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Matt Low – La Ruée vers l’or

Matt Low
Matt Low / Photo : Louise Courtial

S’il y a trois ou cinq personnes dont je suis proche dans la musique, Matt en fait partie.
Avant de le rencontrer, j’enregistrais des bizarreries sur un huit-pistes et je faisais des relevés de toutes les parties de toutes les chansons que j’aimais. Après échange de riffs de Think Tank contre riffs de Neil Young autour d’une bouteille de vodka sifflée à deux, on a filé dans la nuit de 2003 pour conquérir le monde les années suivantes, approximativement. Continuer la lecture de « Matt Low – La Ruée vers l’or »

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Boards Of Canada : Les moissons du ciel

Hell Interface
Boards of Canada

Sans nouvelles des écossais depuis Tomorrow’s Harvest en 2013, date de cette rare interview donnée par les frères de Boards Of Canada, généralement peu friands des média, on espère toujours entendre un nouvel album en provenance de leurs studios isolés à la campagne. Sept ans s’étaient écoulés entre le lumineux The Campfire Headphase (2005) et cet album plus tortueux, il n’est donc pas utopique d’espérer encore. En attendant, voici un état des lieux de leur création à l’époque de la sortie du dernier disque en date.


Marcus Eoin et Mike Sandison auront beau le nier, ils sont très soucieux de la manière dont le public perçoit leur musique. Il n’y a absolument rien de méprisable à cela, bien au contraire. S’il avait pu, Stanley Kubrick aurait repeint lui-même les salles de cinéma qu’il n’estimait pas assez obscures pour projeter ses films. Pour Boards Of Canada, c’est un peu la même chose. Bon, d’accord, ils ne viendront pas régler eux-mêmes l’équaliseur de votre chaine hi-fi ou changer la disposition de vos enceintes audiophiles, mais ils prennent soin de tous les détails, de l’enregistrement jusqu’à la promotion. Continuer la lecture de « Boards Of Canada : Les moissons du ciel »

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Cathal Coughlan : « C’est ma conclusion provisoire. »

Cathal Coughlan
Cathal Coughlan

A l’échelle de notre petit monde, c’est un événement qu’il convient donc de célébrer avec la considération qu’il mérite. Demeuré presque entièrement silencieux depuis dix ans, Cathal Coughlan renoue enfin le fil d’un discours musical original et cohérent, trop longtemps interrompu. Song Of Co-Aklan (Dimple Discs) confirme brillamment les dons uniques de l’ancien leader de Microdisney et The Fatima Mansions. On y retrouve cette pop à deux visages, entre rage lyrique à peine contenue et compositions mélancoliques immédiatement mémorables. Ce talent singulier, c’est l’un de ses collaborateurs et amis – François Ribac – qui a accepté d’en retracer quelques-uns des contours. Avant que le principal intéressé ne consente lui-même à un petit moment d’introspection partagée pour une interview plus classique. Continuer la lecture de « Cathal Coughlan : « C’est ma conclusion provisoire. » »

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Shack, une histoire vraie

Alors que la si chic structure anglo-française Violette Records fête aujourd’hui ses huit ans et un jour – et que sa naissance est intimement liée à ce garçon dont la carrière aura été aussi chaotique que la vie – et qu’hier, ce site a mis à l’honneur cette scène tout juste incroyable du Liverpool des années 1980 – où a grandi The Pale Fountains –, il était impensable de ne pas se souvenir qu’en 1999, à la sortie du troisième album de Shack, Michael Head a failli être reconnu à sa juste valeur : le songwriter le plus doué de sa génération – voire bien plus, si affinités. Continuer la lecture de « Shack, une histoire vraie »

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Dix-neuf ans après – Tim Keegan et Departure Lounge

Retour des anglais avec « Transmeridian », un nouvel album chez Violette Records

Departure Lounge
Departure Lounge

Quatre années d’activité et autant de traces discographiques – si on ajoute aux trois albums signés par le groupe Long Distance Information (1998), attribué à Tim Keegan & The Homer Lounge – et puis plus rien. Une trajectoire fulgurante et éphémère suivi d’une longue éclipse. Trop longue en tous cas pour tous ceux qui, au tournant des deux siècles, avaient découvert avec Departure Lounge une tentative, bien plus aboutie que chez la plupart de ses concurrents d’alors, pour célébrer la fusion entre le songwriting classique de l’indie-pop et les sonorités modernes des musiques électroniques. De temps en temps, on pouvait encore se consoler en entrevoyant les lueurs, intermittentes mais toujours étincelantes, du talent de Tim Keegan – deux albums solo, un par décennie, en 2007 et 2015. Juste de quoi entretenir la flamme du souvenir. Pour l’espoir, franchement, on n’y croyait plus vraiment. Continuer la lecture de « Dix-neuf ans après – Tim Keegan et Departure Lounge »

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Jane Weaver : « J’ai rendu hommage à la pop de mon adolescence. »

