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Pole – Le temps distordu

Figure tutélaire du genre dubtronica, Pole vient présenter son LP « Tempus » au Festival BBMix ce week-end.

Stefan Betke / Pole
Stefan Betke / Pole

Tempus (Mute records), nouvel album de l’allemand Stefan Betke et de son projet principal Pole, creuse un sillon inauguré il y a plus d’une vingtaine d’années avec sa fameuse trilogie Pole 1, 2 et 3. Une dubtronica abstraite et froide, conceptuelle et expérimentale, qui est assurément l’une des aventures esthétiques les plus passionnantes de la scène électronique allemande contemporaine. Nous avons pu rencontrer Stefan Betke à l’occasion de son passage au festival BBMix le 26 novembre, et évoquer avec lui une œuvre aussi fascinante qu’indispensable. Continuer la lecture de « Pole – Le temps distordu »

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That Petrol Emotion – Plein de super

That Petrol Emotion (photo : Andy Catlin)
That Petrol Emotion  / Photo : Andy Catlin

En général, on hésite. On vacille un moment entre les impulsions du cœur et les réticences de la raison. À quoi bon investir dans ces copieuses rétrospectives, dans tous ces coffrets dont l’acquisition, à chaque fois ou presque, s’accompagne, au mieux, du sentiment coupable d’encombrer les étagères de supports musicaux que l’on possède déjà et dont on connaît les moindres détails et, au pire, de la sensation cruelle que la réalité de la réécoute n’est pas forcément à la hauteur des souvenirs plus ou moins précis de la découverte. Il y a heureusement des exceptions. Every Beginning Has A Future, l’intégrale des cinq albums de That Petrol Emotion accompagnée de son lot pas si dispensable de faces B, d’inédits et de versions live sort donc au mois de novembre et, inflation ou pas, on devine déjà que le craquage consumériste sera gratifiant. Continuer la lecture de « That Petrol Emotion – Plein de super »

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EggS, l’indie next door

Brillant premier album pour le quatuor nord parisien devenu septette

Eggs
Eggs / Photo : Jules Vandale

Il aura pris son temps pour arriver à terme, mais il est enfin là. A Glitter Year, premier et excellent album de EggS est sorti ce vendredi 4 novembre sur Howlin Banana, Safe In The Rain et Prefect Records chez nos amis d’outre-Manche (et en édition limitée chez Rough Trade), on y reviendra d’ailleurs dans peu de temps. En attendant, rencontre avec Charles, Léo, Manolo et Rémi pour discuter fanzinat et héros locaux, musique de copains et références obscures, autour d’une ou deux Super Bock. Continuer la lecture de « EggS, l’indie next door »

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The Delines – On dirait le Sud

The Delines
The Delines / Photo : Jason Quigley

Avant, il y avait Richmond Fontaine. Ce groupe que j’avais essayé d’aimer, brièvement et vainement, à la fin des années 2000. Comme avec quelques autres – The Hold Steady, Drive-By Truckers – les louanges de la presse anglaise, Mojo et Uncut en tête, avaient suffi pour me donner l’envie de tenter l’expérience et pour acquérir ces albums sur la foi de critiques dithyrambiques. Des disques que je ne retrouve plus sur les étagères encombrées – jamais un très bon signe – et qui ont dû finir dans une cave ou sur les rayons d’occasion de Gibert. Une première rencontre avec l’Amérique de Willy Vlautin globalement manquée, donc. Les souvenirs en sont vagues mais les raisons demeurent : une forme musicale qui charriait encore quelques poncifs country un peu trop virils pour mon goût de l’époque ; du rock littéraire, peut-être bavard. Continuer la lecture de « The Delines – On dirait le Sud »

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Beth Orton : « Pour la première fois, j’ai laissé mon égo s’exprimer »

Beth Orton
Beth Orton

Il aura fallu attendre presque trente ans pour que Beth Orton sorte un album dont elle soit fière. Si l’on considère souvent que Trailer Park et Central Reservation sont les sommets de sa discographie, Weather Alive remet les compteurs à zéro avec des chansons qui ont failli mettre fin à sa carrière. Son précédent label, Anti-, ayant cassé son contrat, la sensibilité et les insécurités déjà bien présentes d’Orton se sont retrouvées accentuées. De cette période de doute, Beth Orton a su tirer le meilleur, décidant de terminer l’album seule, en imposant sa vision. Cette liberté se ressent tout au long des huit titres qui, s’ils ne transpirent pas la joie de vivre, empruntent des directions inédites, toujours centrées autour d’un piano. Alternant entre le contrôle et des semblants d’improvisations, Weather Alive est plus axé sur les émotions que sur la perfection. Il tire d’ailleurs sa puissance de sa fragilité ouvertement affichée. Cette fragilité se retrouve également dans l’entretien sans filtre que Beth Orton nous a accordé dans une brasserie du onzième arrondissement de Paris, un jour de canicule, lors d’un break de sa tournée avec Alanis Morissette. N’hésitant pas à aborder des sujets personnels, elle parle en détail du parcours qui l’a amenée à produire Weather Alive, que beaucoup considèrent déjà comme le sommet de sa carrière. Continuer la lecture de « Beth Orton : « Pour la première fois, j’ai laissé mon égo s’exprimer » »

