David Pajo, 1968 (Drag City, 2006)

David Pajo, 1968Pourquoi lui plutôt qu’un autre ? Peut-être pour les quelques souvenirs qu’il m’avait laissés ou bien parce que ce soir, je n’(en) attendais pas grand-chose si ce n’est des moments de beauté qui viendraient se glisser entre les silences. Pourquoi l’avoir acheté à l’époque d’ailleurs ? Sûrement la pochette et les quelques histoires que j’avais lu sur lui. Ou peut-être ces mots lus récemment – « ….simplicité qui donne de la profondeur. » – ces mots qui m’ont fait penser à Bark PsychosisHex (1994)- , SlintSpiderland (1991)-, puis qui m’ont donné envie de. Tout ça, ce ne sont que des questions qui ne méritent pas de réponses.

Il est donc là, ce disque. 1968. L’année de naissance de. Je ne me souvenais que de ce titre, Let it be me, une reprise de. Peut-être l’une des raisons qui a fait que. Les autres, un vague souvenir de chansons aux ailes brisées. A réécouter le disque des années plus tard, je me dis que les autres, ça serait plutôt l’autre, celle qui s’appelle Foolish King. C’est elle qui serait la chanson aux ailes brisées, celle qui sonne comme une chanson des Byrds mais sans les Byrds et qui se termine comme une chanson de. C’est ce qui me frappe d’ailleurs, sur les premiers titres, c’est qu’ils sonnent comme, mais sans. Elliott Smith sur Who’s That Knocking, The Beatles sur We Get Along Mostly et Prescription Blues. David Pajo, car c’est de lui qu’il s’agit, s’inscrit dans le pré­sent et dans un temps parallèle, les influences sont là mais il y a quelque chose – quoi ? – qui passe entre les notes, ce quelque chose qui me fait écouter – et redécouvrir – depuis des jours, ces dix chansons de manière obsessionnelle, ces dix chansons qui s’infiltrent et s’enveloppent dans mon quotidien, ce quotidien qui n’existe plus sans ce disque, 1968 et sans ce livre Le drap blanc de Céline Huyghebaert et cette phrase, page 44, comme une gifle – « Est-ce qu’on sait vraiment quand on aime si c’est pour les bonnes raisons, et de la bonne façon ? » – qui me fait dire : Aimer quelqu’un ou un disque, quelle différence ? Alors, 1968, je l’aime parce que chaque note, chaque son échappé de cette voix agit comme le signe d’une émo­tion au bord du mael­ström, je l’aime parce que j’y trouve une atmosphère qui m’emporte et me fait oublier tout le reste, je l’aime parce qu’Insomnia Song me fait penser à la lumière de l’aurore, ce gris-rose pâle qui me fascine, je l’aime parce que Walk Through The Dark est entrée dans mon panthéon des chansons qui aident à vivre. Mais tout ça, qui n’est pas grand-chose, peut-on dire que ce sont les bonnes raisons et est-ce la bonne façon d’aimer 1968 ? Pourquoi ne pas se dire tout simplement que ce disque empreint de simplicité, ce disque envoûtant prouve en dix chansons, que dans la musique comme dans la vie, il n’y a rien de secret, rien à élucider, il n’y a qu’à vivre – et à écouter -.

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