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Caterina Barbieri, Ecstatic Computation (Editions Mego)

Lors de son passage parisien à l’occasion de l’édition 2019 du festival Présences électroniques, Caterina Barbieri a pu confirmer ce que l’on pressentait d’un travail tout entier dédié aux « effets psycho-physiques de la répétition » et à l’exploration des « opérations basées sur des patterns » : approfondir une ligne minimaliste qui aujourd’hui fait figure de passage obligé pour tout un pan des musiques électroniques contemporaines, qui se caractérise par un travail sur la séquence prise comme matrice d’une logique de variation, de recomposition et décomposition du motif sonore. Une pratique de l’arpeggiateur notamment, qui fait penser au New Age typique des 80’s (certains travaux de Suzanne Ciani en tête). Déjà, avec Patterns of Consciousness, sorti en 2017 chez Important Records et qui a imposé Caterina Barbieri comme l’une plus importantes représentantes de la nouvelle garde néo-ambiant, l’ambition esthétique était clairement perceptible, insistant sur l’automatisation comme contrainte pour la composition. Continuer la lecture de « Caterina Barbieri, Ecstatic Computation (Editions Mego) »

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Purple Mountains, Purple Mountains (Drag City/ Modulor)

On ne pourra pas dire qu’il ne nous a pas prévenu. Pour son retour après dix années d’absence, David Berman a balancé un titre sous forme de profession de foi abandonnée, All My Happiness Is Gone. On regrettera simplement que l’intro dudit scopitone soit absente du disque final, car elle avait une texture d’abandon et de tristesse dont seuls les soixante treize fans des Supreme Dicks (moi inclus) ont du saisir la vraie teneur, l’enchainement avec le morceau (un futur classique à n’en point douter, je me trompe rarement) arrangeant d’ailleurs tout le monde et tout cela dans une belle harmonie disjointe et avec une nappe de synthé new wave pas si incongrue. Continuer la lecture de « Purple Mountains, Purple Mountains (Drag City/ Modulor) »

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The Lunar Laugh, Goodnight Noises Everywhere (Kool Kat Musik/You Are The Cosmos)

Est-ce pour mieux s’aligner sur les festivités musicales institutionnalisées dans nos contrées ou, plus vraisemblablement, sur la survenue des premières chaleurs estivales ? Toujours est-il que la publication de ce troisième album de The Lunar Laugh le 21 juin dernier semble correspondre à la perfection avec le solstice de saison. Contrairement à ce que suggère son patronyme nocturne – emprunté, pour l’anecdote érudite, aux péroraisons astrologiques de l’album Cosmic Sounds de The Zodiac (1967)-  le quatuor d’Oklahoma City propose en effet une réinterprétation résolument radieuse d’une tradition musicale dont les sources principales demeurent ancrées dans les années 1970. Continuer la lecture de « The Lunar Laugh, Goodnight Noises Everywhere (Kool Kat Musik/You Are The Cosmos) »

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Selectorama : Silver Fox (Camisole Records)

Détail de la pochette de La Stèle Des Pleurs (Camisole Records)

Depuis 2014, le label Camisole Records alterne nouveautés et rééditions, toujours avec précision. L’esthétique est téméraire : elle trace les contours d’une mélancolie froide jusqu’à l’exploration sans démarcation du patrimoine synthétique français. New Age médiéviste (Les Légendes De Brocéliande de Serge Bulot, 1981), Library Music (la compilation Business Class Library Music), post-punk glacé (la récente réédition de l’unique single de Cold Dreams) ou disco cosmique (Thierry Meyer)  côtoient des nouveautés toutes aussi élégantes telles que La Stèle des Pleurs (minimal-synth dont l’album est à découvrir), Shelter ou Volcan, auteur d’un splendide EP, quelque part entre Tangerine Dream, Pointe du Lac et Jonathan Fitoussi. Adrien Barrière, alias Silver Fox quand il passe derrière les platines ou à la curation de compilations, fait ainsi cohabiter au sein de son label tout un angle mort (mais bien vivant) des musiques underground françaises. Sa sélection est à son image, alternant morceaux cultes indés, nouveautés pointues et classiques de la musique électronique. Continuer la lecture de « Selectorama : Silver Fox (Camisole Records) »

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The Midnight Hour – L’heure bleue

Adrian Younge and Ali Shaheed Muhammad - The Midnight Hour
Adrian Younge and Ali Shaheed Muhammad – The Midnight Hour / Linear Labs

