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Torn Verlaine

Tom Verlaine
Tom Verlaine

Que pleure-t-on avec la disparition de Tom Verlaine ? Ce qui frappe, pour une légende de cette stature, c’est qu’il brillait d’abord par des qualités négatives : pas une grande voix, même si l’empreinte vocale est reconnaissable entre mille, au point d’avoir déterminé des vocations de non-chanteurs aussi notoires que Lloyd Cole ou Lawrence. Un jour, ce dernier débarque à New York, appelle Verlaine. Qui se souvient, narquois : « Je n’ai pas très bien compris ce qu’il voulait. Peut-être des leçons de chant ? (rires)… ». Ces deux-là ne se rencontreront jamais, mais il suffit d’écouter Days, du premier, pour mesurer tout ce que le second lui doit. Continuer la lecture de « Torn Verlaine »

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Peel Dream Magazine : « Je suis un poppeux dans l’âme »

Joe Stevens - Peel Dream Magazine
Joe Stevens – Peel Dream Magazine / Photo : Samira Winter

Voilà trois semaines que Joe Stevens a quitté Los Angeles pour Londres. En résidence dans la capitale anglaise, il s’est produit chaque mercredi de janvier auprès d’invités de (son) choix, Sean O’Hagan [The High Llamas, Microdisney, Stereolab] ou Jack Cooper [Mazes, Ultimate Painting], pour ne citer qu’eux. Après quelques autres villes anglaises, c’est demain qu’il traversera la Manche pour entamer la première tournée européenne de Peel Dream Magazine, avec un premier arrêt à Paris. Un concert qui fera date, aussi parce que tant attendu par ceux qui avaient, comme nous, adoré Agitprop Alterna [chroniqué ici], paru en avril 2020, en plein confinement. Deux ans et demi plus tard, Stevens surprend avec le bien-nommé Pad, un album-concept cotonneux, fait de sonorités synthétiques et vintage, au fil desquelles évolue un personnage imaginaire. Dans un long entretien, le musicien nous explique ce virage esthétique, du shoegaze à ce qu’il nomme la « pop baroque », en évoquant évidemment ses plus grandes influences : les High Llamas, Stereolab et les Beach Boys.  

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C’était David Crosby (1941-2023)

David Crosby
David Crosby

Dans Harvest Time, le documentaire fourni en DVD avec la version du 50e anniversaire d’Harvest parue pour la Noël, il se joue une scène assez révélatrice. On y voit Neil Young avoir toutes les peines — certes relatives, en buvant des bières et en se marrant comme une baleine — à mettre une touche finale aux harmonies de Words avec Nash et Stills, alors que quelques temps auparavant, il y parvient presque sans peine aucune sur Alabama avec Nash et Crosby. Stills est là encore, et à trois ils ont la plus belle collection de sous-pulls au monde, avec un niveau de zouaverie paradoxalement revu à la baisse. En trois nuances un peu exagérées, Crosby trouve le ton juste pour les chœurs, civilise paradoxalement ce motet brutaliste : les autres n’ont plus qu’à se coller dessus. Mettre (tout) le monde à l’unisson par le seul fil de sa voix, comme par magie, peut-être était-ce là, bien au-delà de ses frasques, le plus grand talent de David Crosby. Et ce génie absolu à harmoniser les sons et les autres venait de loin. Et repartira plus loin encore, en devenant un véritable vétéran du chaos. Continuer la lecture de « C’était David Crosby (1941-2023) »

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The dB’s, Stands For Decibels (Albion, 1981)

The dB’s tracent les hésitations de la période charnière entre new wave et indie-pop. Sur le sol nord-américain, comme ailleurs, une génération de groupes s’imprègne de l’héritage sixties, sans foncer dans la parodie et le pastiche. Dunedin Sound en Nouvelle Zélande, Paisley Underground en Californie (Rain Parade, Bangles, Dream Syndicate etc.), les dB’s sont, eux, aux avant-postes de la transition à New York, au coté de formations comme The Bongos ou The Individuals. Originaire de Winston-Salem, en Caroline du Nord, les membres des dB’s se connaissent depuis l’enfance et jouent souvent ensemble depuis les années soixante dans leur ville d’origine. Continuer la lecture de « The dB’s, Stands For Decibels (Albion, 1981) »

