J’entends mieux la guitare

En Attendant Ana, hier soir à Bagnolet / Photo : TS
En Attendant Ana, hier soir à Bagnolet / Photo : TS

Un concert, c’est quoi, en fait ? Une émotion musicale vécue dans l’obscurité face à un artiste livré à lui-même. Finalement, on s’en fout un peu du cadre. Il est parfois même plus vibrant de réduire un peu plus la distance entre l’artiste et nous-mêmes, la team premier rang acquiescera d’office. Cette année, j’ai eu la chance de voir des concerts dans des tout petits endroits, souvent alternatifs aux salles traditionnelles. Une maison familiale dans un quartier isolé de Rouen, un garage donnant sur un jardin (celui de mon ami Viktor, dans son épicerie / bar  Les Ronches), un local dans une zone commerciale (Strasbourg et son légendaire Diamant d’Or), la terrasse d’une barge, et d’autres encore. Hier soir, dans un loft à Bagnolet, deux des groupes les plus doués de la région (En Attendant Ana et Nick Wheeldon avec le violon céleste de Thomas Carpentier) entourés de fleurs géantes en papier crevaient le cœur d’une bonne cinquantaine de spectateurs.

Nick Wheeldon et Thomas Carpentier hier soir à Bagnolet / Photo : TS
Nick Wheeldon et Thomas Carpentier hier soir à Bagnolet / Photo : TS

Il y a aussi d’autres alternatives, comme celles des sessions en appartement de Life Is A Minestrone, que certains chez nous connaissent bien. Ces concerts ne sont pas moins riches (peut-être juste un peu moins bruyants) que ceux qu’on peut nous proposer dans une salle classique. Peut-être même que l’économie fragile de la musique dite indépendante est en partie soutenue par ces initiatives modestes mais bien plus proches des gens. Peut-être qu’en ces moments de récession, c’est un salut pour ceux qui ont envie de jouer devant un public prêt à découvrir un artiste qu’il ne connait parfois même pas. Le moyen de partager un univers les yeux dans les yeux, et pas noyé dans une plateforme au sein de millions d’artistes dont seuls les plus forts s’en sortiront. De la générosité qui passe par un chapeau où le public dépose des pièces ou un billet qui représente parfois presque plus qu’un cachet dans une petite salle. Alors je ne dis pas : fuyez ces petites salles, bien au contraire. Elles ont souvent du mal a exister, comme on peut le voir à Paris en ce moment, et probablement ailleurs. Mais embrassez un univers parallèle où la musique se joue bien en-dehors des sentiers battus, pour notre plus grande joie réciproque, à l’artiste comme au public. C’est peut-être même une vraie alternative à la culture institutionnelle telle que nos – lamentables – dirigeants la voient.


Merci à Hélène


NDLR : Le titre de cet article fait référence au beau film d'un réalisateur récemment accusé d'abus par des comédiennes. Nous soutenons évidemment la parole des plaignantes.

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