The Midnight Hour ou la rencontre de deux producteurs, Adrian Younge et Ali Shaheed Muhammad. Le premier, un analogue freak, fan de bon vieux psyché et de soul, dont les productions vont de la bande originale de Black Dynamite, film hommage à la Blaxploitation, aux derniers albums de Ghostface Killah. Le second, Ali Shaheed ou « Mr Mohammad », membre fondateur du groupe légendaire A Tribe Called Quest, mais aussi The Ummah (avec J Dilla & Q-Tip) ou encore Lucy Pearl (avec Raphael Saadiq et Dawn Robinson). Ses productions innovantes ont révolutionné le son hip-hop et ont influencé bon nombre d’artistes tels que D’Angelo, Erykah Badu, Yasiin Bey, The Roots ou bien Pharrell.
The Midnight Hour c’est une déclaration musicale, culturelle et politique mettant à l’honneur la musique noire américaine. Un voyage à travers la soul, le jazz et le hip-hop. Un album qui aurait pu être samplé par tous les groupes et artistes de l’âge d’or du hip-hop. Un album fait de classiques instantanés réunissant entre autres Cee Lo Green, Laetitia Sadier, Questlove
Rencontre avec Adrian Younge et Ali Shaheed à Manchester, lors du dernier concert de leur tournée européenne. Continuer la lecture de « The Midnight Hour – L’heure bleue »

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The Midnight Hour : Blue is the Colour

Adrian Younge and Ali Shaheed Muhammad / The Midnight Hour
Adrian Younge and Ali Shaheed Muhammad – The Midnight Hour / Linear Labs

The Midnight Hour is an encounter between two producers, Adrian Younge and Ali Shaheed Muhammad. The first is an analogue freak, a fan of good old soul and psychedelic music, whose productions range from the soundtrack of Black Dynamite – a tribute to Blaxpoitation –, to Ghostface Killah’s latest albums. The latter, Ali Shaheed, or “Mr Mohammad”, is a founding member of legendary band A Tribe Called Quest, but also The Ummah (with J Dilla & Q-Tip) as well as Lucy Pearl (with Raphael Saadiq and Dawn Robinson), whose innovative productions have revolutionized the hip-hop sound and influenced a number of performers such as D’Angelo, Erykah Badu, Yasiin Bey, The Roots or Pharrell.
The Midnight Hour is also a musical, cultural, and political declaration, which honours American Black music. A journey through soul, jazz and hip-hop. An album which could have been sampled by every band and performer of the Golden age of hip-hop, made up of instant classics combining, among others, Cee Lo Green, Laetitia Sadier, Questlove
An encounter with Adrian Younge and Ali Shaheed in Manchester, during the last concert of their European tour. Continuer la lecture de « The Midnight Hour : Blue is the Colour »

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Marie-Claire Buzy – Antistar 80

Marie-Claire Buzy
Marie-Claire Buzy

Bien sûr, il y a eu les tubes. Ceux que les décennies écoulées ont parfois relégué dans le cercueil des célébrations nostalgiques et qui tendent trop souvent à éclipser le reste d’une œuvre, à occulter même l’essentiel. Plutôt que de la réduire à ces quelques refrains, il serait sans doute plus équitable de commencer par évoquer ceux avec lesquels Marie-Claire Buzy a entretenu, au fil des quatre décennies d’une carrière à éclipse, des collaborations artistiques. Bashung, Gainsbourg, Darc, Manset : la liste est suffisamment éloquente pour prévenir d’emblée tous les ricanements et tous les procès en ringardise. Continuer la lecture de « Marie-Claire Buzy – Antistar 80 »

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Froth, Duress (Wichita Recordings)

Chaque semaine, je suis enthousiasmée par de nouvelles sorties et il me semble que le printemps qui s’achève a été, à ce niveau, plus fécond que jamais : Cate Le Bon, Vanishing Twin ou Crumb – pour ne citer qu’eux – ont chacun, avec une inventivité folle, rappelé comment l’on pouvait à la fois avoir des influences marquées et proposer une musique novatrice, totalement ancrée dans son époque. J’aimerais pouvoir écrire les raisons pour lesquelles ces albums ont été de tels coups de cœur, mais freinée par la peur de ne savoir leur faire honneur et le regret que l’exaltation soit une fièvre non-contagieuse, je préfère souvent parler de ​ces disques qui m’animent sans me passionner, ceux à propos desquels les avis contraires ne me causent pas d’éruptions cutanées. Froth sera l’exception à la règle puisque me voilà à tenter d’expliquer pourquoi Duress, dernier né du trio de Los Angeles emmené par Joo Joo Ashworth, représente tout ce que je peux espérer d’un groupe en 2019. Continuer la lecture de « Froth, Duress (Wichita Recordings) »