Olivier Mellano, Brendan Perry, Bagad’Cesson, No Land (World Village/PIAS)

Olivier Mellano Brendan Perry Bagad’CessonD’abord, remercier Robin Guthrie. Sans l’ex-Cocteau Twins (et producteur de Ignite The Sevens Cannons (1985), de Felt), pas dit que Brendan Perry aurait rencontré Olivier Mellano. Lequel planchait déjà sur une pièce instrumentale pour un bagad… La suite a coulé de source entre le Rennais et l’ex-Dead Can Dance.
“We are the matter of everywhere, how can we be from somewhere?” interroge le stentor. No Land, c’est une réflexion sur les patries, les frontières… et leur disparition souhaitée. Un peu niais, ce message empreint d’idéalisme humaniste ? Moins que bâtir des murs bardés de barbelés pour se protéger de la misère du monde.

Cette œuvre tient de la triple mise en abyme. Car ici, ne traînent que des déracinés : l’Anglais Perry a grandi en Australie avant de s’installer en Irlande, puis en Bretagne. Mellano, lui, a papillonné dans tous les genres – croisé chez Miossec, Dominique A, Yann Tiersen ou encore Complot Bronswick et Psykick Lyrikah. Quant au Bagad’Cesson, relèverait-il de la musique traditionnelle bretonne ? Oui… et non, car ce type d’ensemble, copié sur le modèle écossais, n’est apparu qu’après-guerre dans la péninsule. En attendant, la rencontre de ces trois entités fournit matière à une pièce longue de près de trente-huit minutes – qui filent en un clin d’œil. Certains snobs évoqueront un disque difficile d’accès – ne les écoutez pas. Il suffit de se laisser porter. Par les tambours martiaux. Par les cornemuses délicieusement stridentes. Par les bombardes lancinantes. Par la basse profonde de Mellano et les chœurs sporadiques qui accompagnent le chant tellurique du voyageur britannique. Les fans du versant celte de Dead Can Dance ne seront pas dépaysés. Mine de rien, No Land s’inscrit dans l’héritage des défricheurs du coin qui, de Alan Stivell à Denez Prigent en passant par Roland Becker, se sont emparés de vieux instruments, de traditions ancestrales ou d’antiques idiomes pour les propulser vers un avenir en forme d’inconnu sans frontières. La geste discrètement héroïque de No Land est du même acabit.

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