Connan Mockasin, Jassbusters (Mexican Summer)

Personnage atypique de la galaxie pop moderne, Connan Mockasin, véritable globe-trotter résidant depuis peu à Tokyo et dorénavant signé sur le label américain Mexican Summer, signe avec Jassbusters un quatrième album conceptuel à son image, une bande-son fantasque qui accompagne un moyen métrage, réalisé par ses propres soins, intitulé Bostyn ‘n Dobsyn. L’histoire d’un groupe de professeurs de lycée emmené par un certain Mr Bostyn, guitariste vieillissant, dont le rôle serait assuré par le néo-zélandais lui-même. Sans préjuger des qualités cinéphiles de l’objet – des concerts/projections sont prévus pour présenter la chose – les huit plages qui constituent le disque ont en tout cas été enregistrées en une semaine, dans des conditions proches du live, ce qui s’entend. Les ambiances, moites, sensuelles, sont certes dans la droite lignée du précédent Lp, l’inépuisable Caramel (2013). Mais là où le prédécesseur développait une construction minutieuse et ambitieuse qui plongeait, les minutes passant, l’auditeur dans une torpeur délicieusement moelleuse et hypnotique, Jassbusters ne se hisse hélas presque jamais au-dessus du niveau de la jam-session entre musiciens qui s’écoutent un peu trop jouer. Preuve en est, l’introductif Charlotte’s Thong, longue plage quasi-instrumentale de neuf minutes qui, même en déroulant les arpèges lancinants si caractéristiques du jeu de guitare du néo-zélandais sur une rythmique neurasthénique en sous-régime, ne parvient au final qu’à distiller un ennui raffiné et élégant, c’est dire que le garçon a tout de même du style. La suite, du même acabit, s’écoute, non sans déplaisir, mais sans réelle ferveur, ne constituant au final pas plus que ce qu’elle est censée être, la bande son accompagnant un film. Dans ce contexte, reconnaissons cependant ce que la musique de Connan Mockasin a de cinématographique et que si son auteur n’avait pas déjà deux chefs d’œuvre absolus à son actif (le précité Caramel mais également le plus facétieux Forever Dolphin Love, 2011), ce disque, un rien paresseux et décousu, recueillerait néanmoins de chaleureux encouragements.

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