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Spiritualized : « Je veux terminer ma carrière en fanfare. »

Spiritualized
Jason Spaceman – Spiritualized / Photo : Sarah Piantadosi

Cela arrive rarement, mais il y a des personnes que j’ai peur d’interviewer. Jason Spaceman est l’une d’entre elles. Soyons transparent, il réunit sur papier tous les critères. Non seulement il affiche clairement sa répulsion pour toute obligation promotionnelle, mais sa musique, depuis ses débuts avec Spacemen 3, ne peut venir que d’un cerveau profondément dérangé. Passé d’un minimalisme glaçant à un mur du son Spectorien teinté de psychédélisme (les deux avec option « ++ » en musique de drogué), son œuvre est l’une des plus exigeantes et captivantes de ces dernières décennies. Et puis soyons honnête, Jason Spaceman, ce n’est pas Sœur Sourire. C’est donc avec une légère appréhension que je suis arrivé à l’hôtel où se déroulait une journée d’interview pour Everything Was Beautiful, le nouvel album de Spiritualized. On m’annonce aussitôt que Jason n’a toujours pas quitté sa chambre, le planning a déjà pris du retard. Continuer la lecture de « Spiritualized : « Je veux terminer ma carrière en fanfare. » »

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Selectorama : Confidence Man

Confidence Man
Confidence Man / Photo : Jamie Heath

Ok, il a fallu un petit temps de réflexion pour décider si Confidence Man avait sa place ici, tant le quatuor de Melbourne s’illustre dans une dance pop totalement exaltée à la limite de la poule sans tête. Quelques signaux sont toutefois passés au vert : en premier lieu, ils sont signés sur Heavenly Recordings, que l’on suit depuis trois décades, de East Village à Saint Etienne, en passant par Beth Orton, The Magic Numbers ou Doves, jusqu’à plus récemment Working Men’s Club, Baxter Dury et tant d’autres. Puis, dans les playlists de A Certain Radio, on les retrouve autant chez le vétéran éclairé Daniel Dauxerre que chez Pipi de Frèche, notre onde sensible. Soit. Mais qu’en est-il de cet album si justement nommé Tilt ? Sorti il y a quinze jours à peine, ils ont apparemment balancé dans pèle-mêle dans la marmite breaks mancuniens, pianos house, basses stéroïdées, lyrics aussi joyeusement crétins que back in the days dans les 90s (Push It Up, KIss N’Tell, ce genre), allant radicalement à contre-courant d’une ère totalement anxiogène. Alors, soit on l’admet et on considère que Holiday est le meilleur hymne après moi le déluge, soit on retourne chouiner en écoutant des choses tristes. Vous êtes prévenus, et pour mieux comprendre leur confidence, voici les neuf titres qu’ils ont choisis pour ce selectorama absolument pas sérieux. Continuer la lecture de « Selectorama : Confidence Man »

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Selectorama : Destroyer

Destroyer
Destroyer

Survivre à un disque qui a marqué au fer blanc une génération de fans de musique indépendantes n’est pas une tâche facile. Kaputt, sorti seize ans après les débuts de Destroyer, était alors considéré comme un étalon du cool et l’est resté depuis. Car Dan Bejar était déjà en dehors de tout calcul et des courants musicaux éphémères. S’ensuivit un changement de cap moins lyrique, musicalement toujours passionnant, mais en pente douce. D’où la surprise créée par Labyrinthitis, quinzième album de Destroyer, une œuvre de haute volée. New Order faisant partie de l’ADN du groupe, les influences ont beau rester les mêmes, Bejar n’hésite pas à les triturer, à les emmener sur le dancefloor avec une ambition que l’on ne soupçonnait pas jusqu’à aujourd’hui. Labyrinthisis est son disque le plus aventureux car il allie avec classe une évidence pop à une expérimentation sonore un peu crasse. Soit un condensé du meilleur de Destroyer depuis Poison Season, mais qui laisse entrer suffisamment de lumière pour vous donner envie de bouger plutôt que de déprimer au bout du troisième morceau. A l’occasion de ce nouvel album, Dan Bejar nous présente dix titres qui l’obsèdent. De Bill Evans, Fiver à Loscil, tous sont à l’opposé de la densité de ses propres morceaux, mais ils donnent une bonne idée de la quête émotionnelle qu’il cherche à retranscrire. Continuer la lecture de « Selectorama : Destroyer »