Jane Weaver
Jane Weaver / Photo : Rebecca Lupton

Avec Flock, son album le plus pop à ce jour, Jane Weaver va certainement conquérir un nouveau public. On parle même d’un classement dans le top 10 en Angleterre au moment où cette interview est retranscrite. Ce qui ne signifie pas qu’elle en a fini avec les expérimentations. Comme pour beaucoup avant elle, essayer de trouver un format pop sans renier pour autant son ADN n’a pas été des plus simples à réaliser. On imagine aisément à quel point le doute et les incertitudes ont été présents pendant les trois années qu’il lui a fallu pour réaliser ce projet. On ne la remerciera jamais suffisamment d’avoir persévéré car Flock est un grand disque de pop expérimentale. Comparer Flock avec ses œuvres passées serait une erreur. Si Jane Weaver ne s’éloigne pas radicalement de sa zone de confort avec ses synthés analogues, un zeste de free jazz ou de krautrock, l’ensemble s’ouvre au glam, à la dance dans un format catchy qui peut surprendre. Pourtant nous avons l’impression de rester en territoire connu, avec des chansons intelligentes, réfléchies, mais dans un format plus court. Que les plus sceptiques se rassurent, l’indie police ne sonnera pas à votre porte si vous posez l’album sur votre platine. L’entretien que Jane Weaver a accordé à Section26 est à l’image de la diversité de Flock, elle y évoque des sujets aussi variés que son envie de s’éloigner du space rock, qu’un séjour glauque à Carnac pour écrire ses paroles ou encore son amour pour l’album Reign In Blood de Slayer. Continuer la lecture de « Jane Weaver : « J’ai rendu hommage à la pop de mon adolescence. » »

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De l’europop française aux débuts de la house

Born Bad Records explore les prémices de la house française version top 50 dans une compilation, « Dynam’hit »

Fred de Fred
Fred de Fred à Sheffield, au début des années 90.

Les dix titres de la compilation publiée par Born Bad Records témoignent d’une hybridation unique et méconnue entre la house naissante et la variété pop à la française. Musicalement amusant, historiquement passionnant.
Dynam'hitC’était il y a 30 ans. Quelques poussières à l’échelle de l’humanité, une éternité dans le cycle des musiques électroniques. La France l’ignore mais elle sera bientôt l’épicentre de l’électro planétaire. En cette première moitié de la décennie 90, les futurs Daft Punk font encore leurs armes dans un groupe d’indie rock. La vague french pop poursuit sa percée (Daho, Les Rita Mitsouko, Lio, Niagara…) mais le pays subit encore l’héritage de la variété à la Drucker et de ses poids lourds balourds. La liberté telle qu’on la connait aujourd’hui se gagne ici, dans une émancipation de la bonne vieille chanson et une digestion des innovations débarquées de l’étranger, cruciales pour débroussailler de nouvelles voies. C’est à cet improbable carrefour que se sont croisés les dix titres réunis sur la compilation Dynam’Hit que publie ce mois-ci le label Born Bad Records. Ils ne dessinent en aucun cas une scène mais des projets disparates, entre dance de boite de nuit tournant la page disco et ébauches de maquettes en 3D pour la french touch à venir. Continuer la lecture de « De l’europop française aux débuts de la house »

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Au commencement…

C’est le 6e arrondissement de Paris. À l’ombre du Panthéon. C’est un disquaire indépendant, un samedi après-midi, un été indien comme tant d’autres, des clients qui viennent, flâner, écouter des nouveautés (et parfois quelques classiques), boire un café. C’est l’automne 1992 et deux d’entre eux ont des têtes de vrais gamins, à tel point qu’ils ne font même pas les 17 et 18 ans que leur prête l’état civil. Quelques mois plus tôt, en février, ils ont piqué un titre d’une chanson des Beach Boys pour former un groupe. Ils ont un album de chevet, c’est Screamadelica de Primal Scream, sorti l’année d’avant. Mais pas que. Ils parlent de Pierre Étoile, de Urge Overkill, du MC5, d’Andy Weatherall. Ils ont donné un concert surréaliste en banlieue – je crois que c’était à Anthony, mais je n’en suis plus sûr, pour lequel ils avaient peint des étoiles sur leurs joues. Avant cela je crois, je me souviens de l’un d’entre eux, assis sur le bord de la scène, qui avait pleuré pendant toute la prestation touchée par la grâce du revenant Arthur Lee, à l’Européen de Paris. Ils ont trouvé en la personne de Daniel Dauxerre, disquaire, mélomane et érudit, alors bassiste de Colm et collaborateur du fanzine magic mushroom, un manager enthousiaste – et entre nous, on le serait à moins. Alors quand le journal a décidé de faire un état des lieux de la scène d’ici, il était impensable de ne pas évoquer ces jeunes gens, dont la démo venait de séduire Tim Gane et Laetitia Sadier de Stereolab, qui avaient retenu deux titres pour un double 45 tours dont personne ne pouvait prédire l’importance historique (et qui paraitra au printemps 1993). Aussi timides qu’enthousiastes, ils avaient alors répondu à ces quelques questions…