À peine plus haute que Minnie, rêvant d’ailleurs d’épouser Mickey alors qu’elle grandit dans l’un des quartiers les plus défavorisés de Glasgow, Rose McDowall voit sa vie basculer avec l’arrivée du punk et un concert des Ramones. Un soir de 1976, elle se fait donc la même réflexion que bon nombre d’adolescents britanniques de l’époque : “S’ils peuvent le faire, nous aussi !” Après avoir fondé The Poets, elle s’acoquine au début des années 1980 avec sa concitoyenne Jill Bryson : sous le nom de Strawberry Switchblade, cheveux crêpés à faire pâlir Siouxsie de jalousie et accoutrées de robes de poupées – de préférence à pois et aux frous-frous exubérants –, les deux jeunes filles glissent sous une couche de vernis pop chatoyant une jolie dose de mélancolie.
Une poignée de hits et de reprises (Dolly Parton, Velvet) plus tard, le tandem se sépare. C’est alors que Rose embrasse une carrière aussi riche que palpitante : elle devient une collaboratrice récurrente des groupes symboles d’une scène post-folk inquiétante (Current 93, Death In June), fricote avec Psychic TV et Nurse With Wound, fréquente un moment le fameux… Lawrence de Felt – groupe qu’elle accompagne pour quelques concerts et sur le disque final, Me & A Monkey On The Moon (1989).
En 1993, celle qui aurait dû devenir la Bobbie Gentry de la génération post-punk enregistre avec une autre figure de l’underground (américain, cette fois), Boyd Rice, un excellent album de reprises, Seasons In The Sun, publié sous le nom de Spell.
Puis, aux commandes de Sorrow ou en solo, elle décline son obsession pour un folk onirique qui tire sur le psychédélisme. S’il faut s’armer de patience pour reconstituer le puzzle d’une telle discographie, le jeu en vaut la chandelle : car cette trop discrète Rose McDowall, chanteuse aux yeux de biche effarouchée et à la voix de velours, compositrice surdouée à l’heure de mettre la mélancolie en musique, est sans doute l’une des artistes les plus mésestimées de cet âge d’or de la pop indépendante britannique.
C’est dommage que Rose McDowall n’ait jamais réussi à assumer les disques des Strawberry Switchblades car ils sont splendides. Les arrangements synthétiques de l’époque qu’elle n’aimait pas font pourtant aujourd’hui beaucoup de leur charmes. Et Since Yesterday me donne toujours la chair de poule dès son intro. La mélancolie que vous soulignez n’est pas loin de certains Shangri La’s comme « Past present and future ». Par contre le disque de Spell, malgré une playlist attrayante est gâché par la voix limitée de Boyd Rice qui, contrairement à Rose McDowall, se prends vite les pieds dans le tapis au jeux des comparaisons avec les artistes originaux.
Elle vient juste de rééditer un de ces anciens album https://rosemcdowallandsorrow.bandcamp.com/