Psychocandy, l’âge du Christ

The Jesus and Mary Chain, PsychocandyAu détour des réseaux sociaux, j’ai appris hier que Psychocandy, le premier album de The Jesus And Mary Chain (ex-aequo, je crois, avec I Love You But I’ve Chosen Darkness dans la course au titre du meilleur nom de l’histoire) fêtait ses trente-trois ans. Avec un passé où se croisent une éducation judéo-chrétienne et quelques années de Fac d’histoire, la référence m’a paru suffisamment savoureuse pour que je rallume mon vieil ordinateur professionnel afin de retrouver quelques lignes que j’avais dû écrire au sujet de ce disque que j’avais reçu en 1985 (l’année de mon bac et d’autres petites choses un peu plus importantes) comme un uppercut en plein ventre – même si deux singles et le concert parisien des Bains-Douches (oui, j’avoue, j’en étais) avaient annoncé la douleur. Visiblement, je n’étais pas resté suffisamment sur mes gardes… Trente-trois ans plus tard, ces chansons, ces larsens, ces rythmiques spectoriennes, ces mélodies inusables, ces photos n’ont pas pris une ride. La claque reste la même. Et j’en redemande.

Ils s’habillent en noir et portent souvent des lunettes d’une couleur identique. Mèches de cheveux dans les yeux et teints blêmes dissimulent mal une arrogance pour une fois justifiée. Les frères Jim et William Reid, leurs comparses Douglas Hart et Bobby Gillespie – par l’entremise duquel le groupe a signé en 1984 sur le balbutiant label Creation Records – ont débarqué à Londres depuis leur Écosse natale et font souffler un vent de révolte sur la Grande-Bretagne. Un premier 45 tours, Upside Down, et des concerts expédiés en vingt minutes sous un déluge de larsens portés par une rythmique primitive suffisent à canoniser ces faux jouvenceaux. Provoc’ et émeutes, déclarations fracassantes et mélodies assourdissantes les propulsent à la une des médias. On les désigne comme les nouveaux Sex Pistols lorsqu’ils assument plutôt l’héritage du Velvet et des Stooges, des Beach Boys et de Syd Barrett – qu’ils reprennent, le temps du cultissime Vegetable Man. Le quatuor rejoint la nouvelle structure Blanco Y Negro, répand la bonne parole à travers le Vieux continent – dont un passage fulgurant aux Bains-Douches parisiens, le 6 mars, devant une vingtaine de spectateurs médusés. Attendu comme le Messie et réalisé alors que 1985 pousse ses derniers soupirs, Psychocandy est de ces premiers albums touchés par la grâce, le sauveur d’un rock’n’roll qui déjà bafouille. En quatorze chansons, la fratrie et leurs amis flirtent avec le danger, imaginent des ballades périlleuses (Just Like Honey) et des cavalcades querelleuses (You Trip Me Up, Never Understand). Sur fond de distorsions, The Jesus And Mary Chain fait des miracles sans multiplier les pains, dépoussière le passé et s’invente un futur. Loin des sentiers battus ou tout autre chemin de croix.



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