découvrir ce nouveau bestiaire. PN
3. King Tuff, Portrait of God (Sub Pop Records)
Sixième album solo pour King Tuff, qui offre avec Smalltown Stardust une collection de vignettes musicales aussi charmantes qu’efficaces, comme ce Portrait of God, qui se situe quelque part entre T-Rex (période Tyrannosaurus Rex) et Ween. Un disque sans prétention qui s’écoute avec plaisir en attendant des journées plus ensoleillées. PR
4. The Lemon Twigs, Corner Of My Eye (Captured Tracks)
Alors que d’habitude ils m’ennuient plutôt, cette chansonnette un peu tristouille me rend tout chose. Pensez à aller au coiffeur tout de même les gars. EG
5. Shana Cleveland, Faces in the Firelight (Hardly Art)
Une jolie comptine ouatée de la part de Shana Cleveland (La Luz) qui révèle ses petites lumières tendres et changeantes à chaque nouvelle écoute. Manzanita, son prochain album, sort le 10 mars prochain. PN
6. James Yorkston, Nina Persson & The Second Hand Orchestra, The Harmony (Domino)
Après The Wide, Wide River paru en 2021, l’écossais James Yorkston s’accompagne à nouveau de The Second Hand Orchestra pour un nouvel album majestueux, The Great White Sea Eagle. Il invite cette fois-ci l’iconique chanteuse des Cardigans, la suédoise Nina Persson, à donner de la voix sur ces compositions folk aux arrangements riches et chaleureux. L’un des réconforts de l’hiver. CG
7. Sun Kil Moon, Black Perch (Caldo Verde Records)
Aujourd’hui je sors pêcher pendant que tu es au travail / Ce soir pour le dîner je vais nous cuisiner de la perche noire / Et quand je mange du poisson frais tiré de la mer / Je me couche serein à tes côtés / Et ma journée est complète. Mark Kozelek ou l’art de sublimer, en mots, le quotidien. CG
8. Matt Elliott, January’s Song (Ici d’ailleurs)
La chanson parfaite pour une playlist des nouveautés de janvier – qui donne envie de s’enrouler dans un plaid en regardant tomber la neige. Premier extrait du disque de Matt Elliott, The End of Days, attendu le 31 mars. CM
9. Spoon, I Can’t Give Everything Away (Matador Records)
A l’occasion des 75 ans de la naissance de David Bowie le 8 janvier dernier, les Texans de Spoon ont dévoilé leur reprise d’I Can’t Give Everything Away. L’instrumentation y est beaucoup plus classique, ce qui ne dessert en rien la force mélancolique du morceau ; bien au contraire. CG
10. Gaz Coombes, Long Live the Strange (Hot Fruit Recording)
Fut un temps où Gaz Coombes chantait « un endroit où vont les gens bizarres » sur Strange Ones. Vingt-huit ans se sont écoulés, et il continue de louer le bizarre, mais cette fois ça n’est plus une folle aventure mais « un nouveau départ au clair de lune », mélancolique et inquiet. Outre cet excellent morceau, l’album Turn the Car Around regorge de merveilles d’écriture pop, qui justifient pleinement d’aller assister le 3 mars prochain à son concert solo à La Maroquinerie, sans y attendre un seul titre de Supergrass. PR
11. David Brewis, Start Over (Daylight Saving Records)
Echappé de Field Music, David Brewis laisse tomber les mille-feuilles musicaux pour un titre jazzy somptueusement porté par un chant fragile et subtile. DJ
12. Silver Moth, Mother Tongue (Bella Union)
Nouveau supergroupe écossais constitué autour de Stuart Braithwaite (Mogwai), entre un Espers goth et les grands anciens. Comme si le Loch Ness s’était deversé dans la faille de San Andreas. EG
13. Death and Vanilla, Looking Glass (Fire Records)
Death and Vanilla fusionne avec classe le baroque et l’hypnotique le temps d’un single qui n’est pas sans rappeler le meilleur de Jane Weaver. DJ
14. Motorama, Another Chance (autoproduction)
Je n’avais jamais envisagé le groupe de Rostov comme un hommage à I Love You But I’ve Chosen Darkness mais vu sous cet angle, ce morceau perd de sa modestie. EG
15. Paradise Blossom, wherever you are (autoproduction)
Le duo californien balance une bedroom pop dreamy et jangly pour affronter l’hiver avec juste ce qu’il faut de mélancolie. CM
16. Lea Jacta Est et Bière Noire, Elle se repose (Croux)
Une reprise-adaptation toute gothique de la princesse calabrese-cairote et de son dépressif Je me repose par un couple parfait pour apporter encore plus d’ombre à la lumière. RS
17. Frankie Rose, Anything (Slumberland Records)
Vous vous souvenez de l’émotion romantique qui vous a étreint lorsque vous avez écouté pour la première fois Don’t Falter de Lauren Laverne (Kenickie) avec Mint Royale ? Eh bien en y ajoutant une basse hookienne en filigrane, cette échappée des Dum Dum Girls s’en rapproche dangereusement. EG
18. Eternal Dust, Candy (Lulu’s)
19. Nina feat. Dean Blunt, Slur (World Music)
Difficile d’expliquer pourquoi ce Slur, chanté par Nina Cristante du groupe bar italia, est si immédiatement génial. Les guitares sont simples, le chant et le texte très vulnérables, et pourtant. La réponse, finalement, est sans doute aussi simple que ça : c’est du Dean Blunt. CG
20. Le Bâtiment, Je vais te vivre (autoproduction)
