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Klaus Schulze, Moondawn (1976, Brain)

Le 26 avril 2022, Klaus Schulze rejoignait Edgar Froese, parti lui en 2015, dans le cosmos. Les deux furent les principaux architectes célestes de la Berlin School dans les années 70. Ils contribuèrent ainsi à faire de la future capitale allemande un haut lieu de la musique planante et expérimentale. La carrière de l’intéressé démarre au milieu de la décennie précédente. En pleine vague psychédélique, il joue de la batterie au sein de Psy Free, un trio art rock n’ayant laissé aucun enregistrement. Il rejoint ensuite Tangerine Dream, toujours derrière les fûts. Il participe à l’enregistrement d’Electronic Meditation (1970), avant de quitter le groupe suite à des désaccords avec Froese. Son goût pour l’expérimentation pousse en effet Klaus Schulze à utiliser des bandes d’orgue trafiquées pendant les concerts, contre la volonté du leader de Tangerine Dream. Continuer la lecture de « Klaus Schulze, Moondawn (1976, Brain) »

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Comment mon groupe préféré m’a mis mal à l’aise – Can, Live in Stuttgart 75

Can, période Damo Suzuki.
Can, période Damo Suzuki.

La première fois que j’ai écouté Can, c’est comme si j’avais marché sur la Lune. Mon ami d’alors avait préparé cérémonieusement le moment de cette écoute, sûr de l’effet que cette musique aurait sur moi, et très excité de me la faire découvrir. Il a commencé par le début en insérant le CD de Monster Movie (1969) dans le lecteur. You Doo Right concentre déjà quasiment toute leur musique : l’intensité du chant, le groove de la basse, le cosmique de l’orgue et des claviers, la progressivité du morceau, le sens mélodique de la guitare et la rythmique hypnotique de la batterie. Je n’ai jamais rien entendu d’aussi parfait pour ma psyché et ma sensibilité. Je suis scotchée au canapé, partie dans un voyage qui durera toute une nuit. Continuer la lecture de « Comment mon groupe préféré m’a mis mal à l’aise – Can, Live in Stuttgart 75 »

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Balladur, La Vallée Étroite (Le Turc Mécanique)

Depuis une demi-douzaine d’années, Balladur enchante les salles de concerts et autres squats avec un live unique en son genre, placé au milieu du public, avec un set-up plutôt léger constitué de machines, guitare et micros. En un sens, Balladur est une expérience qui dépasse le cadre classique du concert où le spectateur est passif. L’ensemble évoque ainsi tout autant, si ce n’est plus, les fêtes traditionnelles comme les musiques de processions dans les villages thaïlandais (Phin Prayuk). La musique du duo de Villeurbanne traduit, à bien des égards, la recherche de communion et de partage au cœur de la démarche du groupe. Continuer la lecture de « Balladur, La Vallée Étroite (Le Turc Mécanique) »

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Krautrocksampler, Julian Cope (Headheritage/Kargo & l’éclat)

KRAUTROCK Special

La Bible, pas celle achevée d’imprimer par Gutenberg et Pierre Schöeffer à Mayence en 1455, non. Mais la bible fondatrice pour les amateurs du genre, assurément. Rien d’étonnant à ce que ce soit en 1995 que l’ex-Teardrop Explodes Julian Cope ait publié cet indispensable petit guide d’initiation à la grande Kosmische Musik qui fait encore référence aujourd’hui, même si la caverne des archives est si vaste qu’on y découvre encore des tas de choses d’importance.
Si les inusables noms de Can, Faust, Neu! ou Kraftwerk étaient déjà sur toutes les lèvres suite à l’avènement du post-rock, et au préalable grâce aux valeureux passeurs que furent Steven Stapleton (Nurse With Wound), Robert Hampson (Loop), Sonic Boom (Spacemen 3), Tim Gane (Stereolab), Barney Sumner (New Order), Jim et William Reid (Jesus And Mary Chain)*; ceux d’Amon Düül (1 et 2), de Popol Vuh, d’Ash Ra Tempel ou des débuts de Tangerine Dream renvoyaient à des souvenirs frontaliers pas nécessairement glorieux.

