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Fontaines D.C. : « Nous n’avons plus besoin de nous freiner »

Conor Deegan III (Fontaines D.C.) / Photo : Alain Bibal
Conor Deegan III (Fontaines D.C.) / Photo : Alain Bibal

Avec Romance, leur quatrième album, Fontaines D.C. risque de passer du statut de formation importante à celui de groupe qui va marquer son époque. Plus varié musicalement, avec un son énorme et surtout moins monotone, on sent une ambition à la fois liée à l’envie de ne pas s’endormir sur ses lauriers et à une volonté de passer au stade supérieur. En plus de leurs talents d’écriture, ils se sont donnés les moyens d’y parvenir en changeant de label (exit Partisan, bonjour XL), en abandonnant leur producteur historique pour James Ford (Depeche Mode, Arctic Monkeys, etc) et en changeant de look. Le pari est réussi car le groupe garde une identité très forte et, malgré des titres plus pop, rien ne sent le calcul. Cela se confirme lors de notre rencontre avec Conor Deegan III dans les locaux de sa maison de disques. Disponible, réfléchi et même amical une fois l’interview terminée, il nous raconte la genèse de ce nouvel album qui semble les avoir libérés du poids d’une routine qui aurait pu s’installer. Continuer la lecture de « Fontaines D.C. : « Nous n’avons plus besoin de nous freiner » »

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Selectorama : Olivier Rocabois

Olivier Rocabois / Photo : Gerald Chabaud
Olivier Rocabois / Photo : Gerald Chabaud

Après quasiment trente ans de carrière et un CV pop aussi long que la Loire, Olivier Rocabois décidait en 2022 de se lancer en solo avec l’album Goes Too Far. Lorsque l’on parle d’un disque solo à ce niveau d’artisanat, au-delà de la composition, on parle d’une gestion de projet de A à Z : récolte de fonds, emprunt, trouver un studio d’enregistrement, organisation de tournées, et tutti quanti. Rocabois a tout porté à bout de bras avec une volonté de fer. Cela a payé, car il tenait neuf titres aux allures de classiques intemporels qui ont, enfin, éveillé la curiosité des médias et élargi son cercle de fans. Ce qui nous amène aujourd’hui à la sortie de The Afternoon of our Lives qui, loin d’être une redite de Goes Too Far, confirme que l’on peut continuer évoluer musicalement, être exigeant, mais surtout ambitieux à un âge où certains ont déjà tout laissé tomber par lassitude. Continuer la lecture de « Selectorama : Olivier Rocabois »

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Lias Saoudi / Fat White Family : « Nous avions deux Syd Barrett dans le groupe »

Lias Saoudi - Fat White Family / Photo : Alain Bibal
Lias Saoudi – Fat White Family / Photo : Alain Bibal

Pourquoi continuer de monter sur le ring lorsque l’on sait que chaque combat sera long, violent, laissera des séquelles et permettra à peine de payer le loyer ? C’est la question que doit se poser Lias Saoudi depuis les tout débuts de The Fat White Family, groupe dont il est le frontman. L’enregistrement de Forgiveness Is Yours, le quatrième album du groupe, a été marqué par le départ de Saul Adamczewski, membre fondateur, compositeur, visionnaire et dictateur après l’enregistrement d’un titre et demi. Nathan Saoudi, frère de Lias, compositeur au caractère obsessionnel et lui aussi despote, a disparu dans la nature à la fin des sessions. On ne sait toujours pas s’il fait encore partie du groupe. Dire que l’enregistrement de ce disque a été tendu est un euphémisme. Pourtant Forgiveness Is Yours est une réussite totale. Continuer la lecture de « Lias Saoudi / Fat White Family : « Nous avions deux Syd Barrett dans le groupe » »

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Slowdive : « La stratégie et nous, ça fait deux »

Slowdive / Photo :  Ingrid Pop
Slowdive / Photo :  Ingrid Pop

Voir un album comme Everything Is Alive de Slowdive percer le top 10 dans plusieurs pays fait aujourd’hui presque figure d’anomalie. Plus aéré et moins noisy que le précédent, il semble regarder dans le rétroviseur avec nostalgie, sans jamais singer le passé. Everything Is Alive devait à l’origine être un projet plus électronique, à l’image des maquettes composées par Neil Halstead, un des compositeurs les plus sous-estimés de sa génération. En ce sens, nous aurions pu nous attendre à un album proche de l’incompris (à l’époque de sa sortie) Pygmalion. Il n’en sera rien à l’arrivée, l’ombre de Robert Smith planant autant que celle de Brian Eno sur ce qui est à ce jour une des pièces maîtresses de la discographie du groupe. Sans révolutionner ce qui fait leur marque de fabrique, des voix à peine perceptibles, une musique entre la mélancolie et l’extase, Slowdive réalise un tour de force, sans doute grâce à la technologie moderne et à l’absence totale de pression. Mais surtout par un plaisir perceptible, qui est confirmé par les trois hommes de l’ombre du groupe, Nick Chaplin, Simon Scott et Christian Savill. Loin d’être des faire-valoir de Neil Halstead et Rachel Goswell, ils apportent durant cet entretien réalisé dans les loges de La Cigale lors de leur dernier passage à Paris, une vision différente du fonctionnement du groupe et de son état d’esprit actuel, et reviennent également sur la carrière du groupe dans le passé, sans aucune rancœur malgré les épreuves traversées. Continuer la lecture de « Slowdive : « La stratégie et nous, ça fait deux » »

