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Lhasa de Sela, Lhasa (Tôt ou Tard / Audiogram, 2009)

Lhasa de Sela
Lhasa de Sela / Photo : Ryan Morey

C’est une histoire qui pourrait sembler triste mais qui ne l’est pas.
Pas que.
C’est une histoire.
On y rencontre Bratsch et Tindersticks, on y rencontre pas mal d’amitié.s.
À ses bornes, on peut trouver deux vidéos, et c’est ainsi qu’elle peut être racontée, mais elle commence avant, on ne sait pas trop quand, et elle finit après, loin, on ne sait pas, on ne sait pas si elle finit.
On se contentera de ces bornes approximatives qui peuvent dire deux états des mondes, deux moments, ou ne rien dire de cela – les états des mondes, les états du monde – et dire tout autre chose – le monde n’est pas dans un état, tel ou tel, il est, il semble être, c’est bien suffisant. On a le droit d’y être triste, mais ce serait dommage de s’en tenir là.
Commençons par la fin. Continuer la lecture de « Lhasa de Sela, Lhasa (Tôt ou Tard / Audiogram, 2009) »

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Fontaine Wallace, Le Projet (Microcultures)

« Puis j’ai retrouvé Sophie, c’était vraiment bien »

De mon temps, Superflu représentait cette petite chose fragile dont il était aisé de moquer la littérature frontale d’étudiant, disons, pour aller vite, le spleen des jeunes gens français des années 90. Leur musique d’arpèges un peu tristes (le sentiment, pas la qualité) laissaient de glace surtout que l’école Lithium d’à côté – Superflu était signé sur le Village Vert – y allait fort question noirceur et engagement. Il y avait de la retenue alors qu’on se rêvait un peu plus bravache, il y avait du sentiment, alors qu’on se rêvait armé. Pourtant, quand je me suis retrouvé, j’avoue un peu par hasard, au concert du groupe de Nicolas Falez, j’en suis ressorti tout retourné, et même, un peu plus humble. Continuer la lecture de « Fontaine Wallace, Le Projet (Microcultures) »

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Daniel Wylie (Cosmic Rough Riders) : « J’ai l’impression que j’ai toujours su écrire des chansons. »

Daniel Wylie
Daniel Wylie

Il y a tous ceux qui commencent tôt et s’épuisent vite. On pourrait aussi recenser quelques exemples – plus rares, il est vrai – de débutants tardifs, qui conquièrent moins précocement une forme de reconnaissance associée à la maturité. Leonard Cohen bien sûr. Guy Chadwick aussi. Et puis, il y a Daniel Wylie. Classé hors-catégorie depuis presque trente ans, ce songwriter écossais ultra-doué n’est jamais vraiment rentré dans les cases de ces parcours balisés. Ces quelques mois de gloire, il les a connus à quarante ans, alors que le groupe dont il était le pilote principal et presque unique, Cosmic Rough Riders, signait sur l’éphémère label Poptones, lubie fin de siècle d’un Alan McGee sorti rincé de l’aventure Creation. Un hit – Revolution In The Summertime – et même un passage à Top Of The Pops à l’âge presque canonique où les superstars adolescentes sont déjà en préretraite. Un petit tour devant les projecteurs et puis c’est tout. Pour ce qui est de la notoriété, les plats ne sont passés qu’une seule fois. Pour ce qui est des chansons, il en va tout autrement. Depuis 2006, Wylie a construit à un rythme soutenu – un albums tous les deux ans environ – une œuvre d’une qualité exceptionnelle, où les références à ses idoles américaines de toujours (Neil Young, R.E.M. pour les plus évidentes) n’excluent jamais la recherche de tonalités plus personnelles. Figure discrète mais centrale de la scène musicale de Glasgow, il vient de publier Atoms And Energy et raconte quelques-uns des jalons d’une trajectoire musicale atypique et essentielle. Continuer la lecture de « Daniel Wylie (Cosmic Rough Riders) : « J’ai l’impression que j’ai toujours su écrire des chansons. » »

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Pandore – Lamia Ziadé, Female Species, Paul Verhoeven

Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine

Female Species
Female Species

J’ai toujours été fasciné par cette scène d’explosion dans le Zabriskie Point de Michelangelo Antonioni. La violence et son aspect soudain, le montage méticuleux d’Antonioni pour livrer chaque détail, chaque minuscule élément embarqués dans les flammes et ce final terrible. Je ne sais pas si Lamia Ziadé a pensé à ce film en apprenant la nouvelle de la dévastation du port de Beyrouth. Continuer la lecture de « Pandore – Lamia Ziadé, Female Species, Paul Verhoeven »

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Selectorama : Louis Forster, The Goon Sax

The Goon Sax
The Goon Sax

Il n’y a pas de loup sous le tapis, ni dans la bergerie. Ce genre de choses n’existe pas.
Si les formidables Goon Sax ont su nous étourdir dès leur premier album par les qualités de ce qu’on appelle faute de mieux “la pop” – paroles et musique –, le deuxième posait une question : y avait-il formule ? Les chansons étaient toujours formidables, mais des pointes d’arrangements délicieux de cordes soulignaient en creux la persistance de l’axe rustique-et-claudication. De quoi se demander avant l’écoute circonspecte de ce troisième album tout nouveau – nouveau label, nouveau producteur (John Parish), nouvelles vies et side-projects – si ça partirait enfin et dans la joie dans tous les sens, ou si on assisterait au nouvel épisode de la carrière d’un groupe toujours formidable, donc, mais un rien confortable.
Bonne nouvelle : ça part encore plus loin que dans tous les sens, les textes sont encore plus incroyables (quand ils ne sont pas en allemand), les mélodies s’étalonnent selon deux axes Kate Bush/Syd Barrett, entre le champêtre et l’urbain, le synthétique et le rustique, il y en a partout et pourtant tout est épuré : The Goon Sax a simplement beaucoup d’idées.
Et, à l’image de Mirror II, dont la pochette n’est pas sans évoquer une idée de Roxy Music, Louis Forster révèle dans son Selectorama à découvrir ci-après un éclectisme salvateur, capable de débusquer ce qui est chanson dans chaque recoin de musique. Continuer la lecture de « Selectorama : Louis Forster, The Goon Sax »

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Le nouvel album de Jaromil Sabor, « Mount Vision » (Howlin’ Banana Records / Permanent Freak / Safe In The Rain) en écoute exclu

Jaromil Sabor
Jaromil Sabor

En bon artisan pop, Jaromil Sabor définit depuis maintenant dix ans les contours d’une musique qui embrasse autant folk, pop baroque, indie rock, jangle pop, garage rock que twee pop. Il s’exprime dans tous les dialectes de la langue qu’il chérit, et façonne le résultat jusqu’au moindre arrangement et à la production. Mount Vision est tout cela, de belles chansons pop finement ciselées, où ses instruments s’invitent tour à tour : claviers, cordes, cuivres, percussions… Trois ans de pause n’auront pas été de trop pour finaliser ce nouvel album qui sortira ce vendredi 9 juillet chez Howlin’Banana, Permanent Freak et Safe In The Rain Records, avec une petite surprise en cerise sur le gâteau : une version vinyle illustrée par Inaniel Swims accompagnée d’un tarot divinatoire spécialement créé pour l’occasion.

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N0V3L, Non-Fiction (Meat Machine)

N0V3L, Non-Fiction (Meat Machine)Après NOVEL, EP de 8 morceaux, paru en 2019 chez Flemish Eye/Meat Machine, Le groupe/collectif canadien N0V3L publie enfin son véritable premier album, Non-Fiction (Meat Machine). Le groupe, issu de la riche scène de la Colombie Britannique / Vancouver partage plusieurs membres (Bryce Cloghesy, Jon Varley et Noah Varley) avec Crack Cloud. Si les deux formations embrassaient, à leurs débuts, cette même appétence pour un post-punk désarticulé, leurs destins semblent s’être éloignés avec la sortie de leurs albums respectifs. Pain Olympics était une tentative, pas toujours réussie, de s’écarter de cette matière première, tandis que Non-Fiction en revendique la filiation à travers tout son être. Continuer la lecture de « N0V3L, Non-Fiction (Meat Machine) »