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Climats #40 : Yo La Tengo, Nicolas Comment

Paris la nuit vue du ciel par la Nasa
Paris la nuit vue du ciel par la Nasa

Edith Piaf reprise en rocksteady, ce serait la promesse du retour du soleil ? Et la musique de Jonathan Richman protège-t-elle de la grêle ?

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #40 : Yo La Tengo, Nicolas Comment »

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Stimulator Jones, Round Spiritual Ring (Stones Throw, 2022)

Stimulator Jones donne enfin une réelle suite à l’excellent Exotic Worlds and Masterful Treasuresparu en 2018. Samuel Jones Lunsford, tête pensante du projet, n’a cependant pas chômé entre temps. Il a sorti deux autres albums sous le même alias, des disques moins orientés R&B et pop, presque des side-projects. La Mano (Mutual Intentions, 2021) explore ainsi un jazz-funk instrumental, matière idéale pour créer des boucles. Il est d’ailleurs question d’instrus hip-hop, d’esquisses sur l’autre disque, l’intrigant Low Budget Environments Striving For Perfection (2021, Stones Throw).  Tous les chemins mènent cependant à Round Spiritual Ring, dernier LP en date de l’intéressé paru à l’été 2022. Continuer la lecture de « Stimulator Jones, Round Spiritual Ring (Stones Throw, 2022) »

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« Lee Hazlewood, l’homme qui faisait chanter les femmes » par Christophe Deniau (Le Boulon)

Avec la parution en octobre 2022 aux éditions Le Boulon de la seule et unique biographie française du monumental Lee Hazlewood, Christophe Deniau a réparé une injustice aberrante. Comment un musicien, chanteur, compositeur, parolier, producteur, arrangeur, patron de label d’une telle envergure n’avait-t-il pas encore inspiré un livre destiné aux lecteurs français ? Ce n’est pas comme si Lee Hazlewood était un artiste obscur, seulement connu d’une poignée de dévots s’adonnant à un culte ésotérique dans des catacombes ! Lee Hazlewood fait au contraire partie des ces musiciens de génie qui ont eu la chance de connaître à la fois un succès populaire massif – grâce à de légendaires duos avec Nancy Sinatra -, accumulant les disques d’or et les royalties, mais qui ont également – de manière plus souterraine -, acquis un véritable statut de mythe auprès des mélomanes les plus pointus comme les frères Reid (Jesus and Mary Chain), Stuart Staples (Tindersticks), Richard Hawley, Steve Shelley (Sonic Youth), Nick Cave ou encore Jarvis Cocker (Pulp), qui ont maintes fois crié sur les toits leur admiration pour les disques solos du Texan. Continuer la lecture de « « Lee Hazlewood, l’homme qui faisait chanter les femmes » par Christophe Deniau (Le Boulon) »

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The Sadies, Colder Streams (Yep Roc Records)

The Sadies Colder Streams Yep RocColder Streams est à n’en pas douter le meilleur disque des Sadies. Ce n’est pas nous qui l’écrivons, c’est le communiqué de presse du groupe. Et on le sait tous, les groupes sont les meilleurs juges de leurs disques. Tout devrait sonner faux. Sauf que tout est vrai. À cela, on rajoutera que Colder Streams est peut-être le dernier disque du groupe car Dallas Good, membre fondateur des Sadies avec son frère Travis, est mort de manière soudaine en février 2022. La même semaine, le rock perdait Mark Lanegan et donc Dallas Good. Continuer la lecture de « The Sadies, Colder Streams (Yep Roc Records) »