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C’était David Crosby (1941-2023)

David Crosby
David Crosby

Dans Harvest Time, le documentaire fourni en DVD avec la version du 50e anniversaire d’Harvest parue pour la Noël, il se joue une scène assez révélatrice. On y voit Neil Young avoir toutes les peines — certes relatives, en buvant des bières et en se marrant comme une baleine — à mettre une touche finale aux harmonies de Words avec Nash et Stills, alors que quelques temps auparavant, il y parvient presque sans peine aucune sur Alabama avec Nash et Crosby. Stills est là encore, et à trois ils ont la plus belle collection de sous-pulls au monde, avec un niveau de zouaverie paradoxalement revu à la baisse. En trois nuances un peu exagérées, Crosby trouve le ton juste pour les chœurs, civilise paradoxalement ce motet brutaliste : les autres n’ont plus qu’à se coller dessus. Mettre (tout) le monde à l’unisson par le seul fil de sa voix, comme par magie, peut-être était-ce là, bien au-delà de ses frasques, le plus grand talent de David Crosby. Et ce génie absolu à harmoniser les sons et les autres venait de loin. Et repartira plus loin encore, en devenant un véritable vétéran du chaos. Continuer la lecture de « C’était David Crosby (1941-2023) »

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The dB’s, Stands For Decibels (Albion, 1981)

The dB’s tracent les hésitations de la période charnière entre new wave et indie-pop. Sur le sol nord-américain, comme ailleurs, une génération de groupes s’imprègne de l’héritage sixties, sans foncer dans la parodie et le pastiche. Dunedin Sound en Nouvelle Zélande, Paisley Underground en Californie (Rain Parade, Bangles, Dream Syndicate etc.), les dB’s sont, eux, aux avant-postes de la transition à New York, au coté de formations comme The Bongos ou The Individuals. Originaire de Winston-Salem, en Caroline du Nord, les membres des dB’s se connaissent depuis l’enfance et jouent souvent ensemble depuis les années soixante dans leur ville d’origine. Continuer la lecture de « The dB’s, Stands For Decibels (Albion, 1981) »

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Air décroche la lune

Air
Air / Photo : Philippe Lévy

L’une de mes grandes spécialités, c’est de perdre de vue des gens bien / cool / sympas / (sur)doués… Parfois, la chance me rattrape, et je les retrouve (avant bien sûr de les reperdre à nouveau de vue, mais c’est une autre histoire). Comme d’autres, j’ai découvert Air en 1995 avec la compilation Source Lab-, qui bien sûr avec le recul, fait figure d’acte de naissance de cette scène que les Britanniques baptiseront french touch. C’était aussi le début du hip-hop abstrait (beaucoup plus classe que le trip-hop) et le proche retour du easy listening (mais nous savions déjà que Burt Bacharach était à lui seul supérieur à quatre Beatles) et dans ce contexte-là, je me souviens avoir beaucoup aimé j’ai aimé les six minutes alanguies de Modulor Mix. Et puis, un an plus tard (à peu près) j’ai adoré le maxi Casanova 70, sa pochette discrètement sortie des années 1970, la ligne de basse entêtante du morceau éponyme, les claviers crépusculaires sur lesquels se prélassaient Les Professionnels. Je n’en suis plus très sûr mais je crois que c’est pour ce disque que Les Inrocks ont publié une photo du groupe. Une photo qui… Continuer la lecture de « Air décroche la lune »

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Sierra Manhattan, une bouffée d’air frais pop