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Selectorama : Midlake

Midlake
Midlake

La résilience en deux temps. Midlake avait déjà survécu au départ de son leader originel, Tim Smith, après la publication de son troisième album en 2010. Après dix ans de silence presque complet, c’est un deuil plus intime qu’il s’agit ici de surmonter. Le père du claviériste Jesse Chandler, décédé en 2018, lui serait apparu en rêve pour l’encourager à prolonger l’aventure collective. Une impulsion d’outre-tombe qui confère à For The Sake Of Bethel Woods une résonance dramatique, amplifiée par la mise en son très ambitieuse, confiée pour la première fois à un producteur extérieur, John Congleton en l’occurrence. Sans oublier d’écrire des chansons, Midlake y redonne ses lettre de noblesse à une forme de musique progressive, réhabilitant au passage un mysticisme élégant et des arrangements amples et complexes. Un hommage aussi à une époque et un lieu – Bethel, dans l’état de New-York, où ont longtemps résidé Chandler et sa famille et où s’est tenu le festival de Woodstock – qui marquent cette sélection de dix titres. C’est donc lui qui se charge de la visite guidée du patrimoine local. Continuer la lecture de « Selectorama : Midlake »

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Les américains Other Lives parcourent enfin les scènes de France

Other Lives / Photo : Walle & Taylor Grey
Other Lives / Photo : Walle & Taylor Grey

Jamais sans doute le groupe de Jesse Tabish n’avait si bien porté son nom. C’était il y a deux ans et plusieurs existences ont semblé filer depuis. Prématurément interrompue par la fin du monde d’avant, la tournée tant attendue reprend enfin et repasse longuement et largement par la France. On aura notamment l’occasion d’y entendre les versions adaptées pour la scène des titres de For Their Love, 2020 – certainement l’un des albums les plus remarquables et les plus ambitieux du groupe américain, dont nous avions parlé avec eux au moment de sa sortie dans une interview que nous vous proposons de relire aujourd’hui. Continuer la lecture de « Les américains Other Lives parcourent enfin les scènes de France »

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Baxter dure vraiment plus longtemps

Un Best Of, une autobiographie : Baxter Dury n’a pas chômé pendant le confinement.

Baxter Dury / Photo : Hannah Molin Delafosse
Baxter Dury / Photo : Hannah Molin Delafosse

Avec le temps, le dandy britannique Baxter Dury a appris à se méfier des journalistes, même des plus bienveillants à son égard. Si de ce côté-ci de la Manche, personne ne fait vraiment attention à la figure du père Ian Dury, dans son pays Baxter Dury reste le “fils de”. Son parcours au long cours, fort de six albums depuis 2002 et d’un livre au titre français mais uniquement disponible en langue anglaise, Chaise Longue, présenté par son éditeur comme autobiographique, en impose désormais sérieusement face à celui du caricaturiste du mode de vie Sex & Drugs & Rock & Roll finalement incapable de surmonter le succès. Continuer la lecture de « Baxter dure vraiment plus longtemps »

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« Crazy », le nouveau single de Spiritualized

La fièvre monte à mesure que la sortie du nouvel album de Spiritualized Everything Was Beautiful se rapproche (le 25/02 chez Bella Union/PIAS). Après avoir partagé le premier extrait Always Together With You il y a quelques semaines, on découvre ou presque un nouveau single intitulé Crazy. Ballade country-soul mystique magnifiée par les chœurs de l’ américaine Nikki Lane. En sus, un superbe scopitone, réalisée par Jason Spaceman himself et probablement inspiré par le Kiss d’Andy Warhol. Crazy love for Crazy days.


Everything Was Beautiful de Spiritualized sortira le 25 février chez Bella Union/[PIAS]. Interview à venir dans ces colonnes.

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The Parrots, Dos (Heavenly Recordings / PIAS)

Dos by The ParrotsLa dernière fois que j’ai vraiment prêté attention à leurs chansons, c’était en 2019, dans la moiteur d’un été madrilène, pendant un festival où je m’étais rendu avec une femme pour voir The Cure. Je ne connaissais pas grand-chose de ces gars-là : une reprise très addictive d’un hit reggaeton (!) – Soy Peor, le temps d’une version à faire passer les Happy Mondays pour les Petits Chanteurs à la Croix de Bois –, des accointances avec les filles de Hinds – voir et revoir le clip de Davey Crockett (une reprise de Thee Headcoats, je le précise car sinon Etienne et Bertrand, parmi les meilleurs d’entre nous, pourraient avoir envie à très juste titre de me casser le figure alors que je suis plutôt un pacifiste) – et le fait qu’un ami pour la vie était tellement persuadé de leurs talents qu’il s’est entiché de leur destinée – et cet ami-là s’est rarement trompé pour ces choses-là (et pour d’autres aussi). Continuer la lecture de « The Parrots, Dos (Heavenly Recordings / PIAS) »