John Moore, Knickerbocker Glory (The Germ Organization)

Cet homme-là a déjà vécu mille vies. Et je me demande bien pourquoi il n’a jusqu’alors jamais pris le temps de les raconter par écrit – note pour plus tard : lui poser un jour la question. Membre de The Jesus & Mary Chain à l’époque où ça avait vraiment de la gueule (Darklands, 1987), prêt à devenir Idol à la place de Billy le temps d’une carrière solo expéditive placée sous le signe du cuir noir, à la recherche de la rédemption sous un nom peu engageant (Revolution 9, quand même), éminence grise avec l’Auteur Luke Haines du trio mixte et caustique Black Box Recorder, importateur d’absinthe en Grande-Bretagne, ventriloque, père, peintre, dandy adepte d’une vie bohème : John Moore a été / est tout cela à la fois – je dois même oublier quelques lignes à ce CV extravagant.

Depuis 2004, l’homme publie en catimini des disques où il démontre à chaque fois qu’il est un sacré songwriter – le diptyque Floral Tributes / Lo-Fi Lullabies (2013) est à ce titre assez probant. Tout comme ce Knickerbocker Glory, paru en février dernier. Où il est question, pêle-mêle, de pop spectorienne (l’euphorisant Something about You Girl, offert dans une version reliftée, une première incarnation datant de 1989), d’accents morriconiens (Anne of a Thousand Days), de racket glam (Controlled Explosions). Lorsqu’il croone, comme sur Rabbit Hole, How Do You Turn a Friend into a Lover ou Girl from Reno, Moore tutoie jusqu’à l’intouchable Richard Hawley ; lorsqu’il rocke et rolle, le temps des quatre minutes de Philosophical Man, il est en pôle position pour devenir le Dorian Gray de la scène britannique. Car, de là à dire que ce vétéran de la chose indie (mais pas que) en remontre à plus d’un jeune apprenti, il n’y a bien sûr qu’un pas que je franchis allègrement. À vous de me l’emboîter. Ou non.

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