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Ride, Tarantula (Creation, 1996)

L’amour pour un groupe de rock peut se mesurer à l’attachement que l’on porte aux disques ratés par ledit groupe. On a ainsi rapidement passé l’éponge pour Standing on the Shoulder of Giants d’Oasis (2000) car on se surprend à se dire que Go Let It Out était un single parfait. On se refuse d’oublier tous les disques de The Streets depuis Original Pirate Material et on commence à se dire que cela fait beaucoup. En 2023, Ride fait l’effort de ne pas tourner le dos à son passé. Le groupe d’Oxford a choisi, avec son label, de rééditer Carnival of Light (le toujours difficile troisième album, (1994) mais aussi Tarantula (1996), son album maudit qu’il a toujours rejeté. Et nous aussi. Continuer la lecture de « Ride, Tarantula (Creation, 1996) »

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Frédérique Sueur, Le temps mutile les talons (Undo Seat Belts / Rush Hour)

Salutation !Voici un lien vers le premier disque de Frédérique Sueur qui est sorti le 22 mai ( https://www.rushhour.nl/record/vinyl/le-temps-mutile-les-talons). J’ai tout de suite pensé à toi en l’écoutant. C’est un drôle de type ; je l’ai rencontré dans un parking de La Défense. Il joue les weekends au niveau -2 de Puteaux-La Défense, centre commercial Westfield. Je pourrais te parler de sa performance, qui vaut vraiment le détour, mais je préfère pas te spoiler ! Disons juste qu’elle atteste d’une démarche bien personnelle… et il commence à avoir un petit groupe de curieux qui viennent le voir.L’album, intitulé Le temps mutile les talons, est disponible chez Rush Hour, c’est produit par un petit label belge du nom d’Undo Seat Belts. Pour te donner une idée, le disque est hermétiquement cloisonné en deux parties, deux actes distincts au travers desquels se manifestent ses marottes. La face A, présente des chansons narratives d’où transparaît un goût pour les autofictions et la multiplicité d’identités à la Pessoa. La face B, quant à elle, est son véritable contrepied instrumental. Je dirais qu’elle est un exercice de style, un hommage aux musiques de film, et plus particulièrement au Giallo. Continuer la lecture de « Frédérique Sueur, Le temps mutile les talons (Undo Seat Belts / Rush Hour) »

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Dolly Mixture, Everything & More

Groupe culte (mais influent – ce ne sont pas les Wendy Darlings qui prétendront le contraire) des années charnières 1970 et 1980, le trio féminin Dolly Mixture compile aujourd’hui ses sessions pour la BBC sur vinyle, disponible sur le site officiel du groupe. L’occasion est donc trop belle pour ne pas revenir sur la parution du coffret CD paru en 2010, Everything & More…

De nos jours, c’est entré dans les mœurs : voir des jeunes femmes s’époumoner sur des mélodies à la fragilité assumée, tenir le bon tempo, plaquer l’accord parfait fait partie du lot quotidien – et on ne s’en plaindra pas. Elles sont même une ribambelle, ces filles qui voient la vie en rock, dans des formations intégralement féminines ou têtes pensantes de groupes mixtes. Elles composent, toisent, chantent, jouent leur répertoire de pop songs vitaminées, où se bousculent l’ingénuité de la scène C86, la sensualité de la soul et l’assurance de songwriters convaincus de leurs talents. Alors, quand les Dum Dum Girls et les Vivian Girls, Best Coast ou Air Waves tiennent le haut du pavé, déchargent leur électricité sur les ondes et les scènes du monde entier, il n’y a pratiquement plus personne pour ouvrir grands les yeux et rester estomaqués. Mais ça n’a pas toujours été le cas. Continuer la lecture de « Dolly Mixture, Everything & More »

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Stéphane Milochevitch, La bonne aventure (Talitres)

« J’ai enregistré ce CD
pour qu’un jour tu l’entendes par hasard
en coup de vent en coup d’un soir
en coup de poignard »

D’abord faire le deuil, celui de Thousand, entité floue aux deux albums sortis de nulle part, passionnant, touchant, en diptyque – passion critique rock , passion assemblage – du portrait en tissu (Le tunnel végétal, 2018) à celui en céramique (Au paradis, 2020), deux disques dont on ne s’est toujours pas remis, qui vieillissent avec nous tranquillement, avec deux trois écoutes mensuelles, des chansons qui jouent à prendre ou perdre des places dans notre top 50 mental (en ce moment l’obsession est portée sur Narval et Le bâton ivre). D’ailleurs, on attendait de pied ferme le troisième volet (le fameux triptyque, on sait aussi compter jusqu’à trois, ou un retable, tiens, si on pense aux obsessions spirituelles du chanteur), avec un portrait en coquillage, ou en statue de bois, on ne saura pas, peut-être qu’il viendra plus tard, ou jamais, peut-être qu’on le fantasmera et que ça sera mieux. On était prévenu, ceci dit, il y avait cette prédiction dans le dernier : « Appelle moi demain, demain Milochevitch ». On aurait dû comprendre, ce  message aux exégètes, cette annonce d’une fin et d’une résurrection. Continuer la lecture de « Stéphane Milochevitch, La bonne aventure (Talitres) »

