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S.T.T.O, des mal-nés aux mauvais garçons.

STTO
STTO
A notre connaissance, aucun groupe français n’avait eu l’idée de reprendre un morceau des Eddy Current Suppression Ring, le groupe de Melbourne dont le dernier album remonte à 2019. Service Du Télé Travail Obligatoire (S.T.T.O.), soit Olivier à la guitare-chant, Emmanuel à la guitare, William à la basse et Paul à la batterie, (que vous avez peut-être dû croiser au comptoir du Rochelle devenu Désordre dans le 11ème, où ils traînent leurs guêtres) s’y sont collés, et avec brio. En bons aficionados de la terre Australe, avec un son cinglant, singulier et conforme au morceau original, c’est-à-dire une guitare hypnotique, une basse qui gronde dans le fond et une batterie solide. Continuer la lecture de « S.T.T.O, des mal-nés aux mauvais garçons. »

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Selectorama : Nicolas Moog

Extrait de Vivre libre ou mourir, Punk et Rock Alternatif en France (1981 - 1989) par Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog (Glénat)
Extrait de Vivre libre ou mourir, Punk et Rock Alternatif en France (1981 – 1989) par Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog (Glénat)

 

Nicolas Moog
Nicolas Moog

Vous souvenez-vous de la merveilleuse bande dessinée Underground, parue il y a trois ans aux éditions Glénat, ouvrage indispensable qui proposait une formidable plongée dans l’univers des outsiders du rock ? Nous avions eu la joie, il y a trois mois, de découvrir l’excellent Selectorama d’Arnaud Le Gouëfflec, scénariste qui avait signé les textes érudits de cette petite Bible des marginaux de la musique populaire. Nous accueillons aujourd’hui Nicolas Moog, son fidèle acolyte, dessinateur surdoué au trait digne de Daniel Clowes, qui officie également dans le groupe Thee Verduns. Nous ne boudons pas notre plaisir de célébrer la sortie de leur tout nouvel opus de 180 pages Vivre libre ou mourir (toujours chez Glénat), consacré à l’histoire du rock alternatif et du punk en France de 1981 à 1989, basé sur les témoignages de membres des grandes figures de l’époque : les Bérus, Métal Urbain, les Wampas et consorts. Rappelons par la même occasion qu’un deuxième volume d’Underground est en préparation. Continuer la lecture de « Selectorama : Nicolas Moog »

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Gilles Poizat, Trouvé Perdu (La République des Granges / Carton Records)

« La première fois que je vous ai vue,
je me suis trouvé, je me suis trouvé,
et perdu, et perdu, et perdu » 

Quand la musique tient à une sorte de révélation, ou disons qu’elle se révèle sans besoin d’autre chose que d’elle-même. A l’heure où l’on demande aux musiciens d’assurer leur promotion à travers une omniprésence sur les réseaux, de produire la théorie et le mode d’emploi qui vont avec leurs productions, de se construire une image si ce n’est un look (ce mot des années 80) pour se faire remarquer, que certains s’y prêtent à contrecœur ou avec beaucoup d’allant, d’autres semblent ne pas trop s’intéresser à la question. C’est le cas de Gilles Poizat qui déboule sans crier gare avec une proposition radicale, mais tout à fait amicale. Continuer la lecture de « Gilles Poizat, Trouvé Perdu (La République des Granges / Carton Records) »

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Annie Ernaux : « On ne sort pas du désir dans la chanson »

Pour l’écrivaine Prix Nobel, qui présente une exposition photo à la MEP à Paris, la musique est supérieure à l’écriture, elle offre de tout revivre à l’infini.

La femme au gant par Dolorès Marat (Collection MEP)
Détail de « La femme au gant » par Dolorès Marat (Collection MEP, Paris)

« Je suis traversée par les gens, leur existence, comme une putain ».

Cette phrase, essentielle dans l’œuvre d’Annie Ernaux, est extraite du Journal du dehors (Gallimard), texte plutôt que roman, collecte de moments glanés dans les transports en commun, les supermarchés, les rues d’une ville nouvelle, Cergy-Pontoise, et publié en 1993.

C’est à partir de ce texte qu’est née l’exposition Extérieurs, que propose la MEP jusqu’au 26 mai 2024. Constituée de photographies extraites de la collection de cette maison sélectionnées par Lou Stoppard, le parcours proposé au premier étage met en relation des extraits du Journal du dehors, occupant parfois un pan entier de murs comme le ferait une œuvre plastique, et des photographies en couleur ou en noir et blanc qui n’illustrent pas les textes, mais les complètent, les questionnent, les reflètent. Continuer la lecture de « Annie Ernaux : « On ne sort pas du désir dans la chanson » »

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Gwendoline, C’est à moi ça (Born Bad Records)

« Merci la Ville, je m’ennuierai plus jamais »