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Selectorama : Jane Weaver

Jane Weaver / Photo : Nic Chapman
Jane Weaver / Photo : Nic Chapman

Après un virage pop réussi avec Flock en 2021, Jane Weaver sortira Love In Constant Spectacle chez Fire Records le 5 avril prochain. Plus expérimental et sombre que son prédécesseur, on y retrouve tout ce que l’on aime chez Jane Weaver (les vieux synthés bricolés, une batterie motorik) sans jamais avoir l’impression de l’avoir déjà entendu. C’est d’ailleurs ce qui fait de Jane Weaver une des artistes pop les plus passionnantes de sa génération. Avec douze et albums solos au compteur et de nombreux projets parallèles, elle n’a jamais cessé de se renouveler, de chercher de nouvelles pistes à explorer, sans noyer l’auditeur grâce à une balance parfaite entre la complexité et l’accessibilité. Il suffit d’écouter attentivement les dix titres de ce Selectorama, et de lire à quel point elle se passionne pour ces artistes, pour comprendre à quel point cela ressort dans sa musique unique et onirique. Continuer la lecture de « Selectorama : Jane Weaver »

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Sextile : « Depeche Mode a sauvé ma vie »

Sextile
Sextile / Photo : DR

Sur papier, Sextile semblait promis à un bel avenir. Fondé en 2015 à la suite d’une rencontre en rehab, le quatuor avait enfin trouvé la bonne formule avec leur single Current Affair et leur EP 3 sortis en 2018. Résumer leur son de l’époque à de l’EBM serait un peu réducteur tant leurs influences semblent dépasser les étiquettes. Si le projet était avant tout celui de Melissa Scutado et de Brady Kheen, le décès en 2019 d’Eddie Wuebben, membre fondateur, guitariste et joueur de synthé, a entraîné le split du groupe. Mais aussi sa reformation en 2022, comme le racontent de façon très touchante Melissa et Brady dans cette interview. De retour avec Push, énorme album en forme de déclaration d’amour à la musique qui les a construits (électro, punk, rave etc), le groupe réussit l’exploit de retranscrire en studio l’énergie qui fait d’eux l’un des meilleurs groupes de scène actuels.

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Gruff Rhys : « J’ai une passion pour les mauvais disques de country des 80’s ».

Gruff Rhys
Gruff Rhys / Photo : Alain Bibal

Avec 25 albums au compteur, Gruff Rhys fait désormais partie des vétérans de l’indie. Là où d’autres ont eu largement le temps de perdre musicalement en cours de route ou bien de griller leur santé physique et/ou mentale, Rhys continue d’étonner par la diversité et la qualité de son parcours artistique depuis la création de son premier groupe, Ffa Coffi Pawb, en 1988. Son dernier album en date, Sadness Sets Me Free, est sans doute l’un des plus variés de sa carrière. Ce n’est pas pour autant qu’il s’égare un focus sur les instruments acoustiques et un sens inné de la mélodie pop parfaite sont le point commun entre l’indie pop, la bossa et la country. Enregistré live en studio et en un temps record, la spontanéité de Sadness Sets Me Free en fait un disque à part, où le plaisir de jouer est palpable, et la complicité évidente entre les musiciens. Gruff Rhys, tout juste arrivé de Liverpool après un concert en ouverture de The Coral, le confirmera lors de cet entretien pendant lequel il nous parlera également du morceau qui a déclenché son envie de composer, de Lee Hazlewood et de l’importance du Surf’s Up des Beach Boys lors de la formation de son groupe Super Furry Animals. Continuer la lecture de « Gruff Rhys : « J’ai une passion pour les mauvais disques de country des 80’s ». »

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Blonde Redhead : « Je me demande régulièrement si je ne déteste pas la musique »

Blonde Redhead
Blonde Redhead / Photo : Charles Billot

Blonde Redhead a beau avoir eu une carrière en dents de scie, il font partie de ces groupes à qui on donne systématiquement une chance à chaque album. Le côté brouillon et référencé des débuts a laissé place progressivement à une musique personnelle et moins dense, dont beaucoup pensent que les sommets sont Misery is a Butterfly et 23. Mais ne rentrons pas dans un débat sur la meilleure période du trio, là n’est pas l’essentiel. Car même lorsque l’on sent que l’inspiration leur échappe parfois, quelque chose d’attachant et d’unique se détache de leurs chansons. La réussite de Sit Down For Dinner, album à la finesse mélodique épatante, est en ce sens une très belle surprise. Continuer la lecture de « Blonde Redhead : « Je me demande régulièrement si je ne déteste pas la musique » »