En 2003, Josh Rouse, alors joli espoir indie sans trop d’envergure, avait réussi un coup de maître en signant l’une des œuvres les plus nostalgiques et élégantes de la décennie, le magnifique 1972, véritable ode au folk rock satiné et grand format des années 70 qui, tout en reconstituant à la perfection le son d’une époque, sonnait également comme le disque le plus personnel de son auteur. Un chef d’œuvre qui aujourd’hui encore n’a pas pris une ride.
Depuis, installé durablement en Espagne, l’américain a vu son talent s’effilocher au fil du temps, délivrant une pop folk de plus en plus indolente même si son dernier LP en date, le très recommandable The Embers Of Time (2015), montrait un songwriting certes en mode automatique, mais encore capable de belles choses. L’annonce de la sortie d’un album uniquement consacré aux années 80 avait de quoi faire renaître l’espoir de voir le garçon retrouver l’envie de bousculer ses petites habitudes, voire refaire le même coup que 1972. De fait, ce douzième effort affiche des ambitions similaires, mais sans jamais parvenir à remplir les objectifs annoncés. Connaissant ses références et plutôt habile à puiser son inspiration dans la pop raffinée de Prefab Sprout ou du Roxy Music des dernières années, le natif du Nebraska parvient à aligner quelques réussites dont le suave Businessman ou la disco sous codéine de Hugs And Kisses. Ordinary People, Ordinary Lives le voit reprendre, dans un habillage plus clinquant, des habitudes mélodiques maîtrisées et élégantes. Maigre butin, car le disque se fourvoie ailleurs longuement dans des balades à la composition trop diaphane pour ne tenir que sur l’interprétation vocale de leur auteur (Tropic Moon, Love In The Modern Age) ou des mid-tempo assez indignes (Women And The Wind, There Was A Time).