Le rendez-vous régulier et vital avec l’oeuvre de Jean-Baptiste Haumesser, son blues urbain, avec cette chanson annonciatrice de son nouveau Local technique (inédits 2013/2022). RS
21. M-Jo, Lunettes de soleil (Le Pli)
Toute élastique, la chanson de M-Jo et de Flóp nous fait bouger, rock’n’roll ensommeillé au son impeccable et reconnaissable d’entre mille, celui du studio Le Pli de Montreuil. RS
22. Dignan Porch, Hounded (Hidden Bay Records / Safe Suburban Home / Repeating Cloud)
La formation anglaise nous fait la joie de sortir le successeur de leur dernier album paru en 2015. Leur pop matinée de psychédélisme est toujours rudement efficace. Electric Threads paraîtra chez Hidden Bay (label de Toulouse que l’on aime beaucoup), Safe Suburban Home pour l’Angleterre et Repeating Cloud pour les USA. VDPJ
23. Blues Lawyer, Nowhere To Go (Dark Entries)
Composé de membres de Naked Roomate, Dick Stusso, The World et Preening, Blues Lawyer revient avec ce single rudement efficace, un combo basse-batterie percutant et des guitares qui sentent bons les 90’s. Album à venir chez Dark Entries mi-février. VDPJ
24. One Step Closer, Turn to Me (Run for Cover)
THE EMO REVIVAL STARTS HERE (il était grand temps…). EG
25. The Sheer Drop, Ulrika Spacek (Tough Love)
Un retour que nous n’osions plus espérer : quatre ans après la dernière sortie d’Ulrika Spacek, le leader Rhys Edwards dévoilait l’an dernier son projet solo, Astrel K, avec un album paru sur le label de Stereolab, Duophonic. Intéressant, mais pas autant que son projet originel. Compact Trauma, le troisième LP d’Ulrika Spacek, paraîtra le 3 mars chez Tough Love, et nos attentes envers ces anglais sont hautes. CG
26. Moleskine, Doubting About (Arvo Disques / Urticaria Records)
Ça secoue à Nantes avec Moleskine qui envoie un post punk sec et fin. Leur premier EP, Comfort, paraîtra le 12 février. CM
27. Italia 90, Tales From Beyond (Brace Yourself Records)
Le post punk britannique a encore de beaux jours devant lui, en témoignent les Londoniens d’Italia 90 dont l’album Living Human Treasure vient de sortir. Le Brexit aura au moins eu l’avantage de faire surgir d’efficaces chansons rageuses et qui tapent juste. CM
28. Index For Working Musik, Chains (Tough Love)
Index For Working Musik est le projet très attendu de quatre visages familiers, échappés des formations anglaises TOY et Proper Ornaments. Dragging The Needlework For The Kids At Uphole, leur premier album, paraîtra le 17 février chez l’impeccable label Tough Love, et les deux premiers singles le placent sous les meilleurs hospices. CG
29. The Drin, Venom (Drunken Sailor Records / Future Shockl Recordings)
La bande de Cincinnatti est hyperactive, elle prévoit déjà un album pour succéder au Down River In Distance sorti en septembre dernier. A paraître fin janvier. Rugueux, urgent et entêtant ! VDPJ
30. Sleaford Mods, UK GRIM (Rough Trade Records)
Après un album qui flirtait avec un son mainstream, Sleaford Mods effectue son retour avec un single à l’image actuelle de leur pays d’origine, sombre et enragé. Une excellente surprise. DJ
31. Little Simz, X (Forever Living Originals)
Little Simz n’aime pas les flagorneries de l’industrie du disque, et le fait savoir de manière radicale en choisissant de sortir son nouvel album sans visuel ni promo pour se concentrer sur l’essentiel : la musique, l’histoire, les histoires, et son phrasé aussi incisif qu’élégant. Plus spontané que Sometimes I Might Be Introvert, No Thank You est l’affirmation d’une artiste confirmée qui n’a besoin de personne pour se sentir validée. PR
32. LL, On se connaît (Nee / Bank Music Records)
Petite perle de house drum and bass chantée par la voix fluette et rebondissante de LL qui surprend par sa clarté pop. Le son de maintenant. RS
33. Everything But The Girl, Nothing Left To Lose (Buzzin’ Fly Records)
Le temps n’a pas de prise sur Everything But The Girl qui nous revient aussi pertinent et indispensable qu’en 1999, date de son dernier album. Ce single electro vous rendra la mélancolie agréable. DJ
34. Dave Rowntree, Tape Measure (Cooking Vinyl)
A 58 ans et après avoir été batteur de Blur, avocat, pilote et instructeur d’avions de tourisme, conseiller municipal, puis candidat à l’investiture pour devenir député, Dave Rowntree s’est dit qu’il était temps de sortir son premier album solo. Conçu sur le principe du changement de station en tournant la molette, Radio Songs (dont on se demande si la police choisie est un clin d’oeil au Radio City de Big Star) est un album éclectique et inégal, mais souvent attachant, comme son auteur. « What have I done with my time ? » s’interroge Dave sur l’excellent Tape Measure, dansant comme du Timbaland, mais au texte joyeux comme du Radiohead. Voir la liste ci-dessus. PR
35. Katerine feat. Pierre Daven-Keller, Le roi (DK Disk Publishing)
Dans un univers parallèle à la Second Life, un track électro se balance entre mélancolie sous temesta et mélodie à la gloire du roi Philippe qui n’oublie pas son vieil ami Pierre, et c’est tout à son honneur, comme d’hab, la classe avec un K, c’est ça. RS