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Buck Meek : « Jouer de la guitare est instinctif et cathartique »

Buck Meek / Photo : Clément Chevrier
Buck Meek / Photo : Clément Chevrier

On avait rencontré Buck Meek à l’occasion de la sortie de son inépuisable et pourtant discret deuxième album, Two Saviors, discret quand on l’envisage à la mesure de l’audience que Big Thief draine désormais. Si le guitariste se met dans le groupe susmentionné au service des chansons d’Adrianne Lenker, des traces de son propre songwriting, à la fois sinueux et lentement, étonnamment évident, n’ont jamais cessé d’apparaître sur les disques de la formation. La dernière en date n’étant pas la moindre, le classique instantané et signé à quatre mains Certainty, sur le non moins instantané et non moins classique Dragon New Warm Mountain I Believe in You. Continuer la lecture de « Buck Meek : « Jouer de la guitare est instinctif et cathartique » »

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Au milieu, une rivière. 

L’immense Brian Eno sur scène hier soir pour sa première tournée en 50 ans de carrière solo.

Brian Eno and The Baltic Sea Orchestra /  Photo : Camille Rousseau
Brian Eno and The Baltic Sea Orchestra / Photo : Camille Rousseau

La musique de Brian Eno est une traversée permanente des idées, des sentiments, des apparences, du monde tel qu’il est perçu et vécu. Prise dans la pop et dans l’invention de l’ambient, elle déroule, 45 ou 50 ans après ses débuts, un entrelacs sonore qui n’a rien de nostalgique mais se déploie avec une acuité précise, élevant la façon d’entendre le monde. Ce soir à la Seine Musicale, salle qui semble hors de portée du monde, Eno a donné un concert avec grand orchestre, reprenant son album The Ship, narration chantée atmosphérique autour d’un récit marin, dont on peut tout ignorer mais qui s’impose subrepticement à vous.

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Selectorama : Emma Anderson

Emma Anderson
Emma Anderson

Tout commence par des remerciements. Des remerciements à la violoncelliste et arrangeuse Audrey Riley et au dénommé Robin Guthrie –oui, celui-là même qui était jadis l’une des trois têtes de l’hydre Cocteau Twins. Des remerciements pour avoir été parmi les tout premiers à faire comprendre à Emma Anderson qu’il fallait bien qu’un jour ou l’autre, elle fasse un pas en avant pour oser se retrouver sous la lumière même diffuse des projecteurs et chanter ses propres compositions – après les avoir laissées entre les cordes vocales de Miki Berenyi ou de Lisa O’Neil le temps de Sing-Sing (et d’ailleurs, vous me ferez penser à réhabiliter ces prochains jours le hit de poche que reste Feels Like Summer)… Après la fin en eau de boudin de la résurrection de Lush en 2016, elle s’est ainsi retrouvée avec des compositions et autres idées qu’elle avait destinées à son groupe de (presque) toujours. Continuer la lecture de « Selectorama : Emma Anderson »

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Fleur Bleu.e, Unrequited Love (Pan European Recording)

C’est toujours étonnant de se rendre compte que des gens qu’on ne connait pas vraiment nous connaissent suffisamment. Suffisamment pour se permettre de recommander un disque – et recommander un disque, c’est chose risquée quand la musique occupe depuis plusieurs décennies une place démesurée dans une vie. L’histoire commence donc par un message reçu sur les réseaux sociaux, message d’un ami “virtuel” avec lequel on échange depuis des années sans jamais s’être croisés – alors qu’il nous est arrivé de fréquenter les mêmes lieux, les mêmes concerts –, un ami virtuel nommé Frank G. qui écrit juste : “Je pense que tu devrais aimer”Continuer la lecture de « Fleur Bleu.e, Unrequited Love (Pan European Recording) »