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Selectorama : Pierre Rousseau

Pierre Rousseau / Photo : Charles Negre
Pierre Rousseau / Photo : Charles Negre

Auteur récent du très élégant Mémoire de forme, Pierre Rousseau élabore des mondes électroniques qui tiennent plus de l’architecture ou du travail plastique que de la pop, même si jamais n’est délaissée l’accroche mélodique : d’ailleurs, l’approche générale laisse place entière aux émotions, les plages dégageant une charge mélancolique évidente, éloignée d’une abstraction froide qui parfois guette ce genre d’initiative. Les rythmiques plutôt agitées mais douces ancrent les compositions dans une modernité toute actuelle, mais des traces d’utopies du passé résistent dans le fond, une époque de croyance en un futur où sciences et raison se marieraient pour le bonheur de tous : dirigeables lents et silencieux dérivant dans le ciel, champs de blé traversés par les aérotrains, exploration spatiale internationale, exploration intérieure aussi, en douceur grâce à de belles musiques fonctionnelles nous amenant à une extase des synapses. Un peu le résumé du programme de Mémoire de forme, en quelque sorte. Continuer la lecture de « Selectorama : Pierre Rousseau »

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Grand Drifter, Paradise Window (Subjangle)

Il n’aura pas fallu bien longtemps pour reconnaître en Andrea Calvo un semblable, presque un frère d’âme. En réalité, la vingtaine de minutes que dure ce troisième album publié sous un pseudonyme – Grand Drifter – évoquant à la fois la majesté et la dérive a amplement suffi. Un peu plus si on y ajoute le temps nécessaire pour remonter le cours de sa discographie et confirmer, en parcourant l’amont, l’enthousiasme éprouvé en ce début d’automne. En cinq années et une poignée de chansons, le songwriter piémontais est en effet parvenu à cultiver une bien jolie série de compositions classiques et gracieuses en des terres que l’on n’aurait pas forcément jugé propice à l’exercice. Le style et les références – celles qu’il avance sans fausse pudeur et celles qu’on croit discerner entre le silences – sont immédiatement familières – Belle And Sebastian, un peu ; Kings Of Convenience, beaucoup. Continuer la lecture de « Grand Drifter, Paradise Window (Subjangle) »

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V/A, Le Flash Boum! Beat (Platinum, 2023)

Depuis 2016, El Vidocq, Laurent Laffargue pour l’état civil, publie des compilations en s’inspirant de sa collection de 45 tours sur le label Jukebox Music Factory. Celui-ci est adossé à une structure bien connue de l’underground français : Platinum Records. En plus de compter un beau catalogue (Mujeres, Pack AD, Rubin Steiner, Bosco…), Platinum représente un pan de l’histoire de la musique électronique et de l’indie pop française depuis les années 90. Avant Platinum, il y avait en effet Aliénor Records, un label associatif fondé par trois personnes : Martial Solis (désormais, l’un des deux tauliers de Total Heaven), Vincent Brandao et donc Laurent Laffargue. Que ce soit à travers Aliénor ou Cornflake Zoo (autre label de la galaxie, fondé lui par Stéphane Teynié), les Bordelais ont écrit quelques beaux chapitres de l’histoire de la pop française souterraine (les Autres, Des Garçons Ordinaires, Lemon Curd) et internationale (les Espagnols de Penelope Trip). Continuer la lecture de « V/A, Le Flash Boum! Beat (Platinum, 2023) »

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Diagonale du vide, le nouveau Drunk Meat

Drunk Meat
Drunk Meat

En écoutant le premier morceau du second album des Drunk Meat, Diagonale Du Vide, on pourrait facilement imaginer être en Australie et que le groupe s’appellerait en fait Cuntz ou Cobwebbs. C’est le chant en français et le grain dégagé des amplis du duo Bordelais qui rappelle que les deux protagonistes sont du coin, comme leurs ancêtres The Magnetix et Avenue Z. Ici, une longue liste de choses qui reflètent la France des usines qui ferment et des centres bourgs qui se désertifient. Une ambiance morne et lancinante, une guitare swampy et bluesy qui transperce, une boîte à rythme réglée au cordeau qui rajoute de la noirceur au tableau déjà bien terne. Continuer la lecture de « Diagonale du vide, le nouveau Drunk Meat »