Sierra Manhattan
Sierra Manhattan / Photo : Julia Henderson

Depuis 2018 et l’excellent Are U Single, No I’m Album, la pop cotonneuse de Sierra Manhattan est restée silencieuse. La formation éparpillée entre Lyon, Paris et la campagne de la Loire ne s’était jamais arrêtée, juste ensommeillée : « On avait aussi envie de prendre le temps de fabriquer un nouveau set, ça faisait un moment qu’on jouait certains morceaux et on avait envie de se remettre un peu en danger à nouveau. » Sans aucune urgence, chacun s’est exprimé à travers d’autres entités solo ou collectives : Olbio s’amuse tout seul dans Bravo Tounky, Florian avec Neptune Football Club, Satellite Jockey et a rejoint Fontanarosa. Rémi joue dans Satellite Jockey, Phat Dat et Alex Van Pelt dans son projet éponyme ainsi que dans Coming Soon et Mont Analogue. Tout ce beau monde gravite autour du label AB Records à Saint Etienne, qui signe la plupart des groupes. Continuer la lecture de « Sierra Manhattan, une bouffée d’air frais pop »

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Climats #40 : Yo La Tengo, Nicolas Comment

Paris la nuit vue du ciel par la Nasa
Paris la nuit vue du ciel par la Nasa

Edith Piaf reprise en rocksteady, ce serait la promesse du retour du soleil ? Et la musique de Jonathan Richman protège-t-elle de la grêle ?

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #40 : Yo La Tengo, Nicolas Comment »

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Anything Could Happen

Les débuts de Flying Nun Records, label néo-zélandais des Clean et des Bats, contés par Matthew Goody dans un livre somme.

Chris Knox et le producteur Doug Hood (dans le miroir) et son TEAC 4-pistes

 

Matthew Goody
Matthew Goody

Matthew Goody vient de frapper un grand coup. Et par surprise de surcroît. On ne s’attendait pas vraiment à un livre sur le label Flying Nun. On s’attendait encore moins à un livre sur les débuts du label néo-zélandais, à l’origine du « Dunedin Sound« . Needles & Plastic, le bel ouvrage de Goody, fait le focus tout en faisant un plan large (d’où l’intérêt) sur la période 1981 – 1988 du label néo-zélandais. Et nous plonge dans les abysses de la scène de Christchurch et d’Auckland. On croise des silhouettes connues, on discerne des histoires que l’on croyait connaître… Et surtout on découvre une kyrielle de groupes totalement inconnus qui donnent une nouvelle importance aux Clean et aux Bats, puisque les intérêts de leurs livrets d’épargne se retrouvent investis dans les disques des singles des Bird Nest Roys et des EPs des Able Tasmans. Continuer la lecture de « Anything Could Happen »

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Selectorama : Deliluh

Deliluh
Deliluh

Nous ne vous avions jamais parlé de ce groupe devenu duo originaire de Toronto et expatrié en Europe, et c’est bien dommage car leur musique âpre et pessimiste colle complètement à notre époque. Post quoi, exactement ? Kyle Knapp et Julius Pedersen ne cherchent pas trop à ce qu’on les catégorise, et c’est tant mieux. Flaut Lines, le troisième album de Deliluh libère des atmosphères pesantes, où les notes psyché s’écrasent dans un décor industriel. En attendant de les voir vendredi 27 à Mains d’Œuvres sur la scène du Mofo 2023, voici quelques-unes de leurs influences, puisant autant dans le film noir que les musiques rares et prégnantes. Continuer la lecture de « Selectorama : Deliluh »

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Stimulator Jones, Round Spiritual Ring (Stones Throw, 2022)

Stimulator Jones donne enfin une réelle suite à l’excellent Exotic Worlds and Masterful Treasuresparu en 2018. Samuel Jones Lunsford, tête pensante du projet, n’a cependant pas chômé entre temps. Il a sorti deux autres albums sous le même alias, des disques moins orientés R&B et pop, presque des side-projects. La Mano (Mutual Intentions, 2021) explore ainsi un jazz-funk instrumental, matière idéale pour créer des boucles. Il est d’ailleurs question d’instrus hip-hop, d’esquisses sur l’autre disque, l’intrigant Low Budget Environments Striving For Perfection (2021, Stones Throw).  Tous les chemins mènent cependant à Round Spiritual Ring, dernier LP en date de l’intéressé paru à l’été 2022. Continuer la lecture de « Stimulator Jones, Round Spiritual Ring (Stones Throw, 2022) »