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Selectorama : Faust

Faust
Faust / Photo : Juergen Ensthaler

Krautrock ! Qui mieux que Faust, grand pataquès protéiforme, Velvet Underground occulte de Wümme (alors RFA) à l’influence avérée sur des centaines d’autres têtes chercheuses (de Nurse With Wound à Joy Division en passant par Pascal Comelade) aurait pu faire sien et détourner un terme à priori xénophobe ? Car l’appellation, aujourd’hui reconnue AOC de qualité fut au départ un terme vaguement méprisable énoncé par une presse anglaise pas vraiment finaude, ni tout à fait remise du blitz. Rock choucroute, le kraut étant non seulement ce fascinant légume, mais aussi le petit nom donné à nos amis d’Outre Rhin, eut égard aux horreurs d’un conflit alors récent. Alors, quitte à détourner l’insulte, Faust en fit, en ouverture de son quatrième album (Faust IV, chez Virgin, 1973) un morceau hypnotique, terrassant et dont la toxicité ne se démentira toujours pas, presque cinq décennies plus tard. Et qui ouvrira ce concert tant attendu au festival BBMix ce dimanche puisque l’incarnation actuelle rejouera dans son intégralité ledit album. Rarement cité en premier lorsqu’il s’agit de Krautrock, Faust a pourtant eu un retentissement durable et permanent. Sur le marché anglais en faisant vendre son troisième album (The Faust Tapes, 1973) au prix d’un single, et en écoulant ainsi plus que prévu (« Certains s’en sont servi pour jouer au frisbee, pour d’autres ça a changé leurs vies… »), d’autre part en réussissant de manière absolument tonitruante sa reformation au mitan des années 90. Alors même si l’on sait à peu près à quoi s’attendre, on ne saurait pourtant trop vous conseiller d’y aller avec le moindre sentiment de sécurité, un concert de Faust étant par nature beaucoup plus imprévisible, toxique, ouvert et libre que le tout venant, bref, tout sauf ordinaire. En prélude, quelques vraies pépites et pas moins de fausses pistes dans ce selectorama concocté par Jean Hervé Péron. Continuer la lecture de « Selectorama : Faust »

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Anika : La fin des compromis

Anika
Anika / Photo : Coralie Gardet

En juillet dernier, Annika Henderson faisait son retour avec un second album, Change, onze ans après celui qui avait fait connaître son nom en 2010, Anika. Alors journaliste politique entre Londres et Berlin, où elle vit désormais, l’Anglaise de Surrey avait répondu à l’appel de Geoff Barrow, membre fondateur de Portishead, à la recherche d’une chanteuse pour un projet encore jeune à l’époque, BEAK>. Neuf titres, dont sept reprises, de Bob Dylan, Ray Davies ou Yoko Ono, étaient nés de cette rencontre. La voix grave et sépulcrale d’Anika, souvent comparée à celle de Nico, assortie d’arrangements entre post-punk et dub, avait soufflé un vent froid mémorable sur ces grands classiques des années 1960. C’est sans surprise qu’on la retrouvait, en 2016, signée sur le plus sombre des labels indés, Sacred Bones, en meneuse du groupe Exploded View. Aujourd’hui, ce sont ces deux maisons, Sacred Bones et Invada, le label de Barrow, que la chanteuse a choisies pour publier son dernier album, son plus personnel et intime. Elle nous parle de son processus de création et de sa manière de le diriger, sans compromis, dans un entretien accordé fin septembre à Angers, quelques heures avant sa performance au Levitation France.

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Comment mon groupe préféré m’a mis mal à l’aise – Can, Live in Stuttgart 75

Can, période Damo Suzuki.
Can, période Damo Suzuki.

La première fois que j’ai écouté Can, c’est comme si j’avais marché sur la Lune. Mon ami d’alors avait préparé cérémonieusement le moment de cette écoute, sûr de l’effet que cette musique aurait sur moi, et très excité de me la faire découvrir. Il a commencé par le début en insérant le CD de Monster Movie (1969) dans le lecteur. You Doo Right concentre déjà quasiment toute leur musique : l’intensité du chant, le groove de la basse, le cosmique de l’orgue et des claviers, la progressivité du morceau, le sens mélodique de la guitare et la rythmique hypnotique de la batterie. Je n’ai jamais rien entendu d’aussi parfait pour ma psyché et ma sensibilité. Je suis scotchée au canapé, partie dans un voyage qui durera toute une nuit. Continuer la lecture de « Comment mon groupe préféré m’a mis mal à l’aise – Can, Live in Stuttgart 75 »

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Sous Surveillance : Go Lamborghini Go

Go Lamborghini Go
Go Lamborghini Go

Qui ?

