Moritz Von Oswald Trio, Sounding Lines (Honest Jon’s Records/Modulor)

Il y a eu les pères fondateurs de la techno à Detroit, sans cesse célébrés par les plus jeunes générations, et il y a Moritz Von Oswald à Berlin. Une connexion logique qui se poursuit toujours sur scène, comme avec Juan Atkins sous l’identité Borderland lors de la dernière édition du Weather Festival à Paris. De son groupe Palais Schaumburg à Basic Channel (avec Mark Ernestus) et son alias Maurizio, Moritz Von Oswald a creusé en trente ans le sillon d’une épure technoïde sidérante, traversée par un travail sur les rythmiques, les textures, les échos, se frottant au minimalisme, au dub, au classique et cette fois, au jazz. Son trio à géométrie variable accueille ici le prestigieux batteur nigérian Tony Allen. L’architecte rythmique de Fela et maître en transe afrobeat trouve là une place rêvée, et offre une dimension supplémentaire au travail de Moritz Von Oswald, forcément plus organique. L’ensemble perd toutefois un peu de l’hypnose de cette fusion entre techno et dub, peut-être à cause du mixage sec et précis de la star de l’electro minimale, le germano-chilien Ricardo Villalobos. Si l’on se laisse toujours prendre au piège de ces plages instrumentales stupéfiantes étirées à l’infini, où le sentiment de durée s’efface complètement et où les improvisations jazz ont parfaitement trouvé leur place, on peut regretter l’ampleur et la profondeur de ses créations passées. Mais Sounding Lines reste toutefois le témoin d’un travail de haute voltige, où l’expérimentation atteint une fois encore des cimes inestimables.

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