Un premier rendez-vous manqué :  Gwendoline est à l’affiche d’une soirée pas loin de chez moi, je m’y rends, je regarde le premier groupe puis m’enfuis pour me rendre un peu plus loin pour voir les Oi Boys enflammer la plaine des Bouchers. Peu inspiré par le patronyme des Brestois qui me rappelait juste ce film d’aventure vaguement SM et un peu guez de Just Jaeckin avec Zabou (salut la génération Starfix), j’ai préféré opter pour l’autre duo, donc. Second rendez-vous : l’hiver dernier, Gwendoline se produit à nouveau près de chez moi, et je me dis que c’est un signe, je vais rattraper le temps perdu. Enfin perdu, pas pour tout le monde, puisqu’ils ont depuis enchaîné des centaines de dates dans toute la France, se sont construit un public acquis à leur cause, et ont signé chez Born Bad, excusez du peu. J’allais voir ce que je j’allais voir. Continuer la lecture de « Gwendoline, C’est à moi ça (Born Bad Records) »

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Bérurier Noir : Salut à toi la BNF

Tambour de mastO décoré par l’artiste Muzo. Fonds / Collection Heuer, Tomas (a.k.a mastO) © Élie Ludwig / BnF
Tambour de mastO décoré par l’artiste Muzo. Fonds / Collection Heuer, Tomas (a.k.a mastO) © Élie Ludwig / BnF

Les archives de deux des principaux membres de Bérurier Noir sont désormais à la BNF. Une expo en propose un petit aperçu. Celui d’une époque et du rock alternatif. Un enterrement ou héritage ?

La musique populaire, et surtout le punk , peuvent-ils rentrer dans le patrimoine de la nation ? Évidemment, d’une simple perspective chronologique (celle des cheveux blancs et des lunettes de vue), le temps de l’histoire, et de la mémoire collective, semble venue. Cependant, peut-on aborder les squats et les labels indépendants (Bondage Records, fondé au passage, entre autre, par le futur Kid Loco), comme Marc Bloch dressa le portrait complexe de ses rois thaumaturges. Ou au contraire finalement une telle entreprise s’impose désormais. Il faut après tout autant avoir lu Notre Jeunesse de Péguy que compiler la presse de l’époque pour appréhender l’impact de l’affaire Dreyfus. Alors nous savons, surtout pour ceux qui n’ont pas été de cette génération qui débarqua dans les années 80 en fuyant le rock giscardien de Téléphone, que la seule écoute sur Deezer de Macadam Massacre ne suffira pas… Continuer la lecture de « Bérurier Noir : Salut à toi la BNF »

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Satellite Jockey… Plays Music ! (Another Record)

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« Descend la route jusqu’au crucifix« 

Là où d’autres semblent chercher l’inspiration outre Manche / Atlantique, quitte à marier un peu de force leurs influences musicales avec notre idiome exotique – et souvent, ça fonctionne – Satellite Jockey se cherche plus dans les recoins du patrimoine européen des années 1960 à 1980 : ses intermèdes un peu space pour la télévision, des accroches de génériques pour les émissions enfantines ou des chansons oubliées de bandes originales de films chelous (ce genre). Dans une sorte de psychédélisme domestique, assagi mais pas moins rêveur, le groupe travaille les timbres en jouant sur les contrastes de leurs sonorités acoustiques / électriques / électroniques, toujours au service d’une écriture simple et efficace. Car le savoir faire de Satellite Jockey ne trouve son aboutissement que dans l’exploration de la mélodie. Ou comment garder la foi en ce territoire plus ou moins abandonné ces temps-ci au profit du rythme, de la palabre et de l’image. Continuer la lecture de « Satellite Jockey… Plays Music ! (Another Record) »

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Alain Kan, L’enfant veuf (Séguier)

Alain Kan / Photo : DR Séguier
Alain Kan / Photo : DR Séguier

Dans la préface l’élégance de la chute, Philippe Roizès commence par ces mots, « J’ai loupé Alain Kan. ». Il n’est pas le seul. Moi aussi, j’ai loupé Alain Kan, pour une raison toute simple : j’étais beaucoup trop jeune et provincial. Pour autant, il a toujours été là, sans que je le sache vraiment, quand j’écoutais avec obsession Minuit Boulevard, l’un des chefs d’œuvre de la musique française qu’il avait coécrit avec Christophe. Je me souviens d’ailleurs d’une interview où Christophe s’était mis à parler de cet homme, disparu sans laisser de traces en 1990 – Pas vu, pas pris – et dans son regard, j’y ai perçu une tristesse qui ne s’était jamais éteinte et qui m’avait troublé. C’est ça Alain Kan, une présence, un fantôme, qui apparaît, puis disparaît, sans que l’on sache pourquoi. Continuer la lecture de « Alain Kan, L’enfant veuf (Séguier) »