Toujours, ces deux chansons ont formulé un surgissement. A Spasso et Ancora Tu. Deux étoiles gigantesques coincées dans une mappemonde décidément trop réduite. Elles venaient là, à traîner, magnifiquement leur mélancolie, leur paroi de calcaire glacée de mistral. Calcaire trop blanc, musique trop belle. Quel surgissement à chaque fois que ces deux chansons, avançant avec indolence, dans le R/O/C/K/Y de The Married Monk, formant comme une rêverie renouvelée. C’est un disque tavelé de rancœur, de douceur, de funambulisme et de mille autres aspects étincelants ou pas.
On y trouve – une inoubliable partition à la Satie, déposée en décalé et filant le long des mélodies, une relecture de Robert Wyatt magistrale comme un volcan à la lave bleu-nuit et les souvenirs de soubresauts astringents d’un Lucio Battisti. Que de trouvailles. A Spasso et Ancora Tu : c’est l’italien sublimé de Fabio Viscogliosi, la petite brume entremêlée dans les frondaisons des pins, c’est l’écrin de craie sali des façades de Pise. Le feu et la nuit. L’insolente lumière dans l’insondable tristesse. Fabio Viscogliosi embarque sa délicatesse entre ces hautes variations. Mais le chagrin ne dure pas, il s’étire tranquillement comme un chat chez lui. La légèreté, toujours. C’est elle qui sert à traverser la nuit. Viscogliosi revient avec deux chansons incroyables. Musique que l’on attend, que l’on désire – des biens si rares à présent. Dans le clip de Peplum, les palmiers décatis viennent se dresser face au bleu omniprésent. La lumière bouffe tout jusqu’à devenir noire. Fabio Viscogliosi y cisaille un français, sans retenue. L’ensemble de cordes, à ses côtés, nous fait penser aux belles poses romantiques des premiers Tindersticks. Chanson émouvante, comme une première lueur avant l’aube. Avant l’aube, toujours avec Dicembre, seconde chanson au grain bleu, aux accords emboîtés dans une admirable introspection. Et là, encore, voilà ce fabuleux artisan qui nous délivre un jeu de cartes improbables. Deux surgissements, qui nous dévoilent un prochain chef-d’œuvre, Rococo.
L’attente est déjà si longue… mais quelle merveilleuse impatience que la musique.
paradoxalement je suis plus convaincu quand fabio chante la langue de molière plutôt que celle de Danté ,je suis comme lui Franco italien et pourtant quand il chanté en italien je ne fut jamais totalement convaincu ,je trouve au final que le chant en français lui va comme un gant ,complimento fabio c’est un tres bon album et grazie mille à Rémy Poncet d’avoir soutenu la chose