Ceci n’est pas une chronique du nouveau Pulp

Pulp / Photo : Rough Trade
Pulp / Photo : Rough Trade

Ceci n’est pas une chronique de More. Car j’aurai besoin de plus de temps pour découvrir ce qui s’annonce comme l’une des meilleures nouvelles de cette première partie de 2025, qui, admettons-le à nouveau, est malheureusement qualifiable de à chier à bien des égards. Alors lorsqu’une chose vous apporte un peu de joie, il faut prendre le temps de l’apprécier. On ne cesse de parler du nouvel album de Pulp en termes d’années et d’anniversaires, car on se revoit à 16 ans il y a 30 ans en juillet à l’Olympia. Il y a 24 ans à la Cigale au festival des Inrocks. D’autres, plus chanceux – mais souvent plus vieux, héhé, vous parleraient du festival des Inrockuptibles avec Blur et Lush. Chaque fan hardcore peut vous citer le moment où il ou elle a attendu avec impatience la sortie du nouvel album de son groupe ou artiste de prédilection. Cela ne s’applique pas uniquement à Pulp, bien entendu, car cette effervescence est commune. Populaire.

L’emballement collectif sur la base de deux morceaux, certes fantastiques à mon goût, aurait dû m’énerver, car parfois Pulp m’énerve, et parfois ça m’énerve qu’ils le soient autant. Populaire. Ce qui est idiot, mais je suis sûre de ne pas être la seule à avoir un jour éprouvé ça, en tous cas je l’espère. Et puis ce week-end, alors que j’avais pris le temps d’aller courir – rien que cette phrase ferait se rouler par terre de rire la moi de 2001 – avant le « tunnel du mois de Juin » [Pauline officie à l’Education Nationale, ndlr], je suis tombée par hasard sur la session enregistrée le 07 mai dernier au BBC Radio Theatre. La sélection de la première partie est impeccable, il y a même Seconds, pas joué depuis 1994 et dont tout le monde sait que c’est incontestablement le meilleur morceau de Pulp, le débat est clos. Puis le groupe en chaîne avec Slow Jam. Les paroles sont fantastiques, du clin d’œil à Dishes à une évocation de la mort qui ne va plus au Disco, je m’assieds pour contempler la vue, car j’ai la chance d’avoir pu pour quelques jours, suspendre la course perdue d’avance, contre le temps qui vient irrémédiablement à manquer. Le temps d’un Acrylic Afternoon intense, Jarvis annonce un nouveau titre, avec une introduction qui rappelle pourquoi il est si charmant – cet irrésistible sens de l’autodérision, propre aux Britanniques, qui énerve aussi parfois -. Ce sera Partial Eclipse, une invitation à danser, non plus dans un champ à Spike Island ou sur une piste de club Disco, mais avec l’être aimé. Puis un This is Hardcore élégant mais sec malgré les violons, ce qui rend le morceau encore plus sombre. Et enfin un We Are the Boyz punk, comme si Jarvis s’était souvenu qu’avant d’aimer Burt Bacharach il rêvait d’être Mark E. Smith. Il est temps de rentrer – en courant réellement cette fois- car mes boys m’attendent.

Alors j’attendrais sagement, le temps de pouvoir aller chercher l’édition collector – à bas coût, cela devient rare – pré-commandée, pour pouvoir faire durer ce petit retour en arrière un peu plus longtemps. Car presque un quart de siècle, c’est long, et si le manque n’était pas digne (du More) de Barbet Schroeder, espérons toutefois que ce disque tant attendu nous donnera envie de paraphraser Oliver Twist, « Please, Sir, we want some More. »


More par Pulp est sorti hier chez Rough Trade

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