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David Christian :  » Je ne voulais pas sortir un album punk rock »

David Christian
David Christian

Nous avons déjà clamé haut et fort notre amour pour For Those We Met On The Way, premier album solo de David Christian & The Pinecone Orchestra. La cinquantaine passée et échappé de Comet Gain, Christian a décidé d’assumer pleinement son ambition de singer-songwriter sur ce bijou de pop acoustique et harmonique. Ayant quitté Londres pour s’installer dans la campagne française, toutes les conditions étaient réunies pour enregistrer un album plus personnel que jamais à la mélancolie contagieuse. Nous vous mettons au défi de ne pas considérer Goodbye Teenage Blue ou When I Called Their Names They’d Faded Away comme des classiques instantanés sur lesquels le temps n’aura aucune prise. Après une date annulée à Paris il y a quelques mois, David Christian sera de passage ce soir, le jeudi 22 septembre dans le cadre du Paris Popfest. Profitez-en, il se fait rare en concert. C’est dans le cadre de sa prochaine venue que nous avons échangé sur ce premier album solo, sa nouvelle vie, ses futurs projets, sa collection de disques et ses premiers amours musicaux. Continuer la lecture de « David Christian :  » Je ne voulais pas sortir un album punk rock » »

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Martin Dupont, revenants de la Cold Wave

Martin Dupont
Martin Dupont

Le choc. Il existe donc en France un groupe qui a ouvert pour The Lotus Eaters et Siouxsie and the Banshees, qui a publié des disques à l’esthétique parfaite d’un niveau insoupçonnable… Et nous le savions pas. Les Martin Dupont, car c’est bien d’eux dont il est question aujourd’hui, ont posé quelques jalons de 1984 à 1987 et n’ont pas sombré dans l’oubli. En effet, écouter Love on my Side une fois, c’est tomber dans le piège tendu par les claviers d’Alain Seghir. Et c’est ainsi pour quasiment toutes les chansons de ce groupe de Marseille qui a le mérite de glacer le sang de la Canebière. Car au final, quel est le meilleur remède contre le réchauffement climatique ? Les refrains d’outre-tombe de ce groupe au nom totalement improbable.
La musique de Seghir n’a jamais sombré dans l’oubli grâce à ses fans, à Agnès B et au label Minimal Wave qui travaille la discographie du groupe. Elle va même revenir sur scène en 2023 et voir de nouveaux morceaux arriver grâce à un album. Un nouveau choc en approche. Continuer la lecture de « Martin Dupont, revenants de la Cold Wave »

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Anton Newcombe : « Je ne suis pas une personne sentimentale. »

Anton Newcombe
Anton Newcombe – The Brian Jonestown Massacre  / Photo : Thomas Girard

Nous sommes en juin, dans la cour du Chabada d’Angers pour le festival Levitation France. Il est environ minuit, la deuxième soirée de concerts se termine lorsque je reçois la nouvelle par email : interview avec Anton Newcombe demain à 14h30, à prendre ou à laisser. L’emblématique leader de The Brian Jonestown Massacre vient tout juste de rendre réponse. Je m’en veux de ne pas avoir anticipé, d’avoir mis de côté cette demande un peu ambitieuse lancée des semaines plus tôt ; évidemment que ça se passe comme ça avec Anton Newcombe, la veille à minuit. Difficile de résumer en quelques lignes ce que représente The Brian Jonestown Massacre pour tous ceux qui, ce soir-là, portent au poignet le bracelet d’un festival comme celui-ci ; pour la plupart des amateurs de rock indépendant rencontrés au cours de ma vie d’adulte d’ailleurs. Anton Newcombe, c’est le seul membre permanent depuis 1990, et celui sur qui tout repose depuis le départ de l’autre esprit du groupe, Matt Hollywood, il y a vingt ans. C’est celui qui parle de son dix-neuvième album l’après-midi et chante les titres des deux prochains à venir le soir, en vociférant, fidèle à la réputation explosive que Dig! lui a forgée au début des années 2000 : « J’en ai rien à foutre que vous ne connaissiez pas ces chansons, moi je sais ce qu’elles valent ». Anton Newcombe, c’est bien plus que tout ça, alors ma réponse ne s’est pas faite attendre : « 14h30, c’est ok pour moi ».  Continuer la lecture de « Anton Newcombe : « Je ne suis pas une personne sentimentale. » »