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The The, le festin nu

The The
The The

Alors que le chef d’œuvre Soul Mining vient de fêter ses 40 ans et que la tête pensante de ce groupe au nom palindrome (enfin genre) a annoncé une tournée mondiale en 2024, intitulée Ensouled World Tour, l’occasion était parfaite pour retrouver la trace d’une rencontre new-yorkaise survenue pendant l’automne 1999 à New York. Alors sur le point de sortir l’album NakedSelf, l’insaisissable Matt Johnson, alias The The, confirmait avec brio qu’il s’inscrivait dans la lignée de ces quelques compatriotes musiciens – feu Mark Hollis, David Sylvian entre autres – qui ont tutoyé le succès presque malgré eux tout en suivant une destinée artistique d’une élégante intransigeance… Dans un numéro de la RPM parue en janvier 2000, voilà à peu près ce quon pouvait lire au sujet de Johnson et de ce disque-là. Continuer la lecture de « The The, le festin nu »

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Hit The North(ern soul)

La Northern Soul fête ses cinquante ans

Les danseurs du Wigan

50 ans. La Northern soul a 50 ans, plus jeune que moi, la saleté. Ce courant musical, ou plutôt cet état d’esprit bâti sur un empilement de 45 tours de raretés soul des années 1960, resta longtemps en France un clin d’œil élitiste entre ex-mods et ceux qui prenaient la peine de lire les crédits des morceaux de The Jam ou de Soft Cell. À en croire la BBC, “Le Wigan Casino a organisé sa première nuit blanche de Northern Soul le 23 septembre 1973. (…) Pendant huit ans, le club a été l’épicentre d’une sous-culture musicale improbable. Ces chansons soul à haute énergie – dont la plupart avaient été enregistrées par des artistes noirs américains, mais avaient échoué lors de leur sortie originale dans les années 1960 – ont été redécouvertes par des DJ à Wigan, Stoke et Blackpool. Ils ont fédéré une large base de fans anglais enthousiastes, qui ont développé leur propre danse très athlétique”.

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Selectorama : Rocketship

Rocketship
Rocketship

C’était en 1993, il y a 30 ans déjà. Dustin « Dusty » Reske, compositeur, parolier, guitariste et chanteur, s’associait à la claviériste Heidi Barney, à la bassiste Verna Brock et au batteur Jim Rivas pour donner naissance à Rocketship. De cette collaboration naîtra un an plus tard le mirifique single Hey Hey Girl, inestimable joyau indie pop, qui aura traversé les décennies sans perdre le moindre atome de sa fraîcheur. Et que dire de certains titres de la même époque, comme la merveilleuse I Don’t Know If I’ll Love You Tomorrow, dont on se demande toujours pourquoi elle n’a pas figuré sur un LP… Continuer la lecture de « Selectorama : Rocketship »

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John Douglas, s/t (Reveal)

Il y a les albums dont on guette la sortie avec une vigilance impatiente et ceux qui débarquent par surprise. Plus rares sont ceux que l’on découvre en éprouvant cette sensation étrange qu’ils viennent combler un manque diffus, un vide béant mais jusque-là dissimulé. Qu’ils répondent très précisément à une attente bien réelle que l’on n’avait pourtant jamais pris la peine de formuler explicitement. Le premier album solo de John Douglas est de ceux-là. On mentirait, en effet, en prétendant avoir vécu les premiers mois de 2023 dans l’espoir empressé de recevoir les nouvelles plus ou moins fraîches du guitariste de The Trash Can Sinatras. En dépit de toute l’admiration portée aux vétérans écossais et à leurs œuvres, on avait fini par se résigner au deuil ou plutôt à la seule contemplation épisodique et rétrospective d’une discographie qui s’était effilochée au long de trois décennies. Un dernier album en 2016, tout aussi réussi que ses prédécesseurs, mais qui avait achevé de nous convaincre qu’il n’y aurait plus que de l’émerveillement pour le passé et des regrets éternels. Continuer la lecture de « John Douglas, s/t (Reveal) »