Viêt Phương Vũ : Basse, chant
Denes Bieberich : Batterie, chant
Oskar Militzer : Guitare
Julius Berger : Guitare
Alexander Günther : Claviers et effets
Christian Ramisch : Claviers et production
Go Lamborghini Go n’est pas un groupe à proprement parler, il s’agit plutôt d’une bande d’amis qui officient dans une poignée de groupes post punk / wave en vue en ce moment à Berlin : Liiek, Pigeon, Gilb, NOJ, Die Letzen Ecken, Benzin, Ostseetraum. Un line up mouvant avec pour seul camp de base, les locaux de l’allée des Cosmonautes dans l’Est de la ville. Lieu saint de la clique du label Flennen dont nous avions parlé dans un sous surveillance, ils sont d’ailleurs présents sur plusieurs compilations du label.

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TRANSMISSION #54 Spéciale Krautrock

Emission du 07 mars 2021 sur Rinse France

Une émission présentée par Thomas Schwoerer, sur une playlist de Viktor Der Panini Joe, Xavier Mazure, Baptiste Fick et Thomas Schwoerer.

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Françoise für immer

Françoise Cactus / Stereo Total
Françoise Cactus / Stereo Total

On était très fiers, il y a deux ans, de proposer ce qui restera certainement la mixtape la plus dingue de notre collection, où nous demandons à des artistes de nous donner la clé de leur jardin secret. Stereo Total, ou un amour inconditionnel pour leur pop franco-allemande lofi, électro et punk, leur esprit barré et leur folie constante. Je ne sais pas si la disparition de quelqu’un pouvait me faire plus de peine que celle de Françoise Cactus. Elle était la bonne copine cinglée qui joue de la batterie et braille au micro d’un groupe rock de proximité, dans le sens de la petite formation punk qui vieillit bien, celle qu’on aime retrouver en concert dans de petits endroits improbables tous les deux-trois ans. Celle qui, comme une amitié de lycée indéfectible, ne s’arrête jamais. Il nous reste désormais leurs disques, témoignage indispensable d’une légèreté débridée qu’on ne connaitra peut-être plus comme avant, et cette mixtape en deux faces façon cassette oldschool, où Françoise herself joue au MC en introduisant chaque morceau d’une anecdote forcément piquante. Auf wiedersehen, mademoiselle Cactus, ich liebe dich.


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Tangerine Dream, Phaedra (1974, Virgin)

La musique cosmique fit les beaux jours de l’Allemagne de l’Ouest dans les années soixante-dix. Deux épicentres placèrent alors le pays d’Europe continentale sur la carte mondiale des musiques actuelles : l’axe Cologne-Düsseldorf (les deux villes sont séparées par un pont) et Berlin. Du premier ensemble émergea Kraftwerk, Can ou Neu!. De son côté, la future capitale du pays fut le théâtre des expérimentations de Klaus Schulze, Manuel Göttsching , Ash Ra Tempel et bien sûr Tangerine Dream. Les deux scènes furent régies par les mêmes interrogations.

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The Notwist : « Accentuer les ruptures de style, les collisions entre les références » (2014)

The Notwist
The Notwist

Sept ans après Close To The Glass évoqué dans cette interview que nous avons choisi de vous proposer, The Notwist vient tout juste d’opérer un retour inespéré et particulièrement réussi avec son nouvel album, Vertigo Days. Un disque riche et intense, émaillé de nombreux guests (Juana Molina, Saya Ueno des Tenniscoats, Ben LaMar Gay et Angel Bat Dawid). Entre psyché, kraut et expérimental, Markus Acher évoquait déjà auprès de Matthieu Grunfeld les chemins inattendus empruntés par le groupe.

Il faudra bien s’y faire. En dépit de toutes les  impatiences, attisées au passage par la luxueuse réédition du chef d’œuvre Neon Golden (2002), le quatuor allemand ne consent à sortir de son silence et de son antre bavaroise de Weilheim qu’au seul rythme imposé par les méandres de son inspiration. 6 ans déjà après la publication de The Devil, You + Me (2008), imprégné par d’ambitieux arrangements orchestraux venus se mêler aux scansions électroniques et aux structures organiques de morceaux, les frères Acher et Martin Gretschmann consentent enfin à nous faire partager le résultat de cette nouvelle séquence prolongée de délibérations expérimentales et de composition collective. Continuer la lecture de « The Notwist : « Accentuer les ruptures de style, les collisions entre les références » (2014) »