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La Soupe aux Choux

KRAUTROCK Special

Klaus Schulze

 

Des premiers Kraftwerk à Neu!, il y a déjà un monde. A de nombreuses choses près, ce que l’on nomme Krautrock peut paraître indéfinissable. En revanche, dans nos esprits, de la fin des années 60 au début des années 80, presque tout ce qui est allemand est Kraut.
Dans le plus parfait désordre, voici une sélection forcément expérimentale (dés)unie par le goût du chou-caillou (bijou, genou, hibou, pou), du chou amer, du chou froid, du chou confit, du chou synthétique, du chou planant, du chou cosmique, du chou industriel, du chou psyché, du chou nippon, du chou dub, du chou glamour et même… du chou de velours. Soit un chou teuton au groove toujours froid, et droit dans sa motte.

Une playlist composée par Gunter Ferchäud, Beatus Ceßbron et Xaver Mazür

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Michael Rother – L’Homme-orchestre

KRAUTROCK Special

Michael Rother
Michael Rother

Il aurait pu être un homme-robot membre de Kraftwerk. Il a préféré dès 1971, avec un autre “dissident”, Klaus Dinger, initier Neu! avant de rejoindre ses aînés Hans-Joachim Roedelius et Dieter Moebius, réunis dans Cluster, pour expérimenter en trio avec Harmonia. Il aurait pu devenir guitariste de David Bowie en pleine période “berlinoise”. Mais Michael Rother a plutôt enregistré sous son nom neuf albums essentiellement instrumentaux, dont les quatre premiers, Flammende Herzen (1977), Sterntaler (1978), Katzenmusik (1979) et Fernwärne (1982). Réédités dans un coffret intitulé Solo, avec des textes signés Jim O’Rourke, John Foxx (Ultravox!) et William Tyler (Lambchop, Silver Jews, Bonnie “Prince” Billy, Candi Staton…), chacun d’entre eux mérite d’être (re)découvert par quiconque s’intéresse à The Durutti Column ou bien au Jacno de Rectangle (1979).

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Can : Trafic d’influences

KRAUTROCK Special

Can
Can

Mariant des talents affirmés et venus d’horizons différents à une ouverture d’esprit vertigineuse et à la volonté de créer quelque chose de neuf, la carrière de Can peut s’envisager comme celle du seul “super-groupe” qui vaille. En compagnie de nos consultants de luxe Étienne Jaumet (Zombie Zombie) et Fabrice Laureau (NLF3), on s’immerge dans les entrelacs d’une musique encore jamais entendue jusque-là.

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Toy : “Se rapprocher au maximum de qui tu es, c’est l’objectif lorsque tu fais de la musique.”

Toy
TOY / Photo : Steve Gullick
C’était en décembre 2016, au Nouveau Casino, que nous les avions vu à Paris pour la dernière fois. Le quintet de Brighton, propulsé en 2011 par The Horrors, venait de nous gratifier d’un troisième LP, Clear Shot, leur plus riche en date, confirmant une audace qui n’allait pas tarder à les placer au-dessus de leurs aînés. C’est désormais chose faîte avec Happy in the Hollow, attendu le 25 janvier chez Tough Love RecordsUlrika Spacek, Part Time ou Girls Names complétant l’écurie du label londonien au bon goût difficile à égaler. Un ouvrage frappant par la variété des influences qui le composent. L’esprit krautrock, évidemment, dicte toujours la conduite : rythmiques hypnotiques et abondance de synthétiseurs portent la voix rassurante de Tom Dougall. Ce sont ces incursions nouvelles du côté de l’acid folk et de la surf qui, en occasionnant les plus belles réussites de l’album (The Willo, You Make Me Forget Myself), le hissent sur un autre palier. J’ai retrouvé Tom Dougall, chevelure ombrageuse et regard fuyant, accompagné de Max Oscarnold, bassiste de The Proper Ornaments dernièrement recruté, dans un bar du XIIe. Derrière la timidité du leader s’est très vite dévoilée une verve de passionné. Ensemble, ils se sont livrés sur leurs aspirations et leur quête ultime en tant que musiciens : la recherche de leur identité propre.

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